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Conflit au Tigré : Y a-t-il seulement de vraies Nations en Afrique ?

 

Qui parviendra à arrêter l’escalade en Ethiopie ?

 

 

Deux semaines après l’éclatement de la guerre au Tigré, région semi-autonome du nord du pays, les médecins commencent à accourir au chevet du malade éthiopien.

A commencer par l’Ougandais Yoweri Museveni qui a reçu hier le vice-premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen Hassen. L’Union africaine, dont le siège se trouve à Addis-Abeba, par l’entremise du président de la commission, Moussa Faki Mahamat, a également appelé à la « cessation immédiate des hostilités ». 

 

Mais les appels à déposer les armes sont tombés pour le moment dans l’oreille d’un sourd puisque le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, comme s’il était sûr de sa force, est déterminé à casser du Tigréen.

 

L’armée fédérale a ainsi annoncé la prise d’Alamata, une ville située à l’extrémité sud du Tigré, à seulement 120 km de Mekele, la capitale régionale. La victoire est sans doute encore loin, mais elle se rapproche petit à petit puisque, jusque-là, c’est surtout les villes de l’ouest comme Humera et Dansha qui ont été conquises.

 

A l’origine de cette flambée de violence, l’attaque lancée par le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) contre des bases des forces de défense nationale à Mekele le 4 novembre dernier.

 

Le FLPT accuse notamment le Premier ministre Oromo, arrivé au pouvoir en 2018, d’avoir progressivement mis sur la touche la minorité tigréenne qui, malgré sa faiblesse numérique (6% des 100 millions d’Ethiopiens), est restée pendant longtemps aux premières loges du pouvoir.

 

Les raisons de la colère tigréenne sont donc la perte de cette prédominance politique et des avantages qui y sont attachés. Le report des législatives qui devaient se tenir en août dernier n’a été finalement que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

 

Le plus grave dans cette malheureuse situation, c’est les risques de régionalisation du conflit avec le rôle trouble joué par l’Erythrée voisine, accusée de soutenir Addis-Abeba, et le drame humanitaire avec déjà près de 25 000 réfugiés qui ont traversé la frontière soudanaise.

 

La dimension que prennent les affrontements tient sans doute au fait que plus de la moitié de l’armée nationale, notamment ses divisions mécanisées, se concentre dans cette région, conséquence de la guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, voisine du Tigré.

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le pays n’avait vraiment pas besoin de ça, au moment où son économie était en pleine expansion avec des taux de croissances annuels parmi les plus hauts du monde.

 

Ce nouveau drame qui se joue au pays de l’empereur Haïlé Sélassié montre à souhait combien l’équilibre ethno- régional est bien souvent trop fragile dans nos Etats-nations en construction. Si non comment comprendre qu’en 2020, on raisonne toujours en termes de Tigréen, d’Omoro, d’Amhara ; de Soussou et de Malinké ; de Bété, de Baoulé et de Dioula ; de Peul et de Mossi ; de Yorouba, d’Haoussa et d’Igbo et que savons-nous encore ?

 

Ailleurs on se fout pas mal si le président français est Alsacien, Corse ou Breton ou si le locataire du bureau ovale vient de la Floride, de l’Arkansas, du Texas ou de l’Illinois. Ce qui importe, c’est comment il gère le pays dans l’intérêt de la collectivité.

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemardi, 17 novembre 2020 22:44

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