Logo
Imprimer cette page

Guinée / Mali : Fin des Transitions conjuguées au futur incertain

 

Jean Claude Kassi Brou et toute la Commission de la CEDEAO qu’il dirige n’ont plus d’agenda calé depuis une bonne quinzaine de mois. Au gré des soubresauts d’une actualité politique régionale riche en événements, ils courent pour parer au plus urgent.

 

 

 Parlant justement d’urgence, on a vite oublié les élections que la CEDEAO a été amené à surveiller  au Togo, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Burkina en 2020, à cause de l’irruption de la soldatesque sur la scène politique au Mali et plus récemment en Guinée. On ne compte plus les réunions extraordinaires et les missions de l’organisation régionale à ce sujet.

 

Par exemple, à peine le médiateur de l’organisation quittait-il le Mali mardi dernier qu’un sommet virtuel extraordinaire de ses chefs d’Etat se tenait mercredi. Essentiellement consacrée à la situation en Guinée cette réunion n’a pu s’empêcher de se pencher également sur celle du Mali. Car l’horizon d’un retour à un pouvoir démocratiquement élu n’est pas dégagé. Le gouvernement et le Conseil national de transition (CNT) s’y hâtent lentement au point d’agacer passablement Goodluck Jonathan, le médiateur de la CEDEAO dans ce dossier. En effet, à la fin de sa dernière visite à Bamako, il s’est déclaré préoccupé  par « l’insuffisance d’actions concrètes dans la préparation effective du processus électoral ». Et les autorités maliennes de lui répondre : « les détails sur le chronogramme des opérations électorales seraient fournis par les futures Assises nationales », par la bouche du Premier ministre. Quand on sait que la date de la tenue de ces assises n’est  pas encore connue, il n’est pas exagéré de dire que la fin de la Transition au Mali s’inscrit dans un futur incertain. Du reste, le président du CNT, par ailleurs chef de l’Etat, a déclaré à qui veut l’entendre que « des voix s’élèvent de plus en plus, partout dans le pays, pour réclamer la prolongation de la Transition »

 

Prolongation de la Transition : le mot est lâché ! De quoi inquiéter la CEDEAO quant au respect de son fameux principe de dévolution du pouvoir par les urnes. L’organisation régionale semble déjà impuissante à faire respecter les termes de son protocole additif en matière de promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance quand une nouvelle patate chaude lui est tombée dans les mains avec le putsch du lieutenant-colonel Mamady Doumbouya en Guinée. Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la région tenu mercredi dernier en visioconférence n’a pu que constater les faits : des soldats se sont de nouveau emparés du pouvoir dans l’espace communautaire, laissant au moins 20 macchabées sur le carreau et mettant aux fers un président élu. Pour masquer leur impuissance devant cette autre entorse faite au principe de dévolution du pouvoir d’Etat par les urnes, ils n’ont pas trouvé plus dissuasif,  outre la suspension de la Guinée des instances de l’organisation, qu’une invective des putschistes sur leur responsabilité à propos de l’intégrité physique du président déchu, Alpha Condé. Même pour les sanctions économiques habituelles ou ciblées contre les chefs de la junte, il faudra repasser ; le temps que des missi domici aillent à Conakry évaluer la situation ce vendredi.

 

On souhaite du courage au président de la Commission de la CEDEAO et aux ministres des Affaires étrangères du Ghana, du Nigeria, du Burkina et du Togo, attendus aujourd’hui à Conakry. Mais en vérité, de miracle il n’en aura point pour le régime Condé ! C’est une mission par principe et il est fort à parier que Mamady Dombouya et son Conseil national de rassemblement pour le développement tiendront aux diplomates de la CEDEAO un discours déjà entendu au Mali et ailleurs : « Nous sommes venus balayer la maison. Ensuite, nous nous en irons. »

 

Quand ? Pas sûr que Mamady Doumbouya le sache lui-même ! En tout cas de Bamako à Conakry, la CEDEAO a du pain sur la planche avec la fin des Transitions conjuguée au futur incertain.

 

 

Zéphirin Kpoda 

Dernière modification lemardi, 14 septembre 2021 19:20

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

© 2011-2014 - Observateur Paalga - Tous droits réservés I Conception: CVP Sarl.