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Loi sur la campagne électorale déguisée : Abrogez-la et qu’on n’en parle plus !

«Pendant ce temps, les médias traînent comme un boulet la loi portant interdiction de couverture médiatique des campagnes politiques. Votée en 2015 par les partis politiques et les organisations de la société civile qui siégeaient au CNT, avec pour objectif, certes noble, de contribuer à garantir l’égalité des chances des candidats en vue d’un scrutin transparent, apaisé et crédible, la proscription est de 90 jours et court à cette présidentielle du 3 août au 30 octobre 2020. Malheureusement, le Conseil supérieur de la communication (CSC), qui nous sérine à longueur de journée la nécessité du respect de cette loi, s’emmêle les pinceaux à nous expliquer ce qu’est une campagne politique déguisée. Ça ne fait qu’ajouter à la confusion et ça montre quelque part l’inanité de cette fatwa qui embarrasse les médias aujourd’hui. A moins qu’on ne décide tous de la violer et qu’on nous convoque tous chez le grand inquisiteur.»

 

 

Ainsi nous emportions-nous dans notre Humeur du 26 août 2020 pour critiquer cette mesure qui n’a pas fini de révulser les médias, qui ne savent pas sur quel pied danser, et les acteurs de la scène politique burkinabè. Depuis lors, beaucoup d’eau, pardon, de campagnes politiques déguisées, a coulé sous les ponts. Surtout du côté du gouvernement, où chaque ministre se fait le devoir d’inaugurer des constructions ou de lancer des travaux qu’il a subitement sortis de son tiroir comme par un coup de baguette magique. Le mot d’ordre est partout respecté, avec en tête du peloton le premier des Burkinabè, qui se trouve être candidat à la présidentielle. Ces derniers temps, Roch Marc Christian Kaboré distribue à profusion des interviews pour faire le bilan de son quinquennat. Il est passé par RFI, France 24, Le Monde, la Radio rurale, Savane FM, Sidwaya, Télévision nationale... et …à qui le tour ?

 

Il est partout et l’opposition n’en finit pas de geindre, criant haro sur le baudet. Du côté du camp d’en face, la plaidoirie est immuable : il ne s’agit point de campagne déguisée, parce que le gouvernement, en vertu de ses attributs constitutionnels, a le droit d’exercer son devoir de redevabilité en rendant compte de ses activités aux forces vives et ne saurait entrer en hibernation parce qu’il y a élection. Dont acte.

 

Ce qui est marrant dans toute cette affaire, c’est que ce sont les mêmes opposants qui se sentent aujourd’hui floués qui ont pourtant contribué à graver cette mesure dans le Code électoral. Ce sont donc eux qui doivent être en devoir de ferrailler dur pour qu’on la supprime. Abrogez-la donc et qu’on n’en parle plus ! Pendant qu’on y est, c’est dans quel pays même que cette mesure contre les campagnes déguisées est respectée ? Aux Etats-Unis, qu’on qualifie de berceau de la démocratie, depuis le premier jour où le président Donald Trump a pris le pouvoir, il bat campagne. Il n’y a que dans nos républiques bananières que l’on aime édicter des lois qui, par leur ADN, poussent à les violer.

Issa K. Barry

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