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Affaire CNSS : Le défilé des témoins commence le 30 juin

 

Natacha Ouédraogo, l’épouse de l’ancien directeur des Ressources humaines de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), était à la barre le mardi 23 juin 2020. Elle est poursuivie  pour fraude par substitution de copie. Comme ses 6 co-prévenus, elle a nié les faits à lui reprochés. Le tribunal a écouté les différentes parties avant d’annoncer le passage des 28 témoins dans cette affaire de recrutement litigieux pour le 30 juin prochain.

 

 

 

 

Des sept prévenus dans  l’affaire du recrutement à problème de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), l’épouse de l’ex-DRH a été la dernière à la barre. Sa mine déconfite et sa voix quasi inaudible ont donné lieu à des interprétations. L’on se demandait si dans son for intérieur, même si elle ne se reproche rien, elle ne se dit pas qu’elle aurait mieux fait de rester tranquillement à la SONAPOST et de se contenter de son salaire d’employé de bureau. Hélas ! ses ambitions l’ont amenée à tenter sa chance en 2018 à la CNSS. Ce qui n’est pas mauvais en principe. Mais il est ressorti des investigations de la section de la Confédération générale du travail du Burkina (CGTB) de la CNSS qu’il y a eu des irrégularités dans le processus de recrutement. Le syndicat en a donc saisi l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC). Les hommes de Luc Marius Ibriga ont poussé loin l’affaire, ce qui a abouti à la production d’un rapport qui a été versé au dossier.

 

Il faut croire que Natacha Ouédraogo a gardé secrète sa participation au concours. Son époux, Norbert Zèda, président du jury de surveillance, n’en a pas été informé. Lui non plus  avec le rang qu’il occupe dans le processus de recrutement n’a rien vu venir. C’est ce qui ressort de la confrontation directe du couple. Le tribunal lui a demandé si elle n’a pas vu son conjoint ou un membre de la famille de ce dernier le jour du tirage au sort à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE). « Le jour du tirage à l’ANPE, c’est seulement le frère de mon époux que j’ai aperçu », a-t-elle dit en guise de réponse. Ce qui a intrigué plus le tribunal, c’est le fait que dame Zèda, puisqu’elle est mariée légalement depuis 2013 au DRH, ait tenu secret un tel projet. Les juges se sont demandé si elle avait une vie conjugale normale. Elle a répondu à cette question par l’affirmative. « Il y a quelque chose qui ne va pas. Ce n’est pas normal », a lancé un des membres du tribunal.

 

Celle qui était à la SONAPOST comme employée de bureau, pour changer de statut, a passé le test de recrutement des agents administratifs lancé par la CNSS. A la proclamation des résultats, elle est admise et 8e ex aequo. Comme beaucoup d’autres admis, sa copie de dissertation a été retouchée selon le parquet. « De 10/20 en dissertation, elle s’est retrouvée avec la note de 13/20 », s’est indigné le ministère public. La partie poursuivante est convaincue que quelqu’un a majoré les notes de Natacha Ouédraogo. Et à écouter le parquet, son époux y est pour quelque chose. Selon le parquet, le DRH n’est pas blanc comme neige comme il tente de le faire croire.

 

Le nouveau fait qui a fait jaser l’assistance, c’est que le conjoint de la dame, tout président du jury de surveillance qu’il était, ne savait pas que sa dulcinée était admise au concours. Ce qui ne saurait s’expliquer, selon le parquetier, d’autant plus que Dame Zèda a confirmé qu’il n’y avait pas de séparation de corps entre eux. Appelé à la barre, Norbert Zèda a déclaré au tribunal que, pour garder son intégrité et veiller à la transparence dans le recrutement, il n’a jamais voulu que sa moitié prenne part au concours de la CNSS.

 

A chaque audience, cet exercice est repris. La correctrice, Salamata Ouédraogo, en qualité de témoin, est appelée. Elle doit dire si elle reconnaît son écriture sur la copie dite manipulée. Négatif. Généralement, a-t-elle expliqué, quand elle corrige une feuille de composition, elle y fait des observations. Il se trouve que la copie de dame Zèda n’en comporte aucune ; de quoi conforter la partie poursuivante dans sa position. Mais pour la défense, elle ne doit pas s’en réjouir parce que, si substitution de copie il y a, la partie poursuivante doit montrer la copie initiale et non se contenter du relevé de la correctrice. Me Marcelin Ziba des parties civiles vole au secours du parquet. Pour lui, l’essentiel, c’est de montrer qu’il y a eu une première copie et une autre portant, après, les caractéristiques de la première. « La substitution n’oblige pas le parquet à apporter la première copie », a-t-il affirmé.

 

Martinien Ilboudo, membre du jury de surveillance, avait été entendu par  le tribunal. Mais les parties au procès n’avaient pas eu suffisamment de temps pour « le cuisiner ». Il a donc été rappelé pour une audition complémentaire. Il est reproché au comptable la négligence et l’inobservation des règles. Des faits qu’il a niés. Ses avocats, à les écouter, auraient compris qu’il  soit poursuivi parce qu’il a fauté dans la comptabilité, mais pas dans un processus de recrutement ou son rôle n’est pas bien défini par ses supérieurs.

 

La comparution des prévenus a pris fin dans la soirée du 23 juin. Une nouvelle phase du procès sera amorcée le 30 de ce mois avec l’audition des témoins.

 

 

Akodia Ezékiel Ada

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