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Procès sévices sur mineure à Niangoloko: Le MDL Youl Edouard réfute les faits en bloc

Le Tribunal de grande instance (TGI) de Banfora avait à son rôle le 22 septembre 2020  l’affaire de la jeune fille de 16 ans victime de sévices de la part du MDL Youl Edouard, dit Papou. Accusé de séquestration, de coups et blessures volontaires, de sévices sexuels et de viol, le pandore a nié les faits en bloc. Après 11h de débats pour faire jaillir la vérité, le procureur a requis un emprisonnement de 5 ans assorti de 24 mois ferme, et la requérante demande la somme de 10 millions de francs CFA pour le préjudice subi. Le délibéré a été fixé au 13 octobre prochain.

 

 

Débuté à 8h 52 mn, c’est un procès marathon qui a tenu en haleine le public jusqu’à 19h 50 mn, la salle d’audience s’étant révélée exiguë. C’est le 14 août 2020 dans la matinée que les faits se sont déroulés. La victime raconte à la barre que sur ordre de sa tante chez laquelle elle est venue passer ses vacances à Niangoloko et qu’elle aide dans son maquis-restaurant, elle est allée pour servir de la boisson au domicile de Youl Edouard.

Craintive, elle se fait accompagner par sa cousine qui est sommée par l’accusé d’attendre à environ 50 m de son domicile. Pas de témoins pour la suite, les magistrats auront du mal à faire avouer Youl. Selon la plaignante, une fois à la maison, le gendarme a refermé la porte, l’a menottée, l’a chicotée avec sa cordelette avant d’introduire une substance dans ses parties intimes, non sans l’avoir obligée à prendre des bagues. Notons que le MDL en garde à la frontière à Dangouindougou la nuit du 13 août est rentré dans la matinée et a aussitôt pris la garde à l’agence LONAB de Niangoloko. Et dès 6h 37 mn, il a commencé à appeler la mineure au téléphone afin que celle-ci vienne faire le ménage chez lui. Une demande qu’elle dit avoir refusée. La mineure a aussi expliqué que le 31 juillet 2020, jour de la Tabaski, Youl Edouard est venu au maquis et a obtenu de sa tante la permission de sortir avec elle. Ils se sont retrouvés contre son gré au domicile du gendarme qui l’a forcée à avoir des relations sexuelles avec lui. Elle a aussi révélé avoir reçu la somme de 12 000 F de l’accusé.

A la barre, l’homme de tenue a nié les faits en bloc. Après avoir passé une commande de boissons, il dit avoir croisé la mineure en route et avoir réglé la somme de 1 200 F correspondant à la commande, puis a rejoint la LONAB. Il n’est donc jamais arrivé chez lui. Mais le procureur du Faso près le TGI de Banfora le confondra avec les relevés téléphoniques de même que les SMS envoyés depuis le 27 juillet 2020 à la victime. 3 certificats médicaux sont produits qui attestent l’existence d’un produit d’origine alimentaire «noir verdâtre» dans les parties intimes de la mineure. Appelée à la barre à 14h 25 mn, la concubine du gendarme explique qu’elle était absente de la maison, où elle avait laissé la servante et son enfant, et qu’à son retour, elle a surpris la mineure toute nue couchée sur leur lit conjugal. Une bagarre aurait éclaté et des voisines auraient accouru. Cette version est réfutée par la plaignante qui lance qu’elle n’est pas folle et que, physiquement, Dame Naré ne peut rien contre elle. A l’entendre, la Dame était présente au moment des faits et demandait pardon à son mari. Le président du tribunal relit alors les P-V d’audition de la gendarmerie au regard de cette nouvelle version, et Dame Youl persiste. Le procureur déclare qu’il pourrait requalifier les faits et la poursuivre pour coups et blessures, la soupçonnant de vouloir couvrir son mari. Même avis de Maître Amédé Yéré, conseil de la victime.

Et l’avocat de l’accusé, Maître Adama Ramdé, qui, depuis le début, s’attache aux détails de l’affaire afin de discréditer les dires de la victime et de ses témoins, de demander à Noëlie Naré si, malgré la menace du procureur, elle maintenait sa version. Elle répondit par l’affirmative, et le conseil demanda au tribunal de prendre cette version en compte. 3 autres femmes défileront à la barre comme témoins. Elles disent avoir trouvé la victime assise habillée sur le lit et le procureur du Faso de réagir en disant que leur version n’apporte rien de nouveau à la manifestation de la vérité. Maître Yéré est du même avis. Ils ne seront pas suivis par Maître Ramdé, pour qui ce sont des témoignages qu’ils écoutent depuis le début. La tante de la victime soutiendra les propos de sa nièce, reconnaissant que le gendarme est venu lui demander qu’elle lui permette de sortir avec la mineure.

Les plaidoiries ont débuté à 17h 14 mn avec Maître Yéré qui a estimé les faits établis et demandé le maintien de l’accusé dans les liens de la détention. Pour le préjudice subi, la somme de 10 millions est demandée en plus du remboursement des frais des certificats, estimés à 35 000 F, et un forfait de 10 000 F pour les ordonnances.

Concernant les frais exposés, la somme de 750 000 F est demandée. Dans ses réquisitions, le procureur a soutenu que la fille a été appâtée par le gendarme et laissée à la merci de sa concubine. Car après la sortie du 31 juillet dernier où elle a été violée, elle n’a plus voulu avoir affaire au pandore. Démontrant que les faits de viol, de séquestration, de coups et blessures volontaires et de tortures sexuelles sont établis, il a ajouté que les mineures doivent être protégées. Pour lui, le gendarme bénéficie de circonstances atténuantes, car il est un délinquant primaire. Mais concomitamment, il a des circonstances aggravantes, vu qu’il est un élément des FDS. Et de demander de le condamner à la plus lourde des peines des chefs d’accusation. Aussi, il a requis 5 ans de prison assortie de 24 mois ferme, une amende de 600 000 F et 50 000 F pour les coups et blessures. Le procureur n’a pas manqué de décocher des flèches à la tante de la victime qui a accepté la sortie nocturne de la mineure.

Maître Ramdé, lui, plaidera la relaxe pure et simple de son client, le tribunal n’ayant pu apporter des preuves. Il n’y a pas eu, selon lui, de preuves matérielles, et le doute n’ayant pas été levé, cela doit bénéficier à son client. Il est allé jusqu’à demander le retrait des certificats médicaux du dossier, car ils ne sont pas assez explicites à son avis. L’audience à été suspendue vers 19h 50 mn et le délibéré fixé au 13 octobre prochain.

 

Luc Ouattara

 

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