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Contestations postélectorales : L’exception burkinabè n’aura donc pas lieu ?

 

Le Burkina n’y fera donc pas exception. Comme on le craignait depuis quelques jours après les multiples sorties du chef de file de l’opposition sur le sujet, les élections couplées du dimanche 22 novembre 2020 augurent des lendemains de contestations.

 

 

Alors qu’hier dans l’après-midi la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a commencé à égrener ses résultats partiels provisoires, les candidats de l’opposition ont convoqué de nouveau les journalistes pour dénoncer une fois de plus de nombreux irrégularités et dysfonctionnements qui constituent selon eux des présomptions de fraude. Ils énumèrent une dizaine de griefs dont :

 

- la modification à la dernière minute du nombre et de la cartographie des bureaux de vote ;

 

- l’ouverture tardive et la non-ouverture de plusieurs bureaux de vote ;

 

- le refoulement d’électeurs parce que leurs noms ne figuraient pas sur les listes ;

 

- l’absence ou le retard dans l’acheminement du matériel dont, entre autres, les procès-verbaux ;

 

- le non-affichage des listes d’électeurs devant les bureaux de vote comme cela est prescrit par les textes ;

 

- le transport non sécurisé d’urnes sur les motos.

 

Conséquence de tout cela, Zéphirin Diabré et ses camarades affirment qu’ils n’accepteront pas « des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple ».

 

Ainsi que nous l’écrivions dans notre éditorial d’hier, le bazar électoral aura donc contribué à faire le lit de la contestation postélectorale dont on ne sait pas encore quelle forme elle va prendre.

 

Prendra-t-elle la forme seulement légale par des recours auprès du Conseil constitutionnel ou faut-il s’attendre à des manifestations de quelque nature que ce soit ?

 

D’ores et déjà, les 5 représentants de l’opposition à la CENI se sont retirés du processus. De leur propre chef, si l’on en croit une source proche du CFOP.

 

Du coup, la question se pose de savoir quelle répercussion peut avoir le retrait des 5 commissaires sur les 15 que compte l’institution. En principe, les 10 commissaires restants sont toujours en nombre suffisant pour délibérer puisque la loi électorale fixe le quorum à 8 membres.

 

Mais tout juste après le retrait des représentants de l’opposition, la CENI a annoncé suspendre la publication des résultats partiels provisoires qui devait reprendre ce matin.

 

Comme on le voit déjà, à défaut de gripper totalement la machine, le boycott peut à tout le moins l’enrayer et jeter un soupçon de discrédit sur le verdict des urnes.

 

De là à penser qu’il y a une stratégie de blocage qui est en train d’être mise en place étape après étape, il y a un pas que certains observateurs de la scène politique ont vite fait de franchir. Il faut dire que cette levée de boucliers de l’opposition intervient alors que les résultats, même partiels, semblent indiquer qu’on s’achemine vers un « win vouka » du candidat du parti au pouvoir, en attendant les grandes tendances.

 

On ne le dira jamais assez, il faut espérer que, de part et d’autre, la raison prévaudra pour ne pas entraîner le pays dans un conflit postélectoral violent parce que dans l’Etat où se trouve le Burkina il ne peut pas se payer le luxe d’une telle déflagration.

 

 

Hugues Richard Sama

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