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Situation sécuritaire au Sahel : "La solution du terrorisme est entre nos mains" (Bala Sakandé, "Emir" du Liptako)

 

 

Si le Sahel est la deuxième plus grande région de notre pays après l'Est en superficie, il est aussi du fait du terrorisme la deuxième région qui compte le plus de Personnes déplacés internes (PDI) dont le nombre s'élève à  310 066. Cela, en partie parce que  frontalière du Mali et du Niger aussi en proie à ce phénomène. Le président de l'Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, y a séjournée à Dori du 17 au 18 juin 2020.  A l'issue des communications, centrées sur la prise en charge des PDI, la mise en place des volontaires pour la défense de la patrie et les scenarii de la CENI dans la perspective  des échéances électorales à venir, les élus ont échangé sans langue de bois et fait des recommandations. A l'aise devant ses parents à plaisanterie, se proclamant même Emir du Liptako, l'occupant du perchoir a  réitéré son appel à l'implication des leaders à tous les niveaux dans la recherche de solution au terrorisme.

 

 

 

"Les efforts du gouvernement dans la prise en charge des personnes déplacées internes". Cette  communication,  animée par Lassané Ouédraogo, directeur régional de la Femme, de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire du Sahel a permis d'avoir une idée de l'ampleur de la situation humanitaire dans la région qui compte 310 066 personnes déplacés internes, soit 33,65% de l’effectif national des PDI à la date du 07 juin 2020. Elles se répartissent ainsi qu’il suit : Oudalan : 37 000,  Séno : 80 349,  Soum : 190 081 et Yagha : 1 836. L'action humanitaire se traduit par l’appui à des ménages de déplacés en animaux (chèvres/moutons) ; l’établissement d'actes de naissances, la distribution de vivres, l’appui des ménages de déplacés en intrants agricoles (52 tonnes d’engrais, 17 tonnes d’urée, 35 tonnes de BAP, 4 tonnes de semences) pour l’exploitation de 348,75 ha...

 

 

En décortiquant le thème : «Elections du 22 novembre 2020 et contexte d’insécurité : quelle option pour la CENI ?" Delphine Barry/Traoré Wapo, Première vice-présidente de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), représentant le Président de la CENI, a souligné le faible niveau d'enrôlement dans la région du fait de l'insécurité. En effet, dans la province du Séno, il y a eu l’enrôlement dans seulement 3 communes en 8 emplacements sur 89, à Dori en tous les 64 emplacements et en 5 sur 39 à Seytenga. Les provinces du Yagha, du Soum et de l’Oudalan, où il n’y a pas eu d’enrôlement, ainsi que certaines communes qui n’avaient pas été touchées au 1er passage pourraient en bénéficier à partir du 23 juin 2020 si les conditions sécuritaires le permettent.

 

Concernant les Populations déplacées internes (PDI), elle a précisé qu’une étude a été menée à leur sujet et que la CENI attend l’option y relative retenue par le gouvernement et la classe politique. En rappel, l’étude a proposé que les PDI soient enrôlées au titre de leur circonscription d’origine ou à titre de changement de résidence.  En outre, elle prévoit un enrôlement en deux phases dont la deuxième interviendra après l’évaluation de la Commission sécurité.

 

 

 

Des interpellations qui viennent du cœur

 

 

 

Une grande pluie s'est abattue sur une bonne partie du Sahel dans la nuit du mercredi au jeudi. Et pour l'hôte du Liptako, Alassane Bala Sakandé, Dame Nature a ainsi consacré son intronisation comme émir du Liptako afin d'administrer les Peulhs, ses parents à plaisanterie. "Les Peulhs doivent me remercier d'avoir amené  une grande pluie au Sahel, mais ce n'est pour eux, c'est pour leurs animaux afin que le lait ne manque pas aux Yarcés " ; c'est sur ce ton badin qu'il a introduit son adresse aux élus de la région. Et de dire la raison de sa visite:"Nous sommes au Sahel pourquoi alors que nous sommes censés nous reposer parce qu’en vacances ? Les défis sont tels que nous ne devons pas nous reposer surtout avec le terrorisme qui nous endeuille et menace notre vivre- ensemble. Nous avions eu l'intention de faire un sécurithon, mais on a opté pour ces tournées comme un acte républicain et citoyen pour échanger avec l'échantillon représentatif de la région. C'est vous qui vivez avec la masse et vous vaincrez avec elle  même si bon nombre d'entre vous ont dû quitter leurs localités parce que dans le  collimateur des ennemis. Il n'y en pas meilleur cadeau pour vous et les autres personnes déplacées que de créer les meilleures conditions pour qu'ils retrouvent leurs patelins. C'est pourquoi nous sommes là avec la bénédiction du chef de l'Etat, Roch Marc Christian Kaboré", a-t-il dit avant de poursuivre le visage et le ton plus graves : "Nous, leaders politiques, religieux et coutumiers avons la solution à cette tragédie sans qu'il y ait un seul coup de fusil. Si nous mettons de côté hypocrisie, le mensonge en étant sincères, honnêtes et patriotes,  notre pays retrouvera la paix et la quiétude sur le chemin de son développement. En effet, les ennemis ne sont pas venus du dehors. Nous avons enfanté cette situation par mauvaise foi ou par notre inaction et le ver est maintenant dans le fruit. Ces gens (ndlr les terroristes) n'ont ni de religion, ni d‘ethnie, ni de parti politique ; ce sont des égarés. Le hic, c’est pourquoi les Mossi, les Fulcés, les Peulh, les Bissa, les Gourounsi,  les chefs coutumiers, les intellectuels de toutes les communautés ne disent  pas : trop, c'est trop. Arrêtons donc  l'activisme et la politique partisane, qui ne vont pas résoudre le problème. Si chacun s'implique en jouant franc jeu, celui qui refuse ce que la communauté veut, c'est-à-dire la paix sera isolé. Où sont les imams, les cheik, les pasteurs, les évêques ?  Lorsque nous  entendons que  tant de militaires ou tant de civiles sont tombés, pouvons-nous  nous regarder dans le miroir et rester sans rien faire. Si tu ne veux pas boire dans une calebasse cassée, ne l'utilise pas pour servir l'autre. Si vous n'aimez pas le régime en place, aimez au moins  votre pays, car le régime n'est pas là tout le temps, mais le pays légué par nos ancêtres oui. Si quelqu'un se couche sur son dos et crache, il reçoit le crachat en pleine poitrine. Dites ce que vous avez entendu aujourd'hui à vos administrés, dites leur que ce pays qui les vus naître et qui abrite leur placenta a besoin d'eux en ces moments difficiles. Si ceux qui par égarement nous attaquent décident de revenir, nous les accueillerons, car  tout le monde se trompe".

