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Arts plastiques : Van Gogh, un peintre burkinabè

 

Le 29 juillet 1890 s’éteignait le peintre hollandais Vincent Van Gogh à l’âge de 37 ans à Auvers-sur-Oise.  Peintre tourmenté, balloté par le destin et  animé par la quête d’un absolu tout autant par la peinture que par l’engagement auprès des pauvres, il meurt inconnu et pauvre. Des artistes comme Van Gogh, on en rencontre à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

 

 

 

 

Du peintre hollandais, on connaît les tableaux qui sont parmi les plus chers au monde. Ainsi un des quatre tableaux, Les Tournesols, a été vendu à 40 millions de dollars en 1987 à Yasuo Goto. Récemment, son tableau Paysanne devant une chaumière a été adjugé à 15 millions d’euros en mars 2020 juste avant que la pandémie de Covid 19 suspende les ventes aux enchères des œuvres d’art.  

 

Mais on connaît moins sa vie tourmentée, son étude passionnée des tableaux de maîtres d’Europe et des estampes japonaises et sa frénésie à peindre qui fait qu’il a laissé plus de 2000 tableaux et dessins dont, selon l’histoire, il ne vendit qu’un de son vivant. On raconte qu’il voulut payer un charretier qui l’aida dans un déménagement avec des tableaux, mais celui-ci préféra prendre un fagot de bûches qui, pour lui, était utile pour se chauffer !

 

En conflit avec sa famille excepté avec son frère cadet, Théo, qui lui fournissait les moyens de vivre et de peindre, il était à l’étroit dans un monde matérialiste et capitaliste, lui qui aspirait à servir Dieu, les pauvres et l’art. Méconnu de son vivant, ce n’est qu’après son suicide que son travail a été reconnu par le public. C’est pourquoi Antonin Artaud a écrit un texte en 1947 lors d’une exposition consacrée à l’artiste en 1947 par le Musée de l’Orangeraie où il le qualifiait de « suicidé de la société ».

 

Mais jamais, il ne douta de son talent et du fait que l’histoire reconnaîtrait la valeur de ses œuvres. D’où son insistance auprès de son frère à sauver sa correspondance épistolaire :

 

130 ans après la mort de Van Gogh, cette figure de l’artiste maudit de génie est une mosaïque, un portrait fragmenté dont les morceaux se retrouvent dans maints artistes contemporains du Burkina Faso.

 

Nous avons croisé à Bobo-Dioulasso un artiste qui vivait dans un quartier non loti dans une chambre plus misérable que la chambre de Van Gogh à Arles, un réduit plein de poussière et de toiles d’araignées sur ces piles de toiles et de carnets de dessins.  Il peignait divinement, s’enflammait comme un brasier lorsque l’on parlait de peinture, mais la faconde s’éteignait quand venait le moment de discuter du prix de ses peintures. Comme Van Gogh, il abhorrait que l’on mélangeât l’art et l’argent.

 

A Ouaga, des peintres crève-la-faim se privent quotidiennement de pain et de linge pour s’acheter des tubes de peinture en vue de s’adonner à leur passion : faire naître leurs univers personnels de la copulation des couleurs sur un morceau de tissu.

 

Des peintres autodidactes suivent la trajection d’appétence du peintre hollandais pour les grands maîtres afin de se former et de composer leurs œuvres. Cette anthropophagie artistique, des peintres l’ont à Ouaga et à Bobo-Dioulasso ; ils étudient patiemment l’histoire de la peinture mondiale à travers les livres, se sont choisis des maîtres pour comprendre la perspective, le sfumato de Vinci, les palettes de Rubens, Delacroix et de Rembrandt pour créer leurs mondes riches de tous les héritages. Si, d’aventure, vous croisez un peintre burkinabè un 29 juillet, appelez-le Van Gogh.

 

 

 

Saïdou Alcény Barry

 

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