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Double attaque de Kafolo et de Kolobougou : Le ver terroriste est-il entré dans le cacao ivoirien?

 

C’est une mise en garde qui aujourd’hui a une résonance particulière : début février, le chef de la DGSE, le service de renseignement extérieur français, prévenait : «Le groupe terroriste Al-Qaïda au Sahel nourrit un projet d’expansion dans le Golf de Guinée, particulièrement en Côte d’Ivoire et au Bénin». Et Bernard Emié d’appeler ces deux Etats à prendre les dispositions nécessaires pour contrer la menace.

 

 

Quelque deux mois après cette sonnette d’alarme, le pays d’Houphouët-Boigny s’est réveillé au son des armes qui  ont opposé les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI) à des assaillants dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 mars 2021.

 

Une double attaque a en effet visé le poste mixte de Kafolo et le poste de gendarmerie de Kolobougou, deux localités situées près de la frontière burkinabè. Le premier assaut a été mené selon l’armée ivoirienne par une soixantaine d’assaillants. Le bilan provisoire fait état de cinq militaires tués et  de  trois terroristes abattus. Un gendarme est lui tombé dans la seconde attaque à Kolobougou, à quelques kilomètres  à l’est de Kafolo.

 

Voilà donc les forces du Mal qui se rappellent aux mauvais souvenirs des Ivoiriens, car quand bien même la situation sécuritaire serait moins préoccupante que celle qui prévaut chez les voisins malien et burkinabè, ce n’est pas la première fois que le pays se retrouve dans l’œil du cyclone.

 

Dans la nuit du 10  au 11 juin 2020, une première attaque  avait visé ce même poste de Kafolo, faisant 14 morts parmi les soldats. Bien avant ça, il y a eu l’attentat contre la station balnéaire de Grand-Bassam le 13 mars 2016 qui a coûté la vie à 19 personnes.

 

Au regard du caractère encore sporadique de ces incursions terroristes, on ne peut pas affirmer que la Côte d’Ivoire est devenue une cible privilégiée des groupes qui sévissent plus au nord, mais la situation est suffisamment alarmante pour être prise au sérieux, et tout porte à croire que le ver terroriste est déjà dans le fruit, pour ne pas dire dans le cacao ivoirien. La présence de cellules dormantes n’est plus une vue de l’esprit mais une réalité.

 

Ce glissement du péril sécuritaire des sables mouvants du Sahel vers l’océan Atlantique serait-il dû à une montée en puissance des armées des Etats de la ligne de front qui a poussé le mauvais grain à migrer vers d’autres cieux où elle espère s’implanter et donner des fruits?

 

En tout cas, cette double attaque en terre ivoirienne remet au goût du jour le projet de création d’un G5 qui inclut certains pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Ghana et le Sénégal.

 

Face à cette menace commune, on ne cessera jamais de le souligner, même si certains sont déjà sur la bonne voie, la nécessite de mutualiser les efforts contre cette vermine terroriste qui se soucie des frontières comme d’une guigne.

 

Hasard du calendrier ou relation de cause à effet,  pendant qu’Abidjan se réveillait avec la triste nouvelle des attaques, un contingent tchadien de 1200 hommes est enfin arrivé hier matin dans la zone dite des « Trois frontières» qui unit dans le sang le Burkina, le Mali et le Niger.

 

Si on ne peut pas affirmer à coup sûr que le débarquement avec armes et bagages des «Déby’s boys», après des mois de retard, mettra fin à la furie terroriste dans ce triangle de feu,  on a l’espoir que la venue de ces guerriers du pays de Toumaï, dont on connaît la réputation, va être un tournant décisif dans cette guerre contre Abou Walid al-Sahraoui, le chef de l’Etat islamique dans le Grand-Sahara, et ses enragés, ainsi que contre tous les autres groupuscules qui pullulent dans le fuseau centre.

 

 

Hugues Richard Sama

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