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Retrait force tchadienne :Sécurité bien ordonnée commence chez soi-même

 

On a beau entourer la décision de circonlocutions diplomatico-militaires, ses conséquences sont à redouter.

 

 

«C’est un non-événement », a même commenté avec véhémence le porte-parole du gouvernement tchadien…, mais c’est un tournant dans la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne. Il s’agit du retrait, samedi dernier, de 600 soldats tchadiens sur les 1200 qui avaient été déployés en février dans la zone des trois frontières que se partagent dans le sang le Mali, le Niger et le Burkina.

 

 

L’envoi de ce contingent dans ces zones par Idriss Déby, décédé le 20 avril 2021, avait suscité un réel espoir dans cette lutte contre l’hydre terroriste qui malmène depuis de longues années les populations civiles et même les armées de la région. L’espoir était d’autant plus grand que les soldats tchadiens sont réputés aguerris et ont même fait leurs preuves au Mali auprès des militaires français.

 

 

Mais entre-temps, la progression des rebelles sur N’Djamena et la mort du président tchadien Idriss Déby sont passées par là. Pour les autorités tchadiennes, il ne s’agit pas d’un retrait, mais la réalité est toute autre. Surtout que ça intervient à un moment où le Burkina, le Mali et le Niger sont durement éprouvés par des attaques particulièrement meurtrières. Citons les plus récents. Au Nord-Est du Mali, le 8 août dernier, au moins 51 civils ont été tués dans des attaques simultanées menées dans quatre villages. Au Niger, le 16 août, au moins 37 civils, dont une dizaine de femmes et d'enfants, ont été tués dans l'ouest du Niger, lors de l'attaque d'un village de la région de Tillabéri, proche du Mali. Au Burkina, le 18 août, quatre-vingts personnes, dont 65 civils et 15 gendarmes, ont été tuées lors d’une attaque contre un convoi militaire escortant des civils dans le nord du pays.

 

 

Décidément, les nouvelles ne sont pas bonnes. Ce départ intervient après la suspension de la coopération militaire de la France avec le Mali et l’annonce du retrait, d’ici 2020, de la force française Barkhane. C’est même la saison des replis militaires à travers le monde, si l’on ajoute celui des forces américaines de l’Afghanistan. 

 

 

Mais il faut le dire : les différents départs de troupes étrangères, notamment de notre zone, nous mettent devant notre réalité. Les forces d’intervention n’ayant d’ailleurs pas pour vocation de s’éterniser dans une zone en conflit. Il nous appartient de prendre à bras-le-corps la lutte contre le terrorisme, parce que nous sommes les premiers concernés, les autres étant des dispositifs d’appoint. Nous avons donc intérêt à revoir notre politique sécuritaire  et à nous assumer pleinement.

 

 

Du reste, nous ne devons pas en vouloir aux Tchadiens de s’en aller. Depuis la mort d’Idriss Déby, son pays a du mouron à se faire. Les 600 seront en effet déployés dans le nord du Tchad d’où plusieurs colonnes de rebelles chercheraient depuis plusieurs mois à regagner la capitale. C’est à craindre même que les autres 600 restés chez nous ne partent. Sécurité bien ordonnée commençant chez soi-même, on ne peut que comprendre.

 

 

Bref, la situation qui nous arrive devrait fouetter notre orgueil. Si toutefois on arrivait à reprendre du poil de la bête, l’on pourrait enfin dire du départ des soldats tchadiens et de ceux venus d’ailleurs qu’à quelque chose, malheur est bon.

 

La Rédaction

 

Dernière modification lemercredi, 25 août 2021 21:31

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