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Une Lettre pour Laye : Le procès Sankara pas encore programmé

 

Cher Wambi,

 

 

Comme d’habitude durant toute la saison d’hivernage, je commence ma lettre par la situation hebdomadaire de la pluviométrie sur l’ensemble du territoire national. Ainsi au cours de la semaine du jeudi 22 au mercredi 28 juillet 2021, les quantités d’eau recueillies par les services de la Météo se répartissent comme suit :

 

 

Bobo-Dioulasso : 60,3 mm ; Bogandé : 79,1 mm ; Boromo : 57,2 mm ; Dédougou : 83,6 mm ; Dori : 43,7 mm ; Fada N’Gourma : 71,3 mm ; Gaoua : 66,5 mm ; Ouagadougou : 73,1 mm ; Ouahigouya : 38,9 mm ; Pô : 50,3 mm.

 

Cher Wambi, tu te rappelles qu’en 2012, précisément le 2 mars, le village de Guenon (Tiébélé) dans la région du Centre-Sud a été le théâtre de violents affrontements entre les membres de la famille Liliou et les partisans des Akongba au sujet d’une querelle de succession au trône. Bilan de cette folle journée : 12 morts dont 11 du côté des Liliou qui ont également été victimes d’importantes pertes matérielles (saccage et incendies de concessions, pillages et vols de biens, abattage d’animaux domestiques, etc.).

 

Neuf ans après ces atrocités, l’affaire dite de Guenon était au rôle des assises criminelles à Manga en juin dernier. Le procès s’est ouvert le 17 juin avec 39 accusés à la barre et une quarantaine de témoins. Les accusés sont poursuivis, entre autres, pour des faits d’assassinat, coups et blessures volontaires, vols, destruction volontaire de biens mobiliers et immobiliers, abattage d’animaux et séquestration.

 

Après 5 semaines d’instruction, le verdict de ce procès hors-normes à l’échelle de la région du Centre-Sud a été donné le lundi 26 juillet.

 

On retient que tous les membres de la famille Liliou ainsi que cinq autres inculpés ont été acquittés pour « infractions non constituées et au bénéfice du doute ». Par contre, la partie adverse a été condamnée à des peines ferme d’emprisonnement. C’est le cas, par exemple, de l’accusé Adoua Akongba qui a écopé de la plus lourde peine avec 30 ans de prison ferme. Les autres ont été condamnés à des peines dont une partie ferme et l’autre assortie de sursis. Ainsi, ces peines vont de 10 ans à 18 mois.

 

Cher cousin, après ce verdict pénal, la cour d’assises a rendu le lendemain 27 juillet son jugement au civil. Dans ce volet, les personnes reconnues coupables ont été condamnées à dédommager 133 personnes pour un montant cumulé de 125 millions de FCFA. En outre, au titre des préjudices moraux,  la cour a accordé le versement d’un million de francs à chacune des 133 parties civiles, soit un total de 133 millions de F CFA.

 

Tu l’auras constaté, cher cousin, les accusés devront débourser en tout 258 millions de F CFA pour dédommager la famille Liliou et alliées.

 

Evidemment, tu te doutes bien que la plupart des accusés, des paysans, auront du mal à trouver les liquidités pour faire face à leurs obligations civiles vis-à-vis des victimes. En effet, il y en a qui, même si on devait les vendre avec tout ce qu’ils possèdent, ne pourront jamais honorer les sommes qu’ils doivent payer.

 

Alors en pareille le situation, pour sécuriser le paiement, c’est l’Etat que les parties civiles appellent en garantie afin qu’il casque et qu’après il se tourne vers les condamnés pour se faire rembourser. Serait-ce le cas dans le dossier de Guenon ?  Je l’ignore pour l’heure.

 

Affaire à suivre donc.

 

 

 

Cher Wambi, dans ma dernière missive je te parlais de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui était bloquée depuis près d’un mois suite à la motion de récusation formulée par le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) contre Bonaventure Ouédraogo, le Sao Naaba, désigné commissaire par la chefferie coutumière.

 

A ce problème s’était greffé celui du représentant de la communauté musulmane puisque la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) avait procédé au remplacement de son commissaire, Newton Ahmed Barry, président sortant de la CENI, par le magistrat Adama Kafando.

 

Et lors du dernier Conseil des ministres, le gouvernement avait pris un nouveau décret fixant la liste des 15 commissaires de la CENI. Ce document, qui abroge le précédant, avait servi notamment à confirmer l’éviction de Newton Ahmed Barry, remplacé par Adama Kafando.

