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Yéli Monique Kam, candidat malheureuse à la présidentielle: «Si je suis appelée au gouvernement, j’irai servir mon pays»

Quelques jours après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, la seule femme qui était en lice, Yéli Monique Kam, est retournée à ses ateliers.  La « Yennenga de l’éducation », arrivée 12e sur 13 candidats, a repris son travail de directrice générale de SAGER, une société de courtage en assurances. Mais elle n’entend pas renoncer à son engagement politique. Dans cette interview qu’elle nous a accordée le 1er décembre à son bureau, elle s’est dit disponible pour « servir son pays » si on lui fait appel.

 

 

Comment vous sentez-vous physiquement et moralement après cette élection ?

 

Physiquement je suis un peu épuisée, mais je reprends vite des forces. Et en plus, je suis chef d’entreprise. J’ai repris mon travail de directrice générale de SAGER, société de courtage d’assurances. Moralement je suis satisfaite de mon engagement politique. Mon message sur l’éducation a été entendu.

 

Est-ce que cette absence de la patronne n’a pas provoqué des plaintes de vos clients ?

 

J’ai une équipe qui a assuré le relais. Et cette équipe a fait un formidable travail de suivi des clients. Nos partenaires et clients m’ont transmis leur satisfaction lorsque j’ai repris. En assurances, nous avions quelques renouvellements à faire en fin d’année. Je suis là pour leur apporter un appui, sinon ils ont fait un travail formidable à mon absence.

 

Les gens ont découvert une femme pleine d’entrain pendant cette campagne. Certains se demandent ce qu’elle pourrait bien prendre cette dame au réveil pour être aussi tonique…

 

Je rends grâce à Dieu pour, comme vous le dites, mon attitude remarquable pendant la campagne. C’est un don naturel. En plus j’évolue dans le secteur privé qui est un monde dynamique avec des acteurs économiques pleins de charisme.

Pour revenir à votre question, si cela est important, au réveil je prends une tasse de bouillie de petit mil accompagnée de galettes.

 

Vous étiez partie à ce scrutin pour gagner comme vous l’avez dit. Au finish, comment appréciez-vous votre performance après la publication des résultats ?

 

En réalité, ma performance a été un exploit pour une femme burkinabè qui brigue pour la première fois la magistrature suprême. Je n’ai que de bons souvenirs, des moments d’enthousiasme, des moments de communion et de partage avec les populations. Partout au Burkina, dans l’arrière-pays, même dans la diaspora, des Burkinabè m’ont accordé leur confiance et m’ont votée pour diriger notre pays. Je les en remercie. Certes, mon score ne m’a pas permis de remporter la victoire, mais chacun écrit son histoire. La mienne est un processus, une démarche méthodique de construction. Mon projet de société, centré sur une éducation compétitive et citoyenne, a été entendu partout au Burkina. J’y vais avec cœur, avec volonté. J’ai la conviction que mon combat portera des fruits et l’image de la femme va s’améliorer

 

Vous êtes arrivée 12e sur 13 candidats. Est-ce un lot de consolation d’avoir au moins dépassé quelqu’un ?

 

Ma consolation est que des Burkinabè m’ont fait confiance et m’ont votée pour diriger notre pays.

Quels leçons et enseignements tirez-vous de votre participation à l’élection présidentielle ?

 

L’un des enseignements tirés, c’est que le peuple burkinabè a besoin de changement. Le peuple a compris qu’il peut obtenir ce changement à travers une femme dans un processus orienté objectif et résultat. Cela veut dire que je dois travailler davantage avec mon équipe pour mériter la confiance des populations et, lors des prochaines élections, mobiliser davantage pour être victorieuse. Ce processus est déjà en marche, et nous avons la conviction que nous allons atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés.

 

Il y a beaucoup de suspicions autour de cette élection avec les nombreux dysfonctionnements et irrégularités. Pour avoir été vous-même candidate, quel est votre avis sur la question des fraudes dont ont parlé certains candidats ?

 

Le contexte de ces élections est assez difficile. C’est un contexte marqué par une double crise, sanitaire et sécuritaire. Le code électoral est entré en vigueur cette année et était à l’épreuve de son premier exercice. L’enrôlement s’est déroulé en pleine pandémie de covid19. Voilà toutes les difficultés d’avant le processus ; pendant le processus, les acteurs sont unanimes sur les dysfonctionnements et les irrégularités qui ont émailléle scrutin. A mon avis, une vraie réflexion est à mener avec l’ensemble des forces vives pour qu’ensemble nous définissions le mode de scrutin qui soit adapté à nos réalités.

 

Estimez-vous que celui qui a été déclaré vainqueur par la CENI est le vrai vainqueur de cette élection ?

 

La démocratie, c’est le choix du peuple, et le peuple s’est exprimé dans les urnes. Les résultats provisoires donnent monsieur Roch Kaboré vainqueur. Nous respectons le choix du peuple.

 

Comme d’autres candidats, vous êtes allée féliciter le vainqueur provisoire. Quel est le sens de cet acte ?

 

Mon acte est un acte républicain qui renforce la démocratie et participe aussi à renforcer la paix et la cohésion dans notre pays.

 

Qu’est-ce que vous vous êtes dit lors de vos échanges avec le président si ce n’est pas secret ?

C’est un échange de courtoisie pour le féliciter et reconnaître le choix du peuple qui l’a reconduit à la tête de notre pays. C’est tout ce qu’on s’est dit.

 

Pour certains, ceux qui sont allés féliciter le président élu voulaient par la même occasion se mettre en réserve pour la République. Au cas où le chef de l’Etat ouvrirait son gouvernement et qu’on vous proposait un poste, allez-vous vous y répondre favorablement ?

 

Servir son pays est un droit fondamental. Ce droit est garanti dans la Constitution du Burkina. Tout Burkinabè jouissant de ses droits est mis en réserve pour la République. Tous les Burkinabè sans distinction ont le droit de participer à la vie publique, à la gestion des affaires publiques. A ce titre, la personnalité politique que je suis est disponible pour participer à la gestion des affaires publiques. Si je suis appelée, j’irai servir mon pays.

 

Comment voyez-vous votre avenir politique après ce scrutin ? Est-ce une parenthèse qui se referme ou avez-vous déjà des projections ?

 

Mon engagement politique ne saurait être une parenthèse. J’ai une offre politique pertinente, centrée sur une éducation de qualité pour remettre le Burkina Faso sur la voie du développement humain, durable et intergénérationnel. Nous poursuivons la mise en œuvre de notre projet de société pour le développement des communautés, et dans ce processus nous travaillons à convaincre nos élites et les populations de l’importance de l’éducation afin de nous garantir une majorité lors des prochaines élections. 

 

Si ce n’est pas indiscret, combien vous a coûté cette campagne ?

 

Les coûts des cautions et des imprimés sont estimés à 28 millions. A cela il faut ajouter les frais de logistique, d’intendance pour la campagne. Vous pouvez aisément calculer combien peut coûter une campagne.

 

Pour vous c’était un investissement nécessaire ?

 

C’est mon engagement politique qui compte. J’avais un message pour la population, et ce message a été entendu. C’est ça, ma satisfaction.

 

Interview réalisée par

Rabiatou Congo

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