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Infrastructures sportives au Burkina : La problématique vue par West Julien

La question de la modernisation des infrastructures sportives se pose avec acuité en Afrique. Dans la perspective des éliminatoires de la coupe du monde 2022, la Confédération africaine de football (CAF) a durci le ton concernant la tenue de la phase éliminatoire sur certains stades. Du coup, l’on court dans tous les sens pour se mettre aux normes, sous peine que certains matchs soient délocalisés. Il faut certes construire des infrastructures, mais il ne faut pas créer le spectre de l’éléphant blanc.

 

 

La FIFA a été intransigeante sur les normes des infrastructures sportives : pas de cadeau pour les stades qui vont abriter les éliminatoires de la coupe du monde Qatar 2022. Et cette menace est prise très au sérieux au Burkina Faso, dans la mesure où la seule enceinte sportive qui accueille les rencontres des Etalons ne répond pas aux conditions imposées par les autorités sportives internationales. Le gouvernement, à travers le ministère des Sports, a annoncé en fin 2019 un processus de normalisation du stade du 4-Août pour un coût estimé à 10 milliards de FCFA avec une réhabilitation express de 4 milliards de FCFA. Les travaux vont porter sur la fixation des sièges, la modernisation des entrées, la réfection des vestiaires et bien d’autres commodités.

 

 

A Bobo-Dioulasso, c’est le stade Aboubacar-Sangoulé-Lamizana qui devrait également être normalisé.

Selon le consultant et économiste du sport West Julien Tiendrébéogo, la facture de cette normalisation est salée pour le budget de l’Etat. «Cette opération est plus que nécessaire car elle revêt un triple intérêt. Premièrement, il s’agit d’une question d’adaptabilité aux aléas climatiques pour permettre aux athlètes d’avoir les conditions idoines pour mieux exercer leur métier, quel que soit le temps. Deuxièmement, il s’agit d’offrir aux acteurs un cadre sécurisé pour mieux vivre les moments de sport. La question sécuritaire étant devenue une grande préoccupation, la normalisation vise à atténuer les risques de violences, tout en encourageant la fréquentation  des stades pour améliorer les recettes de billetterie. Le troisième intérêt concerne la prise en compte des conditions de production et la diffusion des événements sportifs. Ces événements sportifs vivent à travers les médias. C’est pourquoi les droits télé constituent aujourd’hui la première source de revenus des championnats professionnels», a expliqué M. Tiendrebéogo.

 

Pour lui, au-delà de la normalisation, les pays africains doivent travailler à éviter le spectre de l’éléphant blanc. «L’éléphant blanc est une réalisation d’envergure et de prestige, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation et l’entretien deviennent un fardeau financier. C’est pour cela qu’on doit intégrer la dimension rentabilité dans les projets de réalisation des infrastructures sportives », nous a confié le consultant sportif.

 

 

C’est la raison pour laquelle il préconise une approche suffisamment intégrée pour offrir des infrastructures qui peuvent assurer elles-mêmes leur autonomie financière et leur durabilité. «Ces infrastructures peuvent intégrer des aménagements pour le commerce, un business-center, des hébergements, des salles de sport, des salles de cinéma ou  de promotion culturelle, des boutiques de vente d’articles de sports et divers, une zone administrative, etc. Nos stades doivent être un centre d’intérêt commercial, administratif, sportif et culturel pour bonifier leur rentabilité économique et financière et soulager le budget de l’Etat des charges énormes d’entretien en évitant le syndrome de l’éléphant blanc », conclut  West Julien Tiendrébéogo.

 

 

Cette approche, selon notre interlocuteur, peut être aussi valable à petite échelle pour toute infrastructure sportive. Il faut juste aller au-delà du rôle régalien de l’Etat qui est l’intérêt général et profiter au maximum des opportunités que peuvent offrir ces investissements colossaux.

 

Synthèse de

Kader Traoré

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