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Attaques Sokoura au Mali : Sanglante amertume après un échange de prisonniers

Il y a un certain temps qu’on n’a plus entendu parler de tueries ou d’attaques au Mali.

 

Comme si les djihadistes semblaient observer une trêve de laTransition après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août dernier. Et voilà que cette espèce de trêve est subitement rompue par un concert de rafales.

Douze militaires maliens ont en effet été tués dans la nuit du lundi 12 au mardi 13 octobre 2020 après l’attaque de leur position à Sokoura, dans le cercle de Bankass, près de la frontière avec le Burkina       Faso.

Neuf soldats sont d’abord tombés au cours de l’assaut et, comme c’est depuis systématiquement le cas, le renfort envoyé en rescousse est à son tour tombé dans une embuscade ayant fait trois morts, dix blessés et des disparus, selon les chiffres officiels.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, un car de transport en commun qui suivait le renfort de l’armée en se rendant à une foire a lui aussi été visé. Bilan : douze civils tués, dont deux femmes et un bébé.

Ajoutez-y le blocus de Farabougou, au centre du Mali, où les djihadistes empêchent, depuis une semaine, les populations de sortir ou d’entrer, causant une pénurie de denrées alimentaires qui a commencé à tuer des enfants. Ils ne se sont pas contentés de fermer les portes du patelin puisqu’en plus du siège, les maîtres des lieux ont massacré six personnes, blessé vingt-deux autres et enlevé une dizaine de villageois.

Certes le Mali, depuis tout le temps qu’il est plongé dans l’horreur terroriste, est, hélas, habitué aux bains de sang régulier, tout comme ses voisins du Burkina Faso et du Niger d’ailleurs.

Mais intervenant dans le contexte actuel, ce nouveau regain de violences prend une autre dimension.

Ces récentes boucheries successives arrivent, en effet, quelques jours seulement après le troc humain de la semaine dernière au cours duquel environ deux cents terroristes détenus dans les geôles maliennes ont été remis dans la nature en échange de la libération de la Française Sophi Pétronin, de l’opposant malien Soumaïla Cissé et de deux Italiens.

Un prix trop élevé pour certains qui estiment que cette remise en liberté des affreux contribue à alimenter le terrorisme, surtout quand on sait que parmi les relâchés, certains ont un pedigree de chiens enragés qui ont déjà planté leurs crocs assassins à Bamako, Ouagadougou et Grand-Bassam.

Certes, ils n’ont pas le temps nécessaire pour renouer avec leurs habitudes criminelles ; certes encore, ce ne doit pas être les mêmes katibas qui viennent d’ensanglanter le Mali, mais cette récente mare de sang apporte de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours pensé que cet échange était une mauvaise affaire. Et ils n’ont pas si tort que ça.

Les malheureux et les plus frustrés de ce deal plutôt foireux, ce sont les combattants qui sont au front, qu’il s’agisse de ceux des FAMA, de la MINUSMA ou de « l’Opération Barkhane », qui ont vu si souvent leurs frères d’armes tomber et qui ont éprouvé mille et une difficultés, après de longues traques, à capturer ceux qui viennent d’obtenir, pour ainsi dire, une prime à l’assassinat et qu’ils pourraient retrouver sur leur chemin un de ces quatre matins.

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 14 octobre 2020 21:19

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