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Audition de Sarkozy : La Justice toujours aux trousses de l’homme pressé

 

Retour au prétoire de Nicolas Sarkozy. Lundi dernier au tribunal correctionnel de Paris, l’ancien président français était appelé à répondre de l’affaire dite de Bismuth, un patronyme qui a permis au président de l’époque de converser pendant plusieurs mois, en 2004, avec son avocat Thierry Herzog, pour percer les secrets de la Cour de cassation. Eh bien, le vrai Bizmuth, Paul, s’est constitué partie civile pour demander réparation pour l’usurpation de son identité.

 

 

Pour l’instant, il s’agissait d’un bref passage pour Sarkozy, l’exercice ayant consisté en réalité à s’enquérir de son identité réelle. Caustique comme à l’ordinaire, et à l’évocation de son autre prénom moins connu, «Nagy-Bocsa», pour être en phase avec son état civil, l’avocat d’affaires passé par la mairie de Neuilly et l’exécutif avant la magistrature suprême n’a pas manqué de recadrer la juge d’un « Sarkozy, ça suffit… Pour l’instant, je n’ai pas eu besoin de l’utiliser ».

 

Depuis son départ de l’Elysée et la perte de son immunité, rarement un président, soit-il ex, aura eu la faveur des tribunaux et autant croulé sous le poids des accusations. A cette affaire qui lui a valu une comparution le lundi et qui doit en principe se poursuivre demain, ajoutons celles dites de Sarkozy – Kadhafi, de Bettencourt et du Bygmalion, toutes trois ayant trait au financement de sa campagne présidentielle de 2001. C’est dire que le surnom de « l’Homme pressé » dont a affublé la presse Sarko n’est pas usurpé, lui qui a accumulé bien des emmerdes.  Il est vrai que le personnage est assez sulfureux ; mais a-t-on besoin de chercher noise à un ancien président à ce point, comme si c’était un homme issu de la pègre ? L’accusation rétorquera qu’il n’y a sûrement pas de fumée sans feu.

 

Mais quelque part, voilà un président qui devient tout d’un coup un simple justiciable. C’est une scène irréaliste sous nos tropiques. C’est vrai qu’au Burkina, l’on a pour habitude de juger nos anciens présidents – les Maurice Yaméogo, Lamizana, Saye Zerbo et Jean-Baptiste Ouédraogo sont passés sous les fourches caudines de la justice – parfois pour des prunes ou des raisons idéologiques. C’est un secret de Polichinelle que le retour de Blaise Compaoré est même suspendu aux chefs d’accusation prêts à être sortis des tiroirs, notamment dans l’affaire Sankara, au cas où l’idée lui prendrait de fouler le sol qui l’a vu naître.

 

Même si le cas Burkina est à ranger dans le registre des exceptions qui confirment la règle, bien des hommes forts du moment prennent désormais le malin plaisir de se tailler des lois d’amnistie, à la hauteur de leurs péchés, gravées dans le marbre de la Constitution. Souvent même, ce n’est psas sur leur propre initiative, l’objectif étant de leur éviter de vouloir pousser des racines sous le fauteuil présidentiel, libérés de l’épouvantail qui consisterait à leur faire traîner de bruyantes casseroles dès qu’ils ne seront plus aux affaires.

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 25 novembre 2020 22:08

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