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4 ans requis contre Lamine Diack: La descente aux enfers d’un ancien dieu des stades

Lamine Diack sera bientôt fixé sur son sort, mais il en a déjà un aperçu : hier le parquet national financier de Paris a en effet requis quatre ans de prison et une amende de 500 000 €, soit la peine maximum contre l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Mis en examen en 2015 par la justice française, son procès s’est ouvert le 8 juin 2020. Il comparaît avec cinq autres coaccusés dont son fils Papa Massata Diack pour avoir organisé au début des années 2010 un vaste système de corruption sur fond de dopage. L’accusé vedette aurait notamment couvert une vingtaine d’athlètes russes dopés en échange de pots de vin royaux. On lui reproche également le choix contesté de Doha pour accueillir les mondiaux d’athlétisme en 2019. Abus de confiance, corruption et blanchiment d’argent en bande organisée, tels sont principalement les chefs d’inculpation qui pèsent sur les épaules du vieil homme de 87 ans. Et voila qu’au crépuscule de sa vie, le presque nonagénaire sort sous les lazzis du stade dont il fut pourtant, pendant de longues décennies, un des dieux, aussi bien sur le tartan que dans la loge officielle.

Contre son fils, jugé pat contumace puisque « confiné » à Dakar, le parquet a demandé la même condamnation pécuniaire assortie d’une peine de prison de 5 ans. Et un mandat d’arrêt international a été émis à son encontre

On ne sait pas si le tribunal va suivre le ministère public dans ses réquisitions, mais quand bien même la sanction pénale serait allégée, elle resterait malgré tout une tache sombre sur le brillant parcours de ce sportif polyvalent et   homme politique érigé en héros totémique dans son Sénégal natal. Un homme qui, comme la femme de César, ne peut qu’être au-dessus de tout soupçon. Ce qu’il n’a malheureusement pas pu démontrer tout au long de ces 10 jours d’audience.

Il faut dire que la sanction pécuniaire, bien que maximale, semble dérisoire, non seulement au regard des sommes en jeu mais aussi vu les capacités financières du principal accusé et de ses soutiens. Par contre, plus dure et même potentiellement mortelle sera la privation de liberté pour un tel patriarche.

En vérité, au-delà du cas Lamine Diack, c’est le procès du sport business qui vient d’être fait, l’argent roi ayant littéralement corrompu le milieu sportif professionnel, qu’il s’agisse de l’athlétisme ou du football dont les dirigeants sont depuis des lustres de véritables monarques qui s’engraissent impunément et s’abiment dans des vices aux antipodes des valeurs sportives.

De ce point de vue, ce jugement se veut aussi pédagogique, même s’il en faudra bien plus pour assainir les stades.

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

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