 

Cher cousin, le cas de Newton réglé, le seul point de fixation demeurerait le Sao Naaba, mais il a été finalement tranché par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré en personne. Ainsi, le chef de l’Etat a reçu Simon Compaoré, le président de l’Alliance  des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), et Eddie Komboïgo, le chef de file de l’opposition politique. Il leur a fait « une communication dans le sens de trouver une solution apaisée à la question du renouvellement de la CENI ». Roch a assuré que c’est à son corps défendant qu’il a dû s’impliquer dans la résolution de cette crise au regard du rôle de cette institution dans le renforcement de la démocratie dans notre pays.

 

C’est ainsi que le président du Faso a rencontré le Moro Naaba, à qui il a demandé « de bien vouloir accepter que le représentant de la chefferie coutumière ne soit pas candidat à la présidence de la CENI ». Roch a remercié le chef des Mossé pour sa compréhension qui a permis d’aboutir à cette conclusion. Il a également demandé et obtenu que l’ensemble des 15 commissaires puissent prêter serment en fin de matinée hier jeudi 29 juillet 2021. Un accord a également été trouvé pour qu’en septembre l’ensemble des questions relatives à la CENI soient résolues pour créer la confiance et la sérénité dont cette institution a besoin pour son bon fonctionnement.

 

Cher Wambi, l’intervention du chef de l’Etat a permis de résoudre le problème de la CENI. Mais c’est un jugement à la Salomon, pour ne pas dire à la Roch. En effet, le Sao Naaba reste commissaire mais ne sera pas candidat à la présidence de l’institution comme tout semblait l’indiquer. Du coup, la chefferie coutumière, dont ça devait être le tour en vertu de la règle non écrite de rotation, perd la tête de la CENI à cause d’un bonnet.

 

Il est clair que la solution radicale aurait été de trouver un autre bonnet rouge, mais ç’aurait été un désaveu cinglant pour le Sao et même pour ses mandants. Et sans doute cette considération a pesé lourd dans la balance. Certains y verraient une solution boiteuse, mais si ça permet de mettre l’institution en marche, c’est tant mieux.

 

Cher Wambi, j’ai appris à travers mon confrère « L’Evénement », journal d’investigation bien connu du public, que le procès tant attendu de l’affaire Sankara, du nom du charismatique chef de la révolution burkinabè tué en octobre 87, aurait lieu le 12 août prochain. Donc dans quelque deux semaines.

 

Quand bien même le dossier serait ficelé avec le délibéré de l’audience de confirmation de charges tombé en avril dernier, j’ai tout de même été intrigué par l’information du bimensuel.

 

J’en étais d’autant plus étonné qu’on est en pleines vacances judiciaires, et je me demandais comment un tel dossier pourrait être enrôlé en cette période.

 

Alors, je n’ai pas hésité à entrer en contact avec Me Mathieu Somé, avocat du général Gilbert Diendéré, un des treize inculpés.

 

Très vite, il m’a fait comprendre que lui aussi a été surpris d’apprendre par voie de presse qu’une date précise avait déjà été arrêtée pour l’ouverture de ce jugement.  Avant de confier que son cabinet a fait des démarches auprès du tribunal militaire, en charge du dossier, pour en savoir davantage.

 

Alors, cher cousin, curiosité journalistique oblige, je me suis rendu moi-même hier à la juridiction militaire afin d’être définitivement fixé.

 

Là aussi, l’étonnement était à son comble suite à la date publiée par « L’Evénement ».

 

Donc, il va falloir patienter encore un peu avant l’ouverture de ce procès emblématique du règne de Blaise Compaoré poursuivi dans cette affaire pour « Attentat, complicité d’atteinte à la sûreté de l’Etat, assassinat et recel de cadavre ». Ce dernier sera jugé, même à son absence, au même titre que bien de ses anciens collaborateurs, comme le général Gilbert Diendéré, Hyacinthe Kafando et Alidou Diébré, médecin personnel de l’ex-président connu pour avoir signé le mémorable certificat de décès de Sankara avec la mention « mort de mort naturelle ».

 

Cher Wambi,   la sécurité est sans conteste le sujet le plus préoccupant dans notre pays qui ne cesse de compter ses morts et ses déplacés internes. On comprend donc que   l'Etat et les citoyens  multiplient les efforts pour refaire de notre cher Faso un havre de paix.

 

S’il faut louer toutes les initiatives pour un retour à la sécurité, il convient néanmoins d’être très regardant sur certaines d’entre elles qui risquent de semer la pagaille, chose  dont pourraient profiter les groupes armés.

