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Détournement des vivres de déplacés : Charité bien désordonnée commence par soi-même

 

Ce texte n’est pas le fruit de l’imagination quoique fertile d’étudiants en droit ou journalisme qui s’essaient dans la narration judiciaire. Ce sont des faits réels et ça se passe dans la région du Centre-Nord, et l’information a été relayée par L’Observateur paalga dans son édition de lundi passé. Lisez plutôt : « Selon des sources concordantes, cinq personnes impliquées dans une affaire de détournement de vivres et de numéraire « cash » destinés aux personnes déplacées internes (PDI) de la commune rurale de Pissila, province du Sanmatenga, ont été déférées la semaine dernière à la Maison d’arrêt et de correction de Kaya. Et cela, à la suite d’auditions effectuées par la police judiciaire de Kaya.

 

 

Parmi les personnes mises sous mandat de dépôt, figure un responsable du service social de la mairie. Tout serait parti d’une enquête diligentée par la police judiciaire sur l’assistance humanitaire apportée aux personnes déplacées qui, ayant fui les attaques terroristes dans leurs localités d’origine, ont trouvé refuge dans le centre-ville de Pissila. Selon les données des services de l’action humanitaire, le nombre de PDI accueillies dans la commune de Pissila est estimé à plus de 40 000. ».

 

Oui, vous avez bien lu. On n’ose même pas imaginer ! Il est vrai que de tous temps, les détournements, notamment de vivres, ont été monnaie courante sous nos tropiques. Et toutes les entités et les maillons de la chaîne ne se font pas prier pour mettre la main dans le sac. Des responsables aux représentants locaux en passant par les petites mains qui n’hésitent pas à se lécher les doigts selon l’excuse consacrée de celui qui sustente un bébé. En temps de paix déjà, l’attitude est déplorable. En temps de guerre, il est criminel que ceux qui sont censés voler au secours des pauvres hères que sont les réfugiés jouent aux voleurs de bas étage. C’est une ignominie que de prélever dans la sébile d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont été dessouchés sans ménagement de leur milieu de vie.

 

Et ça veut ensuite parler de morale à ses enfants. Et avec ça, comment voulez-vous que ceux qui volent à notre secours, ces bailleurs de fonds qui sont pour la plupart des Occidentaux, nous prennent au sérieux quand notre case brûle. Il faut espérer que la procédure enclenchée va résolument se poursuivre et que les fautifs soient châtiés à la hauteur de leur gloutonnerie. Vivement que les bénéficiaires finaux de ces aides soient aussi réglos. Il n’est pas rare en effet de voir les mêmes produits qui leur ont été distribués sur la place du marché. L’excuse est toute trouvée : il faut vendre, le mot bazarder siérait plutôt, une partie  du don pour améliorer la ration alimentaire, en se fournissant notamment en viande.

 

 

Issa K. Barry

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