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Probable libération de Soumaila Cissé et de Sophie Pétronin : Ainsi, ils valent 100 djihadistes !

 

Il n’y a pas que dans le domaine de l’économie et des affaires  que le Be to Be, cette forme de négociation qui concerne un nombre d’acteurs plus restreint, fonctionne à merveille. Ainsi en est-il dans d’autres domaines. 

 

Et il en va jusque dans la lutte contre le terrorisme. Même si dans le cas d’espèce, on ne sait pas si les deux parties ont vraiment gagné. Un peu à la surprise générale, on a en effet appris hier la libération d’une bonne centaine de djihadistes alpagués au cours de différentes opérations militaires  et qui croupissaient dans les geôles maliennes. Il ressort qu’une bonne partie de ces terroristes,  élargis pendant le week-end,  ont été convoyés pour les uns à Tessalit aux confins de la frontière algérienne, pour les autres, au centre du Mali d’où ils ont disparu dans la nature à bord de véhicules qui les attendaient.

 

Si jusqu’à hier en début de soirée, l’information n’était pas encore confirmée, tout semble indiquer que les affreux devraient servir de monnaie d’échange pour la libération de Sophie Pétronin, Française enlevée en décembre 2016 dans le septentrion malien, et du ci-devant chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla  Cissé, disparu des radars en mars 2020 alors qu’il battait campagne pour les législatives. Est-ce lui qui va profiter de la libération de Pétronin ou plutôt le contraire ? Est-ce peut-être le prochain président du Mali qui est ainsi tiré des griffes de la multinationale du terrorisme ? Attendons de voir. Quoi qu’il en soit, on peut imaginer aisément la joie qui peut être celle de leurs proches  et de tous leurs compatriotes, maliens comme français. Dame Pétronin était la « dernière des Mohicans » puisqu’elle est la seule Française toujours entre les mains des djihadistes dans le monde.

 

Autant dire un trophée de choix pour les militaires maliens qui ont renversé Ibrahim Boubacar Kéita  le 18 août 2020 et qui tentent tant bien que mal de mettre en route une transition devant mener au retour à une vie constitutionnelle normale et dont le gouvernement très attendu est d’ailleurs tombé hier en fin d’après-midi. Au nombre de 25 comme promis, les militaires se sont taillés la part du lion et on a vu l’entrée des rebelles touaregs de la Plate-forme.

 

En réalité, on aurait tort de penser que les putschistes maliens, 45 jours seulement après leur arrivée au pouvoir, sont venus avec une baguette magique dans la mesure où sous IBK, des tractations étaient en cours pour obtenir notamment la libération du premier de ses opposants. Et c’est sans doute les résultats de ces délicates opérations qu’on ne chante pas sur tous les toits qui ont permis d’obtenir les résultats qu’on sait. Assimi Goita et ses frères d’armes auraient d’ailleurs tort de trop pavoiser, car ils seraient sortis davantage auréolés si ces libérations  étaient intervenues après des opérations militaires , au lieu de simplement récolter les fruits des chassés-croisés qu’ils n’ont pas vraiment entrepris.

 

De nombreuses questions demeurent d’ailleurs sans réponse, notamment sur le rôle joué par la France dans cette affaire. Difficile en tout cas d’imaginer qu’un tel dénouement puisse se faire sans l’implication active de Paris qui est, avec la force Barkhane, en première ligne dans la lutte contre les djihadistes au Mali et dans toute la bande sahélo-saharienne.

 

Cela dit, même si les trocs de ce genre sont monnaie courante à travers le monde, on est toujours partagé dessus. Car pour un terroriste libéré, c’est toute la machine de guerre qu’on contribue à alimenter. Parmi les dizaines d’élargis, se trouvent d’ailleurs de vilains criminels en série responsables de nombreuses attaques dans la sous-région. Et ils ne vont pas devenir subitement des enfants de chœur. Bien au contraire, ils seraient célébrés comme des héros par leurs compères, et qui sait si, pendant leur détention, ils n’ont pas pu avoir certains renseignements susceptibles d’être utilisés dans certaines de leurs opérations. Il n’est donc pas sûr que ce soit une bonne affaire pour le Mali et l’ensemble du Sahélistan.

 

 

 

Issa K. Barry

 

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