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Situation nationale : Vrai covid-là, c’est le terrorisme

 

Cette fois, c’était à Pama. Les habitants sont sortis par centaines pour crier leur ras-le-bol  et demander aux autorités, qu’à défaut de les protéger, on leur donne les armes pour assurer leur propre sécurité.

 

 

La semaine dernière, le 26 mai, c’est à  Fada même, le chef-lieu de la province du Gourma et de la région de l’Est, que des ressortissants de Tanwalbougou et de villages environnants ont marché pour les mêmes raisons.

 

La manifestation de Pama intervient après un weekend d’horreur au cours duquel des dizaines de paisibles citoyens ont été froidement liquidés au marché de bétail de Kompienbiga, transformé pour ainsi dire en véritable boucherie.

 

Combien sont exactement tombés sous les balles assassines ce 30 mai ? 25 selon les chiffres officiels fournis notamment par le gouverneur de la région. Beaucoup plus si l’on en croit d’autres sources, qui parlent d’une quarantaine, voire d’une cinquantaine, de suppliciés.

 

Autre lieu, même drame, au Centre-Nord un convoi humanitaire de la Croix- Rouge est tombé dans une embuscade tendue sur l’axe Foubé-Barsalogho par la même vermine. Bilan : une quinzaine de morts, militaires, civils et volontaires et de nombreux blessés.

 

De quoi donner le tournis à des populations totalement désemparées qui ne savent plus à quel protecteur se vouer puisqu’elles semblent laissées à elles-mêmes par un Etat manifestement impuissant, incapable de les protéger. Leur colère, exprimée à Fada, à Pama ou ailleurs est légitime. N’est-ce pas  le premier devoir d’un Etat que de protéger ses citoyens ? Et s’il en est incapable, il ne mérite même pas cette appellation.

 

Certes, le caractère asymétrique de cette sale guerre que nous subissons depuis cinq interminables années rend particulièrement difficile le travail de nos Forces de défense et de sécurité (FDS), mais c’est parfois à se demander si l’asymétrie n’a pas bon dos, pour reprendre le titre d’un de nos éditoriaux d’il y a quelques mois. Qu’est-ce qui ne va pas concrètement ?

 

-Y aurait-il des querelles de personnes, pour ne pas dire d’ego au niveau de la hiérarchie politique et militaire ?

 

-Le problème des moyens matériels dont on a toujours parlé est-il toujours aussi prégnant ?

 

-Y aurait-il un défaut d’engagement des soldats sur le front ou un problème de motivation de la troupe ?

 

-Nos renseignements sont-ils vraiment à la hauteur de l’enjeu ?

 

On pourrait multiplier à l’infini les interrogations  sur cette situation incompréhensible, voire inacceptable, qui fait dire à juste titre que la vraie covid, c’est le terrorisme,dans la mesure où il tue plus que la pandémie tant redoutée et que des pans entiers de notre territoire échappent à tout contrôle, les nombreux groupes terroristes s’étant sanctuarisés par endroits et se payant sur la bête.

 

Et pendant ce temps, certains semblent plus préoccupés par les élections qui sont censées avoir lieu dans six mois. C’est à se demander comment une campagne électorale digne de ce nom et un vote conséquent pourraient  se tenir dans ces zones de non-droit.

 

Et comme si tout cela ne suffisait pas, des considérations ethniques et communautaires s’y greffent, rendant encore plus explosif, un environnement sociopolitique où la cohésion sociale et le vivre-ensemble s’effritent un peu plus chaque jour.

 

C’est à croire que les dieux du Burkina sont tombés sur nos pauvres têtes.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemercredi, 03 juin 2020 22:22

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