 

Après cette intervention, pleine d'émotion, l'occupant du perchoir a donné, au nom de son institution, 100 tonnes de vivres : 40 tonnes de riz, 40 tonnes de petit  mil et 20 tonnes de maïs aux déplacés.

 

 

 

Abdou Karim Sawadogo

 

 

 

 

 

 

 

Encadré  1 :

 

Les recommandations des élus au Sahel

 

 

 

 I- Au titre de la CENI

 

1- L’institution d’un mécanisme de concertation entre l’ONI et la CENI afin de mieux coordonner leurs actions dans le cadre de la délivrance des cartes nationales d’identité et des cartes d’électeur ;

 

2- la prise d’une décision claire et urgente sur l’enrôlement et le vote des personnes déplacées internes ;

 

3- la mise en place diligente d’un mécanisme de protection des élus locaux et des autorités locales pour favoriser le retour de l’administration sur le territoire national ;

 

 4- l’amélioration de la communication sur les opérations d’enrôlement pour rendre l’information disponible à temps, en concertation avec les démembrements de la CENI et les autorités administratives.

 

 

 

 II-Au titre des FDS et des VDP

 

1 - L’allocation de ressources conséquentes pour le recrutement, la formation et l’encadrement des VDP ;

 

2 - la mise à la  disposition des VDP et des FDS, de moyens roulants et du carburant nécessaires à leurs déplacements ;

 

3-l’amélioration du réseau de communication dans les localités touchées par le terrorisme ;

 

4 - la fermeture des sites d’orpaillage constituant un terreau de développement du terrorisme ;

 

5 - la mise en place d’un dispositif de prise en charge sanitaire des VDP conformément à la loi sur les VDP ;

 

6 - l’accélération de la mise en œuvre de l’arrêté fixant les montants à allouer aux VDP tombés sur le champ d’honneur.

 

 

 

 

 

Au titre de la solidarité nationale et de l’action humanitaire  

 

1 – La mise à disposition de ressources financières pour le fonctionnement du CORESUR et de ses démembrements.

 

2 - l’amélioration des conditions de travail des agents du ministère de l’Action humanitaire par l’octroi des moyens logistiques nécessaires.

 

3 - la coordination des actions des acteurs terrain  et la dynamisation des COPRESUR et CODESUR.

 

- une plus grande attention à l’endroit des personnes déplacées internes les plus démunies, notamment les veuves et/ou les personnes ayant tout perdu ;

 

5- engager l’Etat et les FDS à travailler au retour des PDI dans leurs villages d’origine et à accorder des compensations à ceux qui ont perdu leurs champs et leur bétail.

 

 

 

A.K.S.

 

 

 

Encadré 2 :

 

"Il n'y a pas de discrimination dans les recrutements des volontaires " (Issiaka Sawadogo, chef de corps du 11e RIC)

 

 

 

"Etat de mise en œuvre de la loi portant institution de Volontaires pour la défense de la patrie dans le secteur est du GFSN" ; cette communication a été livrée par le commandant Issiaka Sawadogo, chef de corps du 11e régiment d’infanterie commando. Il a fait à l’assistance le point de l’ensemble des dispositions prises à cet effet dans le secteur Est du Groupement de forces pour la sécurisation du Nord. Selon lui sa zone de responsabilité  couvre les  provinces de l'Oudalan,  du Sénon et du Yagha. S’agissant des effectifs, on note que le processus de mise en place des VDP est à un stade embryonnaire dans la région du Sahel. Néanmoins, 150 VDP sont déjà recrutés à Arbinda, et il est prévu un effectif, à terme, de 920 VDP. Mais pourquoi ce retard dans une des régions les plus touchées par le terrorisme ?

 

A cette question l'officier a répondu :

 

"La région est  spécifique, et nous nous adaptons aux réalités du terrain. On ne peut pas dire qu'il y a un retard puisque la loi a été votée en fin janvier, et concernant des questions très  sensibles  comme l'utilisation des armes  on ne peut pas parler de retard après seulement  six mois.  Nous avons pour souci d’avoir des éléments efficaces pour atteindre les résultats escomptés ; du processus d'établissement des listes à la formation  en passant par les enquêtes de filtrage,  il  y a un temps qui s’écoule, et il faut veiller à ne pas sauter les étapes."

 

Au sujet d'une certaine opinion qui parle de discrimination, le chef de corps a été clair : "Dans quel sens peut-il y avoir de la discrimination, étant donné que les volontaires sont recrutés dans leurs localités pour les défendre contre les agresseurs ? Il n'y a pas et il n'y aura pas de discrimination", nous a-t-il confié

 

 

A.K.S.

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