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Second tour présidentielle Niger : La cerise sur le gâteau démocratique

 

Ça ne sera  donc pas pour cette fois-ci. Dans un pays où personne n’est encore parvenu à gagner une présidentielle par le fatidique coup K.O, Mohamed Bazoum n’est pas parvenu à vaincre le signe indien, ou plutôt nigérien.

 

Le candidat du Parti nigérien pour le  développement et le socialisme (PNDS-Tarayya),  avec 1 879 543 voix (39,33%) sur 4 778 573 suffrages exprimés est certes arrivé en tête des trente prétendants selon les chiffres provisoires du premier tour de l’élection du 27 décembre, proclamés le samedi 2 janvier 2021 par la Commission électorale nationale indépendante  mais il devra disputer un second tour le 20 février 2021 face à Mahamane Ousmane. Le porte-drapeau du Rassemblement démocratique et républicain (RDR Tchandji ) est en effet arrivé deuxième avec 811 838 voix, soit 16,99%. Pour ne parler que de ceux qui ont franchi la barre des 5%, suivent respectivement Seini Oumarou du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) crédité de 8,95% pour 427 623 voix,  Albadé Abouba du Mouvement patriotique pour la république (MPR-Jamhuriya) avec 7,07% et Ibrahim Yacoubou du Mouvement patriotique nigérien (MPN Kishin-kassa)  (5,38%).

 

C’est dans une certaine mesure une petite surprise car même si les duels au sommet font partie de l’histoire démocratique du Niger, le champion de la « Coalition Bazoum 2021 » était arrivé aux urnes avec un avantage comparatif certain sur ses concurrents. Cela fait en effet dix ans que son parti est au pouvoir et de ce fait, a pu renforcer son assise territoriale, comme on l’a du reste vu lors des élections locales du 13 décembre qui ont servi de répétition générale avant la présidentielle. Ajoutez à cela les moyens conséquents que procure l’exercice du pouvoir d’Etat et une machine électorale bien huilée ainsi qu’on a pu s’en apercevoir durant les trois semaines de campagne et on finissait de se convaincre que le coup K.O était dans les cordes de M.B.

 

Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette relative contreperformance du dauphin désigné de Mahamadou Issoufou, qui ne pouvait pas se représenter après avoir épuisé ses deux mandats constitutionnels et qui s’est bien gardé de tripatouiller la loi fondamentale pour jouer indûment les prolongations comme tant et tant d’autres de ses pairs ? Sans doute, en autres raisons,  le ralliement de Hama Amadou à l’Ex-chef de l’Etat (1) y a-t-il été pour quelque chose. Disqualifié par la cour constitutionnel pour sa condamnation dans le dossier des bébés trafiqués, Hama+ (dont le parti s’est classé deuxième aux législatives avec 19 députés) a effectivement appelé à voter Mahamane Ousmane qui aura du reste obtenu un autre soutien, minime celui-là, d’Amadou  Aboubacar Cissé. L’inflation des candidatures et donc, l’éparpillement des votes de ceux qui ne peuvent pas traire la vache mais peuvent très bien renverser la calebasse de lait a pu aussi jouer. Et, qui sait, le nauséabond procès en nationalité douteuse, instruit par certains de ses adversaires contre l’enfant de Tesker et qui, à défaut de prospérer au prétoire, a pu l’être dans les urnes. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’après avoir accompli son devoir civique, le président sortant parlait de « détribaliser les mœurs politiques » au Niger.

 

Rendez-vous donc le 21 février pour la finale des Zindérois (les deux sont originaires de Zinder) qui s’annonce indécise et un mercato électoral qui promet. Avec, dans le rôle d’arbitres, les candidats malheureux, notamment ceux arrivés 3è, 4è et 5è qui totalisent plus d’un million de voix, soit  environ 21% et qui feront l’objet d’une cour assidue. Certes, les suffrages appartiennent aux électeurs et non aux candidats mais si les consignes de votes de ces derniers sont suivies d’effet, elles peuvent être déterminantes sur l’issue du combat. Va-t-on assister à un TSB, entendez à un Tout Sauf Bazoum où le front de l’opposition va-t-il, comme c’est souvent le cas en pareille circonstance, se lézarder en fonction des offres qui seront faites ? De la réponse à cette question dépendra  l’identité de la personnalité qui raflera la mise de la nouvelle partie qui a déjà commencé.

 

Tout bien pensé, le fait que le favori de la compétition ne soit pas  passé comme une lettre à la poste de Niamey n’est pas si mauvais que ça, l’essentiel étant de sortir victorieux à la fin. Non seulement cette petite cerise sur le gâteau démocratique nigérien  va contribuer à désamorcer une petite tension post-électorale qui commençait à naître sur fond de déclarations comminatoires des opposants qui criaient déjà au hold-up mais également elle  renforce  l’image de modèle  du pays d’Amani Diori où, pour la première fois depuis l’indépendance en 1960, une dévolution du pouvoir se fera en avril prochain entre deux présidents civils démocratiquement élus. N’est-ce pas là une belle leçon que gagneraient à assimiler toutes ces démocratures tropicalisées où un seul parti domine les autres de la tête et des pieds avec des scores soviétiques ?

 

 

 

LA REDACTION                           

 

(1) Premier président démocratiquement élu en 1993 après la conférence nationale souveraine, il avait été renversé en 1996 par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara

 

Dernière modification lemardi, 05 janvier 2021 22:51

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