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Décès d’Amadou Gon Coulibaly : Trêve funèbre au bord de la lagune Ebrié

 

C’est dans une inondation de condoléances que surnagent le président  Alassane Dramane Ouattara, son gouvernement et la famille Gon Coulibaly depuis le décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

 

 

Tous s’y mettent : chefs d’Etat, Premiers ministres, responsables d’institutions régionales, interafricaines et internationales  sans oublier les présidents et/ou secrétaires généraux de partis alliés ou adverses en Côte d’Ivoire et dans la région ouest-africaine. Chacun y va de son discours dithyrambique mettant en exergue chez celui que toute la Côte d’Ivoire pleure les qualités d’homme d’Etat, de travailleur infatigable, d’ami fidèle, de père de famille modèle parti trop tôt alors qu’on avait encore grandement besoin de lui. Le contraire de cette effusion de compassions aurait été étonnant.

 

Ainsi est la règle de bienséance sociale qui veut qu’à la mort d’un homme on oublie ses défauts, les manquements, voire les inimitiés qu’il a pu avoir de son vivant. Tant mieux si le deuil qui absout les différends et les différences est aussi de rigueur dans la faune politique et si, à défaut d’aller s’incliner sur la dépouille d’un adversaire, on se garde bien d’exploiter le vide qu’il laisse et dont on pourrait bénéficier. Voilà qui explique que tous les poids lourds de l’establishment politique sur les bords de la lagune Ebrié, au sein du parti du disparu et dans d’autres formations politiques, ses partisans et ses adversaires, voire ses ennemis, aient fait chorus pour saluer la mémoire de l’homme. D’Hamed Bakayoko à Guillaume Soro en passant par Affi Nguessan, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, et on en oublie, il y a assurément un cessez-le-feu dans les attaques politiques, une trêve qui ne dit pas son nom. Guillaume Soro est allé jusqu’à enfoncer cette porte ouverte en affirmant que  « le jeu politicien n’a pas droit de cité en pareille circonstance ». Tout est dit.

 

 Qu’ils l’aiment ou qu’ils ne l’aiment pas, les ténors de la politique ivoirienne  doivent bien cela à Amadou Gon Coulibaly, ce grand commis de l’Etat, qui, durant 30 ans, a été de tous les combats pour la démocratie, la paix et la stabilité de la Côte d’Ivoire. Il n’avait pas volé son surnom de « Lion de Korhogo ». Derrière sa discrétion et son humilité à l’ombre du président Alassane Dramane Ouattara on voyait bien son patriotisme. Dieu seul sait s’il aurait conduit le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à la victoire à l’élection présidentielle d’octobre prochain.

 

Au demeurant, à cause de cette échéance qui se rapproche à grands pas, cette trêve funèbre que la classe politique ivoirienne s’est imposée pourrait rapidement prendre fin, aussitôt le défunt porté en sa dernière demeure. C’est connu, les enjeux sont énormes, les ambitions des prétendants au fauteuil présidentiel irréductibles. Du besoin du RHDP de se trouver rapidement un autre porte-étendard au rêve d’un Henri Konan Bédié ou d’un Laurent Gbagbo de prendre leur revanche sur Alassane Dramane Ouattara, les chevaux de l’adversité politique seront vite lâchés de nouveau.

 

Pourvu que ça se fasse dans le politiquement correct. C’est à ce prix que l’effusion de sentiments fraternels que l’on a vue chez les politiques ivoiriens en ces moments de deuil n’aura pas été des larmes de crocodile.

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification lelundi, 13 juillet 2020 23:01

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