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Rencontre ADO/Bédié: Petit pas sur le chemin de la paix

Enfin ils se sont rencontrés. Quelque deux ans après leur dernière entrevue, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se sont retrouvés hier et pas n’importe où ! Dans le fameux hôtel du Golf. C’est là, en effet, que pendant le conflit postélectoral de 20110-2011, les deux hommes et Guillaume Soro s’étaient retranchés pour mener ensemble l’offensive qui allait déboucher sur la capitulation de Laurent Gbagbo en avril 2011.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Houphouët, et c’est en adversaires irréductibles, pour ne pas dire en ennemis, que les deux héritiers du Vieux ont pris langue pour, disent-ils, « briser le mur de glace » qui s’est érigé entre eux. Ces retrouvailles interviennent, en effet, après de longs mois de tension entre les deux hommes. Le climat a commencé à se détériorer avec la création du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) auquel Henri Konan Bédié a tourné le dos. Leurs relations sont allées de mal en pis avec la décision d’Alassane Ouattara de remplacer au pied levé son Premier ministre et dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, mort subitement le 8 juillet dernier. Une surprise du chef jugée inconstitutionnelle, voire illégale, par le camp Bédié et toute l’opposition qui ont décidé de lancer un mot d’ordre de désobéissance civile assorti d’une campagne de boycott actif du scrutin du 31 octobre.

Le Sphinx de Daoukro ne sera pas parvenu à contrarier le processus engagé par son cadet et la réélection sans surprise d’ADO pour un troisième mandat. Bédié, Affi N’Guessan et leurs camarades sont même allés jusqu’à la création d’un Conseil national de transition, franchissant le Rubicon pour ne pas dire la lagune Ebrié. Réaction ferme du RHDP qui a tout de suite décrété le blocus des résidences des principaux responsables de l’opposition ainsi que des poursuites judiciaires.

C’est peu dire donc qu’entre les deux camps le fil du dialogue était rompu, et c’est ce fil que les deux personnalités ont commencé à renouer hier. Il est vrai que, dès la publication des résultats du scrutin ce lundi, Alassane Ouattara avait réitéré son offre de dialogue à son « aîné », comme il l’appelle, qui a donc accepté la main présidentielle tendue. Mais en avait-il vraiment le choix quand on sait qu’il se trouvait en résidence surveillée tandis que ses camarades insurgés étaient soit détenus soit en cavale ? Pouvait-il par ailleurs refuser de discuter sans donner l’image d’un irrédentiste qui veut mettre le pays à feu et à sang ?

Tout compte fait, c’est Alassane Ouattara qui sort gagnant de ce bras de fer, car sa forfaiture électorale est définitivement consommée, et il impose son tempo politique en se drapant de la cape du faiseur de paix face aux fauteurs de troubles. Il faut dire que la crise a causé la mort de 85 personnes et fait près de 500 blessés. En outre, 225 citoyens ont été interpelés, 167 inculpés et 45 écroués.

Alors, le fait que son aîné ait consenti à le rencontrer ne serait-il pas une reconnaissance de fait ? La question reste posée. Mais après la levée du blocus des résidences et un éventuel abandon des poursuites contre les insurgés, quelle sera la suite des événements et jusqu’où les différentes parties sont-elles prêtes à aller ? Iront-elles jusqu’à la formation d’un gouvernement d’union nationale pour tourner définitivement cette page si sombre ? L’avenir nous le dira.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 12 novembre 2020 23:22

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