Menu

Transition au Mali : Le hold-up des militaires définitivement consommé

Exit le Comité national de salut du peuple (CNSP), l’organe de décision mis en place par les putschistes du 18 août 2020 ; vive le Conseil national de Transition (CNT), l’Assemblée nationale transitoire. Avec sa séance inaugurale tenue le 5 décembre dernier, le Mali  est enfin toute voile institutionnelle dehors pour une traversée de 18 mois à destination d’une IVe République.

 

 

Et le commandement du navire est bien militaire avec l’élection du colonel Malick Daw, le numéro 2 de la junte, à la tête du CNT.

 

 

« Election » est en fait un bien grand mot, bichonné comme l’a été l’officier qui fait désormais office de président du Parlement transitoire. En effet, Malick Daw était le seul candidat à ce poste et si sûr de son fait ou de son forfait, c’est selon, qu’il est arrivé au Centre des conférences de Bamako samedi dernier, avec son discours d’investiture dans la poche. Il n’a pas eu tort. Par 111 voix sur 118 votants, il a été plébiscité à la tête des 121 représentants des organisations de la société civile, des partis politiques, des syndicats et des forces de défense et de sécurité qui feront désormais office de députés du Mali pendant les 18 prochains mois.

 

Avec un président de la République, colonel major à la retraite, flanqué d’un vice-président, colonel lui aussi et chef de la junte, son second désormais aux commandes du CNT, la Transition malienne est résolument en treillis militaire, au grand dam de ceux qui la voulaient civile. Assimi Goïta, Malick Daw et autres conjurés n’ont pas seulement joué la montre avec la CEDEAO, ils ont aussi rusé avec la classe politique malienne pour parvenir à leurs fins : accaparer les leviers du pouvoir. Ainsi, avec le parachutage du colonel Malick Daw à la tête du CNT, après l’accaparement des portefeuilles stratégiques du gouvernement comme la Défense, la Sécurité, l’Administration du territoire, les Infrastructures et les Mines par des officiers ou des proches de la junte sans oublier certains gouvernorats de régions, personne ne se fait plus d’illusions, le hold-up des militaires est définitivement consommé sur la transition. La IVe République sera ce qu’Assimi Goïta et ses compagnons de la junte voudront qu’elle soit.

 

Les rescapés du Mouvement du 5-juin, celui-là qui avait harcelé le pouvoir d’IBK au point de pourrir la situation faisant le lit du coup d’Etat du 18 août 2020, n’ont plus que leurs yeux pour pleurer d’avoir été payés en monnaie de singe. C’est connu, les leaders des partis politiques membres de ce front ont toujours souhaité une plus grande responsabilisation des civils, dont leurs chefs, dans la conduite de la Transition. Il faut croire qu’ils ont perdu cette bataille en attendant de perdre la guerre, celle d’éloigner l’armée de la sphère politique.

 

 

Au contraire, c’est à croire qu’en même temps que les ténors du Rassemblement du peuple malien, le parti d’IBK, la junte aux commandes de l’Etat veut renvoyer tous les leaders politiques maliens à leurs chères études sur la démocratie. A ce rythme, il ne serait pas étonnant qu’à la fin de la Transition, un de la junte abandonne opportunément ses galons d’officier par démission ou retraite anticipée pour se faire élire président de la république. Si tel devait être le cas, alors la classe politique actuelle du Mali aurait bu jusqu’à la lie la coupe de sa marginalisation.

La rédaction

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut