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Naissances prématurées : «3 règles à respecter pour la survie de ces enfants» (Dr Sanwidi/Amoussou Myriam, pédiatre)

 

Selon l’OMS, environ 15  millions d’enfants naissent prématurément chaque année, ce qui représente 1 bébé sur 10, avec 1 million de décès par an. La prématurité constitue la première grande cause de décès des nouveau-nés, suivie  de l’asphyxie périnatale et des infections néonatales.

 

 

Le 17 novembre est  instituée la Journée mondiale de la prématurité. Dans ce cadre la  Société burkinabè de pédiatrie (SOBUPED) et la Société des Gynécologues-Obstétriciens du Burkina (SOGOB), à travers le Réseau de Périnatalogie du Centre, ont, le 24 novembre 2020, marqué le coup de la célébration sous le signe de la prévention. A cette occasion le Dr Sanwidi/Amoussou Myriam, pédiatre au Centre  de néonatologie du CHU pédiatrique Charles de Gaulle, nous a accordé  une interview sur le sujet, très préoccupant. 

 

 

 

Qu’est-ce qu’un prématuré ?

 

 

 

Un prématuré est un enfant né avant 37 semaines d'aménorrhée (environ 9 mois de grossesse). On distingue :

 

 - l’extrême prématuré : 22 à 27 SA (5 à 6 mois de grossesse) ;

 

 - le grand prématuré : 28 à 32 SA (6 à 7 mois et demi  de grossesse) ;

 

- le prématuré simple ou minime de 33 à 36 SA (7 mois et demi à 8 mois et demi de grossesse)

 

 

 

Quel est l’état des lieux de la prématurité au Burkina Faso ?

 

 

 

Au Burkina Faso, la prématurité constitue également la 3e  cause de décès (5%) dans les formations sanitaires, toutes causes confondues, adultes et enfants compris, après le paludisme (15,8%) et les infections néonatales (5,9%). En 2018, on a enregistré 16940 naissances prématurées sur 759 084, soit 2,2%.

 

Au CHU Pédiatrique Charles de Gaulle, depuis l’ouverture du nouveau centre de néonatologie en fin novembre 2019, 489 nouveau-nés ont été admis (au 31 octobre 2020) dont 150 prématurés dont les poids variaient de 600g à 1800g en moyenne, avec un taux de létalité élevé.

 

 

 

Quelles sont les causes de la prématurité ?

 

 

 

Elles sont multiples et parfois imbriquées:

 

Les plus fréquentes dans notre contexte sontliées à la mère , avec  entre autres, lesinfections (paludisme, infection urinaire, infection génitale…),  le diabète, l’hypertension artérielle pendant la grossesse, la malnutrition, les anémies, le fibrome utérin, les malformations utérines, les antécédents obstétricaux de prématurité et d’avortement tardif ; les intoxications (aux produits traditionnels, aux médicaments frelatés, à l’alcool et  au tabac et au bisphénol A contenus dans certains plastiques, cyanure,  et bien d’autres  polluants, etc. ).

 

D’autres causes sont liées au fœtus : il s’agit des grossesses multiples (jumeaux, triplés…), des infections et malformations chez le fœtus dont certaines sont liées à des infections peu ou asymptomatiques chez la mère (toxoplasmose, rubéole, syphilis,…).

 

Il y a en plus des causes liées à la grossesse elle-même  comme l’hydramnios (beaucoup de liquide amniotique), le placenta  bas inséré,  la béance du col, la rupture prématurée des membranes, les hémorragies…

 

Des facteurs socio-économiques comme la multiparité, la pauvreté,  les émotions, le stress, les âges extrêmes (femmes âgées de moins de 18 ans ou de plus de 35 ans), les mauvaises conditions socio-économiques (fatigue liée au travail professionnel ou familial, trajets pénibles, position debout prolongée, surmenage...) sont aussi à considérer.

 

Parfois, la prématurité peut être une décision médicale si le risque de poursuivre la grossesse est plus élevé que celui de déclencher un accouchement prématuré.

 

Dans certains cas,  aucune cause n’est trouvée (prématurité inexpliquée).

