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Second tour présidentielle nigérienne: Le premier vainqueur, c’est le Niger

Hier dimanche 21 février 2021, les 7,4 millions d’électeurs nigériens étaient de nouveau convoqués aux urnes pour, cette fois, départager Mohamed Bazoum du parti nigérien pour le développement et le socialisme (PNDS-Tarraya) et Mahamane Ousmane du RDR-Tchandji.

 

 

A l’issue du premier tour de la présidentielle le 27 décembre 2020, dans un peloton touffu d’une trentaine de candidats, les deux finalistes avaient obtenu respectivement 39,30% et 16,99% des voix. Des résultats qui respectaient pour ainsi dire la tradition au pays d’Hamani Diori puisque depuis le début de l’ère démocratique en 1990, aucun prétendant n’était parvenu à l’emporter d’un coup K.-O. Et voilà donc les qualifiés et leurs soutiens respectifs repartis pour une nouvelle campagne électorale, question de consolider leurs bastions, de grappiller quelques suffrages dans des zones qui leur sont traditionnellement hostiles tout en faisant les yeux doux aux abstentionnistes rétifs et aux indécis du tour initial, qui pourraient peser lourd dans la balance électorale s’ils décidaient de ne pas aller taquiner la carpe.

 

 

Au cours du mercato électoral de l’entre-deux tours, le porte-drapeau de la « Coalition Bazoum 2021 » aura en tout cas fait les plus grosses prises sur les bords du fleuve Niger : le mercredi 3 février dernier en effet,  Seini Oumarou et Albadé Abouba lui ont annoncé officiellement leur ralliement et c’est bras dessus bras dessous qu’ils s’affichaient sur les supports de campagne et dans les meetings.

 

Arrivés troisième et quatrième au tour précédent, les faiseurs de roi du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) et du Mouvement patriotique pour la république (MPR-Jamuhriya) avaient été crédités de 8,95% et 7,07 % des suffrages exprimés. C’est dire s’ils  ont été particulièrement courtisés par chacun des deux prétendants, car de leur décision dépendait dans une grande mesure la victoire finale. N’étant pas parvenu à les rallier à sa cause, l’ancien président, lui, s’est contenté de poids mouches à l’image d’Ibrahim Yacouba (5,38%),  du « putschiste vertueux » Salou Djibo avec ses 2,98%, d’Omar Hamidou Tchiana (1,6%), de Djibrilla Baré Mainassara (0,36%) ou encore d’Amadou Boubacar Cissé (0,35%).

 

 

Autant dire que c’est un soutien de poids qu’a obtenu le candidat de la majorité sortante qui, à défaut de réaliser le coup K.-O comme l’espéraient ses partisans, a, sauf improbable séisme politique, toutes les chances de transformer l’essai du 27 décembre dernier. Théoriquement en effet, c’est 16% des suffrages, représentant quelque 800 000 voix, qu’Oumarou et Albadé ont mis dans le trousseau de mariage, ce qui, additionné à la mise initiale de l’enfant de Tesker, le propulse tout aussi théoriquement à 55%. Les autres soutiens mineurs, les petits ruisseaux formant les grandes rivières, se chargeront de mettre un peu de beurre sur ses épinards électoraux.

 

 

Certes, l’affaire n’est pas encore totalement dans la besace   dans la mesure où une élection démocratique n’est pas une simple équation arithmétique. Certes, une chose est que les états-majors des partis scellent des accords d’appareils, une autre est de faire respecter les consignes de vote par les militants, les suffrages appartenant en définitive aux électeurs seuls.Mais alors que la journée électorale s’est déroulée grosso modo « dans le calme et la sérénité » selon la formule bien connue et que la nuit électorale a été particulièrement longue dans les états-majors des partis, pour les organisateurs de la CENI et les observateurs, on peut donc considérer sans grand risque de se tromper que le successeur désigné du président Mahamadou Issoufou est sur un boulevard qui mène sur la plus haute marche du podium républicain.

 

Il faut seulement espérer que le verdict des urnes, quel qu’il  soit, aura l’autorité de la chose jugée par le peuple et que les politiciens ne sacrifieront pas la paix sociale sur l’autel de leurs ambitions contrariées. Après tout, c’est le Niger qui y gagnerait parce que son président sortant, après ses deux mandats constitutionnels, a su résister aux chants des sirènes du troisième bail (voire plus)  auxquels tant et tant d’autres ont succombé et que, pour la première fois depuis l’indépendance du pays en 1960, un président démocratiquement élu passera le témoin début avril, à un autre qui l’aura été tout autant. N’est-ce pas là une belle leçon de démocratie et d’alternance dont tous les Nigériens, toutes convictions politiques confondues, devraient être fiers ?

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 22 février 2021 22:30

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