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Procès Lamine Diack : L’ultime épreuve d’un ex-champion

 

C’est un drôle de cadeau d’anniversaire qui a été offert à Lamine Diack. 24h seulement après avoir soufflé sa 87e bougie, celui qui est né le 7 juin 1933 à Dakar comparaissait en effet hier lundi 8 juin devant le tribunal correctionnel de Paris.

 

 

L’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et cinq autres personnes dont son fils Papa Massata Diack, jugé par contumace, sont en effet accusés d’avoir organisé au début des années 2010 un vaste système de corruption sur fond de dopage. Plus précisément, la justice française leur reproche des faits d’abus de confiance, de corruption et de blanchiment en bande organisée.

 

Entre autres griefs retenus contre l’octogénaire, la couverture d’une vingtaine d’athlètes russes dopés, en échange de pots-de-vin consistants dont une partie aurait servi à financer la campagne électorale de l’opposition sénégalaise en 2012 contre Abdoulaye Wade. Ce qu’il avait d’ailleurs reconnu en 2015 devant les enquêteurs avant de se rétracter. On lui reproche également le choix contesté de Doha au Qatar pour accueillir les mondiaux d’athlétisme de 2019.

 

Triste fin de parcours à la fois terrestre et sportive  donc pour cet ancien grand champion qui sort ainsi du stade sous les lazzis.

 

Celui qui est aujourd’hui dans le box des accusés fut en effet un athlète de haut niveau, d’abord en saut en longueur dont il fut notamment champion de France en 1958 avec un saut de 7, 63 m. L’année d’après, en 1959, il est champion  universitaire de France  avec 7,72m.

 

Ce sportif complet fut également joueur de football, directeur technique national du Sénégal entre 1964 et 1968 avant de présider le comité national olympique sénégalais de 1985 à 2002. Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et au Sport, maire de Dakar, député, c’est en 1999 qu’il connaîtra la consécration internationale en se faisant élire à la tête de l’IAAF. Il sera reconduit à ce poste en 2011.

 

Puis viendront les ennuis judiciaires, les soupçons de corruption, les accusations de népotisme qui valent au vieil homme d’être  traîné aujourd’hui à la barre. Certains auraient d’ailleurs tort de penser que c’est parce qu’il est Noir et Africain que Lamine Diack est appelé à  rendre des comptes à la justice, car il n’aurait pas été Noir et Africain que rien n’aurait changé.

 

L’issue de ce procès tant attendu nous dira sans doute si l’incriminé est coupable de tout ce dont on l’accable. Mais quoi qu’il en soit, ce jugement est aussi celui d’une forme de ploutocratie  qui gangrène le sport de haut niveau, toutes disciplines confondues. Les enjeux politiques et financiers sont devenus tels que c’est souvent la porte ouverte à toutes les manigances et aux  arrangements les plus ignobles.

 

Aujourd’hui, c’est l’athlétisme qui est sur la piste judiciaire, hier, c’était le football où, de la FIFA à l’UEFA en passant par la CAF et les fédérations nationales, les dirigeants ont constamment trempé les babines  dans la soupe infecte de la corruption, en toute impunité, si on ne tient pas compte du procès en 2016 intenté par la justice américaine contre des responsables de la FIFA.

 

Pas plus tard qu’il y a quelques mois, le président de la CAF Ahmad Ahmad était suspecté d’indélicatesse alors que c’étaient  les mêmes raisons qui avaient contribué à faire partir son prédécesseur, le Camerounais Issa Hayatou.

 

On ne sait trop qui pourra véritablement apporter un supplément de vertu à ce milieu  totalement gangréné et où, pour quelques dollars ou roubles, on foule aux pieds les valeurs sportives.

 

Hugues Richard Sama

 

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