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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Enième conseil de guerre des ministres de la Défense

 

Identifiée depuis 2 ans comme le ventre mou de la sécurité dans la région du Sahel, la zone des 3 frontières du Mali, du Niger et du Burkina a de nouveau été au centre des discussions des  5 ministres de la Défense et des 5 chefs d’état-major des pays du G5 Sahel.

 

 

En effet, la situation sécuritaire y est des plus préoccupantes d’autant plus que le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ainsi que l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) y attaquent indistinctement les populations civiles et les forces de défense et de sécurité, causant d’énormes pertes en vies humaines. Comment les en déloger et plus globalement comment stabiliser la région du Sahel et  détruire les katibas qui y ont rendu chroniques l’insécurité et le trafic en tout genre ?

 

La question ne date pas d’aujourd’hui mais se pose avec plus d’acuité dans la perspective de la réduction des effectifs de la force Barkhane et du contingent de l’armée tchadienne. Ce sont des données majeures qui mettent nos Etats devant leurs responsabilités pleines et entières. C’est pour se donner des idées afin d’y faire face que les ministres de la Défense et les chefs d’état-major des 5 pays du Sahel se sont réunis à Niamey les 31 août et 1er septembre 2021 à Niamey. De leurs échanges il est ressorti l’urgence de revoir leur stratégie en matière de défense et de sécurité nationales. Ils se sont ainsi mis d’accord pour privilégier les actions bilatérales, multilatérales, l’emploi massif des officiers brevetés issus du Collège de défense du G5 Sahel et la collaboration intelligente des populations pour bouter les groupes terroristes hors du Sahel.

 

En vérité, il n’y a rien de nouveau dans cette stratégie. Elle a déjà été expérimentée à travers des opérations militaires conjointes dont la dernière est celle entre le Niger et le Burkina à travers l’opération Taali, qui s’est déroulée entre  le 10 et le 25 juin 2021. Idem pour la collaboration des populations avec les FDS. Au Burkina, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), les conseillers villageois de développement, les autorités coutumières et religieuses paient un lourd tribut à leur implication dans la lutte contre les groupes armés terroristes. C’est pourquoi il faut espérer que le choix des opérations conjointes ou multilatérales et l’appel à la collaboration des populations ne sont que la partie visible d’une stratégie plus originale et ambitieuse que vont mettre en œuvre les officiers formés au Collège de défense du G5 Sahel afin que nos armés s’adaptent  au contexte sécuritaire actuel.

 

De fait, si le GSIM et l’EIGS  sont très actifs dans la zone des 3 frontières et peuvent revendiquer des victoires sur les FDS, cela est dû aux relations qu’ils entretiennent avec d’autres groupes armés en Libye mais aussi à la mauvaise organisation de nos FDS, aux limites de leurs commandements et de leurs équipements. Aucune stratégie de stabilisation sécuritaire des pays du G5 Sahel ne saurait être efficace s’il n’est pas pris en compte ces insuffisances connues de tous.

 

On croise alors les doigts afin que cet énième conseil de guerre sur la sécurité au Sahel ne soit pas une réunion de plus qui donne l’impression que nos gouvernants discutaillent pendant que les groupes armés étendent de plus en plus leur emprise sur des pans entiers de  nos territoires. Néanmoins, la réunion de Niamey est en elle-même un indicateur de ce que les pays du Sahel sont conscients qu’ils doivent compter d’abord et avant tout sur eux-mêmes s’ils veulent gagner cette guerre contre les groupes armés terroristes.

 

Va donc pour la prise de conscience et les concertations multilatérales, mais les populations attendent plus de résultats tangibles sur le terrain.

 

 

Zéphirin Kpoda

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