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Crise sécuritaire : La voix des filles retentit depuis le Sahel

 

Entendez leurs cris depuis le Sahel : «je veux être patronne », « je veux être médecin » ou encore « chef d’entreprise ». Elles, ce sont les filles et adolescentes du Burkina et du Mali confrontées à la déscolarisation, la violence sexuelle, la prostitution, du fait de la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue les deux pays. Elles ont entre 10et 19 ans et désirent être épanouies, instruites et participer au développement, mais hélas ! La double crise leur a volé toute joie de vivre. C’est du moins ce qui ressort du rapport élaboré par Plan International et l’UNFPA en collaboration avec l’Université College de Londres dont le contenu a été rendu public le lundi 29 juin 2020 à Ouagadougou.

 

 

 

 

«Les filles dans la crise : voix du Sahel », c’est le titre du rapport, fruit des travaux de recherches menés au Burkina et au Mali auprès de filles et adolescentes de 10 à 19 ans. Pour réaliser l’étude, elles ont été scindées en deux groupes, celles de 10 à 14 ans et celles de 14 à 19 ans. En tout, ce sont environ 800 personnes qui ont participé aux recherches, les filles et adolescentes mais aussi leurs parents, leurs tuteurs, des leaders coutumiers et des autorités administratives. Au Burkina Faso, l’étude a été menée à Tougan, Bomborokuy, Kongoussi et Pissila. La méthode a été participative, permettant à ces filles et adolescentes de s’exprimer au cours d’entretien individuels et collectifs.

 

Le moins que l’on puisse dire de cette étude sur les conditions de vie des filles et adolescentes dans les zones touchées par l’insécurité au Burkina Faso et au Mali est que ces jeunes filles et jeunes femmes sont des dizaines de milliers à souffrir des conséquences de la crise liée à l’insécurité. Et cette étude,  à en croire le directeur du développement des programmes et de l’influence à Plan International, Claude Kané, a porté sur cette frange de la population, car les filles constituent le groupe le plus vulnérable. Du fait de leur âge et de leur sexe, elles sont doublement discriminées. Elles ont des besoins particuliers. Elles courent des risques spécifiques tels la déscolarisation, la prostitution, les formes d’exploitation domestique, les violences physiques et sexuelles au sein de la famille du fait de la fermeture de l’école.

 

Pour la représentante de l’UNFPA, Olga Sankara, le contexte sécuritaire nécessite que l’on s’interroge sur le devenir de ces filles.

 

 

 

Elles ont besoin d’une oreille attentive

 

 

 

Pour les animateurs de la conférence de presse, certes ces filles souffrent, vivent avec l’inquiétude tout en craignant pour leur vie et leur avenir. Mais elles sont aussi pleines de ressources, d’espoirs, de projets. « Nombreuses sont celles qui nous ont dit vouloir étudier pour devenir médecin, enseignante ou encore chef d’entreprise. Autre aspect important : les filles et adolescentes comprennent et analysent très bien elles-mêmes les problèmes qu’elles rencontrent, et leurs causes. Elles sont en mesure de proposer des solutions. Elles veulent qu’on les écoute pour qu’elles présentent leurs doléances. L’une d’elle nous a dit, par exemple, « nous allons sortir et nous allons rencontrer les décideurs pour leur parler de nos problèmes », a confié M. Kané en précisant que même très jeunes, ces filles comprennent ce qu’elles subissent, les causes de ces problèmes, et ont des idées de solutions à cela. Cependant, souligne-t-il, « on ne les écoute pas, on ne pense pas à les écouter, à les impliquer dans les prises de décisions, même celles qui concernent leur propre vie ».

 

Pour Claude Kané, les filles et adolescentes de la région sahélienne n’avaient pas fait, jusqu’à présent, l’objet de recherches poussées. Les données disponibles étaient peu nombreuses, les recherches ne concernaient pas le contexte si particulier de la crise sécuritaire et humanitaire qui touche notre pays. Ces données, insuffisantes, ne permettaient pas de comprendre les conséquences de la crise sur la vie des filles. Cette étude vient donc combler un vide. 

 

La réponse à la question de savoir si ce rapport n’en sera pas un de plus est négative : « Le 30 juin, le rapport « Les filles dans la crise : voix du Sahel » sera lancé à l’international à travers une table ronde en ligne. Il sera également lancé à Bamako dans quelques jours. En sus, Plan International et l’UNFPA prévoient deux journées d’activités les 2 et 3 juillet à Ouagadougou.

 

Le but de ce rapport est donc d’inciter la communauté internationale à être plus regardante sur la question de la jeune fille et à la prendre plus en compte. Les acteurs de la communauté humanitaire doivent également concevoir les interventions en tenant compte de leur vulnérabilité. Il est par ailleurs attendu des autorités qu’elles mettent encore davantage un accent particulier sur la protection de ces filles, car ne pas les écouter ni les voir serait une violence supplémentaire qu’on leur infligerait, a conclu M. Kané.

 

 

 

Ebou Mireille Bayala

 

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