 

Si je dis cela, c’est que j’ai appris avec stupéfaction la création, mardi 27 dernier, d’une nouvelle structure dénommée "Union pour la libération du Burkina (ULBF), qui a animé une conférence de presse dont le journal de ton oncle Nakibeuogo s’est gardé de faire l’écho afin de ne pas encourager les initiatives hasardeuses.

 

Figure-toi, cher cousin, que les responsables de cette association promettent de recruter 25 000 combattants qui seront formés militairement pendant un à deux mois par les forces armées nationales. En sus, ils s’engagent à assurer le gîte et le couvert à chaque recrue, qui percevra une solde mensuelle de 50 000 F CFA en plus d’une moto dix mois après la contre-offensive. 

 

Le budget prévisionnel de l’ULBF, estimé à 220 milliards, sera constitué en trois mois sur la base d’une cotisation de 10 000 F CFA par Burkinabè.

 

« Mais de qui se moque-t-on ? » serait-on tenté de dire au regard du délire de ces marchands d’illusions. On en rirait si cette comédie, qu’il faut vite arrêter, n’avait pas provoqué de la zizanie au sein de certains engagés volontaires dans l’armée. 

 

En effet, cher Wambi,  dans les confins du Burkina, certains leaders locaux et des Volontaires pour la défense de la patrie, qui ont cru qu’il s’agissait d’une initiative de l'Etat, veulent déjà quitter les rangs actuels pour s'engager dans ce nouveau mouvement. La rédaction de L'Obs a même reçu un appel d'un village où un combattant civil payé à 20 000 FCFA le mois s’est dit prêt à rejoindre les rangs de ULBF.

 

Conseille  donc ton cousin  Beb-rigda de ne pas succomber aux chants des sirènes dont il faut vite taire la voix.  

 

J’ai même appris que le promoteur de ce mouvement, qui n’est autre qu’Eric Zabsonré, a été entendu par la police.

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Dans une Lettre pour Laye du vendredi 23 juillet 2021, on faisait cas d’un dossier de justice qui oppose la SITAB (Société industrielle de transformation d'acier au Burkina) à Youssef Omaïs, ex-DG de la même entreprise, accusé par ses anciens partenaires de détournement de fonds. L’intéressé avait cependant attaqué son ex-employeur pour licenciement abusif  et pour cette raison, la SITAB avait été condamnée à lui verser 100 millions de francs en plus de 500 autres briques pour «préjudice moral ».

 

 Pour ce qui est de la plainte même de la société, l’affaire devait être appelée au pénal le lundi 26 juillet dernier, mais elle  a été renvoyée après les vacances judiciaires, c’est-à-dire en octobre. Selon certaines sources, tout se passe comme si certains, dans les arcanes judiciaires, faisaient des pieds et des mains pour que le dossier  n’échappe pas à leur emprise.

 

 Il nous revient d’ailleurs que ce n’est pas la première fois que l’ex-patron de la SITAB Burkina a maille à partir avec la justice. Il y a en effet quelques années, son nom avait été cité dans l’histoire de la mort d'un cambiste dans des circonstances troubles à Ouaga . Mais le dossier avait finalement été jugé au…Liban. Affaire donc à suivre.

 

 

 

- L’Assemblée nationale du Burkina Faso vient d’éditer d’importants ouvrages sur la 7e législature.

 

Le premier est une compilation des discours de son président, Alassane Bala Sakandé, depuis son accession au Perchoir en septembre 2017 jusqu’au renouvellement de son mandat en fin décembre 2020.

 

Le second, intitulé « Parlementarisme de développement », revient sur les grandes actions et les réalisations de la 7e législature.

 

 

 

- L’amicale des anciens élèves du Lycée technique de Ouagadougou (LTO), aujourd’hui Lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana,  organise une soirée de gala demain samedi à Splendid Hotel. A cette occasion, elle procédera à une levée de fonds pour la réfection de la cantine de l’établissement, d’une capacité de 100 places pour un effectif  de plus de 3 000 élèves.

 

Prix d’entrée : 20 000 par personne et 35 000 par couple.

 

 

 

- A l’occasion de son jubilé de 60 ans, la Croix-Rouge burkinabè a initié une série d’activités commémoratives.  Après le lancement officiel des manifestations au marché Rood-Woko hier jeudi, suivi dans la soirée d’un dîner à Sopatel Silmandé, le clou des festivités interviendra demain samedi au siège national de la Croix-Rouge à partir de 10 heures.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

 

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