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Réaménagement ministériel: Roch reprend la Défense

Le réaménagement ministériel tant attendu a donc eu lieu.

48 heures après son adresse à la Nation dans laquelle il avait annoncé une série de «mesures idoines» pour  répondre à la crise sécuritaire, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a signé hier mercredi 30 juin 2021 trois décrets qui procèdent à de légers réajustements de l’Exécutif.  

Comme on s’en doutait depuis un certain temps, le ministre de la Défense, Chérif Sy, et son collègue de la Sécurité, Ousséni Compaoré, ont été remerciés et sont remplacés respectivement par le chef de l’Etat lui-même et celui qui était jusque-là le ministre délégué de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur, Maxime Koné.

En les congédiant, le locataire de Kosyam satisfait ainsi à une partie des revendications de l’opposition et de l’opinion d’une manière générale. A cela s’ajoute la défiance des policiers vis-à-vis de leur ministre de tutelle, lequel s’est vu refuser par des flics en colère l’accès aux obsèques des 11 policiers tués sur l’axe Foubé-Barsalogho le 21 juin dernier. On imagine bien que dans ce climat il était difficile pour Ousséni Compaoré de disposer encore de toute l’autorité nécessaire pour commander  la troupe.

Que les deux fraîchement déflatés soient les principaux responsables de la chienlit sécuritaire dans laquelle nous pataugeons ou juste de simples boucs émissaires, le chef de l’Etat n’avait pas vraiment d’autre choix que de sauter ces fusibles pour protéger toute la mécanique gouvernementale.

Le fait majeur de ce lifting gouvernemental reste la prise en main du portefeuille de la Défense et des Anciens Combattants par le chef suprême des armées en personne. En fait, on devrait parler de reprise puisque au début de son mandat, il avait cumulé ce maroquin avant de se décharger au profit de Jean-Claude Bouda. Mais cette fois, Roch a pris le soin de se flanquer d’un ministre délégué en la personne du colonel-major Aimé Barthélémy Simporé qui était depuis février 2020 le directeur général du Centre national d’études stratégiques.

Ça doit être avec un certain déchirement qu’il s’est résolu à cette solution, lui qui avait toujours clamé haut et fort qu’il ne voulait pas de militaires dans son gouvernement. Quelque part, il se sera donc dédit, même si la promesse qu’il s’était faite était loin d’être un dogme canonique avec lequel il ne fallait pas transiger. Certains pourraient même y voir une forme de courage ou de réalisme politique qui consiste à ne pas s’entêter inutilement et à reconnaître avec humilité qu’on s’est peut être fourvoyé. Il n’y a aucune honte à cela.

Pour ceux qui les connaissent, les ministres Aimé Barthélémy Simporé et Maxime Koné en ont à revendre.

Le premier, officier d’infanterie des forces armées nationales est diplômé de l’Ecole de guerre du Cameroun. Il a participé à la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINURCA) et a occupé les fonctions de chef de la division Opérations de l’état-major général des armées et attaché de Défense près l’ambassade du Burkina à Washington aux Etats-Unis.

Le second, juriste de formation, passe à 46 ans pour être un expert en sécurité et en défense. Il est notamment diplômé du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris. Ancien député, il est l’auteur de l’ouvrage «Chronique sécuritaire 2019 au Burkina» dans lequel il livre une analyse de la situation sécuritaire actuelle.

Théoriquement donc les deux ont la tête de l’emploi. Il leur restera maintenant à en faire la preuve sur le terrain et c’est une autre paire de manches.

On aurait tort d’ailleurs de penser que leur seule nomination suffira à nous tirer d’affaire. C’est en effet tout le système de défense et de sécurité qui mérite d’être revu et corrigé en profondeur. De ce point de vue, c’est peut être les premières décisions d’une série de mesures qui vont toucher les différents maillons de l’appareil sécuritaire, à commencer par le commandement.

Mais cela suffira-t-il pour convaincre Eddie et ses troupes de mettre balle à terre, eux qui ont déclaré qu’ils ne comptaient pas renoncer à leur marche-meeting prévue en principe les 3 et 4 juillet sur l’ensemble du territoire malgré l’appel du chef de l’Etat à surseoir à leur mouvement ?

 

Hugues Richard Sama

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