Assassinat Ghislaine Dupont et Claude Verlon : Paris veut-il seulement que la vérité se sache ?
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Huit ans après, le voile de mystère recouvre toujours le dossier.
Nous sommes le samedi 2 novembre 2013.
Ghislaine Dupont, journaliste française, grand reporter, spécialiste des questions africaines, et Claude Verlon, ingénieur du son français, tous deux en service à RFI, sont en reportage à Kidal, dans le nord du Mali.
Après une interview avec le représentant du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ambéry Ag Rhissa, ils sont enlevés par un commando, sous l’œil de celui qui sera leur dernier interlocuteur.
Moins de deux heures après le rapt, leurs corps sans vie sont retrouvés à 12 km de Kidal. Froidement assassinés. La journaliste a reçu deux balles et le technicien trois.
Dans quelles circonstances exactes ce double assassinat est-il intervenu ?
Une question basique dans l’élucidation d’un meurtre, mais qui reste jusque-là sans réponse.
Tant entre raison d’Etat et secret militaire le dossier avance tant bien que mal, mais à un train de sénateur.
Tant encore, entre les versions servies par la patrouille française qui aurait pris les ravisseurs en chasse, celles données par la MINUSMA, les déclarations des autorités françaises de l’époque, et les informations obtenues par des confrères des victimes il y a de nombreuses nuances, voire de profondes contradictions.
Pourquoi tant de hiatus dans les récits sur une telle affaire ?
Pourquoi tant de signes d’embarras de Paris, qui rechigne à accéder à la demande de déclassification totale de documents militaires secret-défense sur ce dossier ?
Autant d’interrogations qui laissent perplexe sur la volonté réelle des uns et des autres que la vérité se manifeste.
Quid de la neutralisation, l’un après l’autre, de trois des quatre ravisseurs de Ghislaine Dupont et Claude Verlon ?
La dernière en date est celle de Baye Ag Bakabo. Chef du commando des kidnappeurs et ancien combattant d’Ansar Dine, il a été, selon la version officielle, tué en juin dernier lors d’une frappe de l’armée française contre un groupe terroriste qui préparait une action contre un camp de la MINUSMA.
Mais selon d’autres sources, tout porte à croire que Baye Ag Bakabo était une cible de choix, pour ne pas dire une voix à étouffer, dans la mesure où, lors de son audition en mars 2013, il avait exprimé toute sa disponibilité dans le cadre de l’enquête.
On peut se réjouir de constater que l’armée française ne fasse pas dans la dentelle avec les assassins de nos deux confrères français.
Toutefois, il faut le reconnaître, il n’y a pas meilleur manière de faire obstacle à la manifestation de la lumière que de dégommer les principaux mis en cause.
Cela rappelle, toutes proportions gardées, cette autre troublante affaire de bombardement du camp militaire français de Bouaké en 2004 au cours duquel neuf soldats français et un Américain ont trouvé la mort.
Arrêtés et formellement identifiés plus tard au Togo, les pilotes biélorusses du Sukhoi ont finalement été autorisés à regagner librement leur pays, sur intervention de Paris.
On ne saura plus rien de ce qu’ils auraient pu fournir comme éléments d’information compromettants sur les raisons et les circonstances exactes de cette attaque aérienne qui n’a pas encore révélé tous ses tenants et ses aboutissants.
Le dossier Ghislaine Dupont et Claude Verlon connaîtra-t-il le même sort ?
Une partie de la réponse réside dans l’attitude des autorités françaises face à la demande de déclassification totale des documents pour mieux nous situer sur ce qu’elles ont fait ou n’ont pas fait dans ce double assassinat.
Alain Saint Robespierre
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