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Deuil national de 72h : C’est le quellième encore?

 

Un deuil national de 72 heures vient d’être décrété après la mort de nos soldats à Inata. Déjà, c’est fort dommage que nos petits apprennent aujourd’hui la géographie de leur pays de par le décompte macabre qui a lieu avec une régularité affligeante dans nos villages.

 

Les deuils nationaux aussi. Pour ce dernier, je ne sais même plus nous sommes à combien, tellement on en a connu. Sauf qu’on est fatigué de pleurer nos soldats. Si nos autorités pouvaient nous faire l’économie de ces deuils-là, elles  nous auraient rendu un sacré service. On ne sait même pas au delà de combien de cadavres on décrète un deuil national, ou est-ce au pifomètre ? Au début, la population en réclamait mais, depuis longtemps, les héros sont fatigués de se draper en noir.

 

Hormis la mise en berne des drapeaux, notamment dans l’administration, la vie continue comme si de rien n’était. La bière coule à flots, les cortèges de mariages toujours aussi longs serpentent les six-mètres des quartiers. Beaucoup poussent le bouchon de l’insouciance, s’enjaillant littéralement. Du reste, quand on est en guerre, à quoi riment ces journées de deuil, fussent-elles nationales ? Je ne suis pas un oiseau de mauvais augure, mais ce deuil décrété dernièrement ne risque pas d’être le dernier en date, tant que les stratégies de lutte ne changeront pas. Puisque nous sommes en guerre.

 

Asymétrie pour asymétrie, guerre imposée ou pas, la phraséologie creuse n’aura plus d’effets. Du reste, il n’y a jamais eu de guerre symétrique et jamais, dans aucune civilisation,  on n’a proposé la guerre à quelqu’un. Ne jouons pas les cassandres. Comme l’a dit le président Churchill, pendant la guerre, c’est des larmes, de la sueur et du sang que nous allons verser. Du moment que les deuils font  désormais partie de notre quotidien, ceux décrétés, pour 72 heures ou même 1000 heures, sont de nul effet, si ce ne sont la solennité de l’information et l’emphase contenue dans les documents qui ont servi à leur promulgation.

Issa K. Barry

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