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Présidentielle au Tchad : l’insatiable Idriss Deby

Le 11 avril 2021, à moins d’un improbable coup de théâtre, le président Idriss Deby devrait rempiler pour un sixième mandat de président du Tchad ; le premier, pour 6 ans renouvelable une fois.

 

Dans cette perspective, le 9e congrès ordinaire de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS), l’a investi candidat le samedi 6 février dernier. Une investiture sans surprise, couronnement des sollicitudes de ses partisans qui, à travers plusieurs déclarations et manifestations dans le pays depuis des mois, réclamaient qu’il se portât candidat.

 

 

De cette investiture on dira que c’est un non-évènement. En effet, rien de nouveau sous nos tropiques où le culte des indispensables présidents-fondateurs a de beaux jours devant lui. Tout se passe suivant le même scénario risible : des présidents sortants font mine de renoncer à se présenter aux élections, leurs thuriféraires agitent alors villes et villages pour faire remonter jusqu’à leurs oreilles, patriotiques, des suppliques les invitant à continuer de faire don de leur personne pour le salut national.

 

 

Ce « dévouement » à son pays, Idriss Deby s’y consacre au plus haut sommet de l’Etat depuis plus de 30 ans. Il n’est cependant pas prêt à passer la main même si, en 2018, il a fait adopter une nouvelle Constitution qui limite désormais les mandats présidentiels à 2, de 6 ans chacun. C’est dire que si son horloge biologique le lui permet, et s’il peut continuer de tenir le Tchad en laisse, Idriss Deby, au pouvoir depuis décembre 1990, pourrait y rester jusqu’en avril 2033. Encore que celui qui s’est élevé au grade de maréchal, pourrait encore tripatouiller la Constitution pour un pouvoir ad vitam aeternam.

 

En attendant 2033, l’opposition tchadienne et une partie des organisations de la société civile trouvent, face aux 30 ans de pouvoir, que trop c’est trop, et qu’Idriss Deby devrait être disqualifié pour la prochaine présidentielle. Mais les manifestations organisées à Ndjamena pour dénoncer cette énième candidature du président sortant ont eu l’effet d’un duvet sur une carapace de dinosaure. Vite dispersées, elles n’ont pas perturbé l’insatiable Maréchal du Tchad et ses adulateurs du MPS. C’est, comme qui dirait, les chiens aboient, la caravane passe, et Deby avec, pour un 6e mandat de président du Tchad.

 

En cela, l’ancien maquisard n’a pas inventé la roue. Surtout pas dans cette région de l’Afrique centrale peuplée de dinosaures politiques fossilisés sur leurs fauteuils présidentiels : Paul Biya au Cameroun, Denis Sassou Nguesso en République du Congo, Mathias Obiang Nguema en Guinée Equatoriale sans oublier la dynastie des Bongo Odimba au Gabon. Le disciple Idriss Deby est donc à la hauteur des péchés de ces maîtres en longévité présidentielle qui donnent un visage hideux de la démocratie en Afrique.

Hélas, les mauvais exemples de l’Afrique centrale ont fait tache d’huile en Afrique de l’Ouest où Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Alpha Condé de la Guinée n’ont pas fait honneur à leur âge et surtout à leur combat d’une certaine époque pour la démocratie et l’alternance politique.

Ainsi vont les républiques bananières avec leurs présidents-fondateurs insatiables de pouvoir. Ils ne manquent pas de subterfuges pour subjuguer leurs peuples sur leur prétendu don de soi pour le salut national. Mais il faut leur rappeler, à toutes fins utiles, qu’ « on peut tromper une partie du peuple tout le temps, mais jamais tout le peuple tout le temps 

 

La Rédaction  

Dernière modification lemardi, 09 février 2021 22:08

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