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Abdelaziz Bouteflika : Le moudjahidine s’en est allé dans l’indifférence générale

 

Il est parti presque dans l’indifférence générale. L’on a juste ordonné de mettre le drapeau en berne pour 72 heures. Pas plus. Pas de deuil national en vue. Le verdict est sans appel : l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, puisque c’est de lui qu’il s’agit, décédé vendredi dernier (à 84 ans), est parti sans créer un grand émoi dans le pays.

 

 

 

Et pourtant, ce fut un homme au parcours politique bien prestigieux. Combattant du Front de libération nationale (FLN), il a servi sous Ahmed Ben Bella et sous tous les quatre gouvernements successifs de Houari Boumediene dont il fut d’ailleurs, à 28 ans, le plus jeune ministre des Affaires étrangères de l’Afrique voire du monde. Le Moudjahidine du peuple aux dents très longues est finalement arrivé à la magistrature suprême en 1999. Quoi qu’on dise, Bouteflika a pu redresser le pays mais, avec le temps, l’efficacité s’est émoussée et la gestion est devenue clanique.

 

 

Victime d’un AVC en 2013 et en fauteuil roulant, il s’est accroché au pouvoir, à la vaine recherche d’un cinquième mandat au point d’être honni par le peuple qui le chassa sans ménagement en 2019. Le tort de Bouteflika, emporté donc par la rue et par l’armée, c’est de n’avoir pas su partir à temps. Conséquence, comme pour la scène politique, il quitte aujourd’hui la vie par la petite porte. Le seul grand hommage fait par les autorités, embarrassées, c’est peut-être de le laisser reposer dans le carré des Martyrs du cimetière d'El-Alia, à l'est d'Alger, auprès des héros de l'indépendance et de tous ses prédécesseurs. Maigre consolation pour quelqu’un qui a dirigé son pays pendant vingt ans.

 

 

L’image que les Algériens vont garder de leur ancien président, c’est celle de ce vieillard grabataire dans un fauteuil roulant pendant les longues dernières années de son règne. Au vu de son départ sans tambour  ni trompette et de l’actualité africaine, notamment en Guinée, nos actuels dirigeants qui tiennent à pousser des racines sur le fauteuil présidentiel devraient en prendre de la graine. Malheureusement, chacun estime que les réalités, selon qu’on est en Algérie, en Guinée ou au Burkina, ne sont pas les mêmes. Pour preuve, en 2009, le président nigérien de l’époque, Mamadou Tandja, organise au forceps un référendum qui lui ouvre un boulevard pour un 3e mandat. Blaise Compaoré le prévient « qu’il fonce droit dans le mur ». L’année suivante, Tandja est renversé par un coup d’Etat. Quelques années plus tard c’est le même conseiller Blaise Compaoré qui manifestait sa détermination à  perdurer, précisant que le Niger et le Burkina, « ce ne sont pas les mêmes réalités ». La suite, on la connaît.

 

 

 

La Rédaction

 

Dernière modification lelundi, 20 septembre 2021 20:25

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