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Candidature d’ADO:L’unité du RHDP vaut bien un « sacrifice »

 

« Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre le plus ». Les Ivoiriens, qui ont déjà amèrement vérifié cet adage africain, courent-ils de nouveau ce risque en 2020 ?

 

A trois mois de la présidentielle d’octobre, c’est en tout cas le remue ménage dans la faune politique ivoirienne où les trois principaux poids lourds voudraient se jeter encore dans l’arène, même si leurs fortunes sont bien diverses pour le moment :

 

Henri Konan Bédié, lui, a déjà l’onction de son parti puisque les conventions éclatées du PDCI-RDA qui se sont tenues le week-end dernier l’ont investi avec un score soviétique de 99,7% des suffrages. Ainsi, après avoir été éjecté du pouvoir à la Noël 1999 par le coup d’Etat du général Gueï, à 86 ans le Sphinx de Daoukro rêve de prendre sa revanche ;

 

Laurent Gbagbo, lui, a un tout autre souci. Délogé du palais présidentiel à coups de roquettes en avril 2011 suite à la crise postélectorale qui avait débouché sur un conflit ouvert, transféré quelques mois plus tard à la CPI, il a été acquitté en janvier 2019. Aujourd’hui en liberté conditionnelle à Bruxelles, il est dans l’attente d’un éventuel procès en appel et veut maintenant rentrer au pays. Il a demandé un passeport ordinaire à défaut du diplomatique auquel il a droit en tant qu’ancien chef d’Etat, ainsi qu’un casier judiciaire et un certificat de nationalité. Des documents qui lui seront nécessaires pour une éventuelle candidature. Hier à l’issue du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Sidi Touré, a indiqué que «l'ambassade de Côte d'Ivoire à Bruxelles nous a informés de la réception d'une requête de passeport qui est en cours de traitement auprès des autorités compétentes » qui les lui délivreront après traitement. En attendant le bon vouloir de ces autorités compétentes, le Woody ronge son frein pendant qu’à Abidjan ses fidèles attendent désespérément un messie qui aura du mal à porter leurs couleurs à la prochaine élection. Condamné par contumace à 20 ans de prison, il risque de rejoindre la MACA dès son arrivée ;

 

le troisième éléphant, lui, n’a pas ce genre de soucis. Depuis le décès brutal de son premier ministre Amadou Gon Coulibaly, les militants du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) implorent leur chef de remplacer au pied levé celui qui devait être leur candidat. Depuis, les appels sincères ou feints se multiplient pour arracher le « oui » de celui qui se fait courtiser. Après les députés, sénateurs et maires qui se sont retrouvés la semaine dernière sous la houlette d’Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP, c’est un conseil politique qui s’est réuni hier après-midi à l’hôtel Ivoire pour conjurer ADO d’y aller pour une troisième fois, au regard de la situation  exceptionnelle dans laquelle le parti se trouve. Le président Ouattarra a dit avoir pris acte des résolutions du conseil politique «Je vous demande de continuer d’avoir une pensée pour Amadou Gon et de me laisser le temps du deuil et du recueillement avant de vous donner une réponse ». Pas de fumée blanche, mais le moindre doute n’existe plus depuis que Bictogo a tué le match dans une interview accordée à Rfi dans laquelle il affirmait sans ambages qu’aujourd’hui Alassane Ouattara est la solution, flinguant au passage certains de ses grands camarades, en l’occurrence Patrick Achi et Ahmed Bakayoko dont les noms avaient entre-temps circulé comme possibles solution de rechange après la mort de Gon Coulibaly. Tout ça pour éviter une probable guerre des dauphins. Après tout l’unité du RHDP dont ADO semble être le seul ciment vaut bien qu’il lui fasse encore don de sa personne.

 

 

 

H. Marie Ouédraogo

 

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