 

 

 

Que faire si l’accouchement prématuré est imminent ?

 

 

 

Compte tenu des complications de la prématurité, qui rendent  le nouveau-né vulnérable, il est souhaitable que toute grossesse à risque de naissance prématurée connue puisse bénéficier dans la mesure du possible d’un transfert du fœtus « in utero » (de la femme enceinte) dans une maternité disposant d’un service de néonatologie, afin que l’accouchement se fasse dans de bonnes conditions favorables à la survie du prématuré.

 

Toutefois, au cas où l’accouchement prématuré aurait lieu à domicile, utiliser un pagne propre et sec pour nettoyer le bébé, le poser sur le ventre de la maman pour garder le contact « peau à peau » et utiliser un autre pagne pour l’envelopper au contact corps à corps avec la maman, le mettre au sein si possible et les conduire rapidement dans un centre de santé.

 

 

 

Comment prend-on en charge un bébé prématuré ?

 

 

 

En respectant 3 règles essentiellement : premièrement, éviter qu’il ait froid en pratiquant le contact « corps à corps » ou la méthode kangourou ; deuxièmement éviter les infections, car ils sont nés immatures, donc immatures sur tous les plans et ont besoin de protection de leurs organes ; troisièmement éviter qu’ils aient faim afin de ne pas développer une hypoglycémie. Il faut s’assurer qu’ils peuvent s’alimenter et les mettre directement au sein. Ils doivent être alimentés plus régulièrement que les autres. Sinon ils peuvent perdre la vie rien qu’à cause d’un de ces éléments ou de tout mis ensemble. C’est pourquoi les parents d’un nouveau-né prématuré doivent éviter que les visiteurs le touchent et aussi éviter les purges et les gavages.

 

 

 

Ces enfants sont-ils exposés à des maladies particulières ?

 

 

 

Oui. Quand ils grandissent ils peuvent avoir une atteinte neurologique, des types d’hémorragie  au niveau du cerveau, des malformations cardiaques, des problèmes d’yeux. Ils ont besoin d’être suivis, car dans leur développement psycho-moteur ils peuvent avoir des retards. Mais ces complications surviennent surtout chez les grands et les extrêmes prématurés

 

 

 

Quelles sont les chances de survie d’un prématuré ?

 

 

 

Aujourd’hui on a la chance d’avoir des couveuses, de pratiquer la méthode kangourou. Pour cela ils ont une chance de survie s’ils sont adéquatement pris en charge très tôt.

 

 

 

Mais dans notre contexte, il y a un manque criard de couveuses dans les centres de santé.

 

 

 

Hélas oui. Et en plus du manque de couveuses, il y a  d’autres problèmes comme le manque de personnel qualifié, de  locaux adéquats pour recevoir les couveuses et autres matériels devant servir à la surveillance des prématurés. C’est donc le lieu de lancer un appel à nos autorités sanitaires et à toutes les bonnes volontés à un équipement adéquat des services de néonatologie, car il y va de la survie des prématurés.

 

 

 

Comment prévenir la prématurité ?

 

 

 

Pour prévenir la prématurité il faut  :

 

- éviter les travaux et les trajets pénibles (mauvaises conditions de transport, corvées d’eau,  travaux champêtres  après le 2e  trimestre de grossesse…) ;

 

- éviter les grossesses précoces (avant 18 ans) et tardives (après 40 ans) ;

 

- faire un suivi régulier des grossesses et surtout respecter les consignes données par le personnel soignant (dormir sous moustiquaire, faire la prévention antipaludique et antianémique, faire les bilans demandés, observer une bonne hygiène de vie) ;

 

- espacer les grossesses (au minimum 2 ans entre les grossesses) ;

 

- consulter en cas de fièvre, saignement, maux de tête, vertiges, gêne lors de l’émission des urines, pertes blanches, perte d’eau, douleurs abdominopelviennes persistantes, diminution des mouvements actifs du fœtus, convulsions, pertes de connaissance, gonflement des pieds…

 

- éviter le stress et les toxines.

 

Alima Séogo

 

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