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Viols de femmes en Guinée: Pour que M’mah ne soit pas morte pour rien !

L’émotion était à son comble hier au cimetière  d’Anta à Conakry, la colère aussi. Une colère qui s’est emparée de toute la Guinée depuis samedi après la mort de M’mah Sylla. Cette jeune Guinéenne de 25 ans était allée courant juillet dans une clinique non homologuée de la capitale pour soigner un mal d’estomac. Pour son malheur, en lieu et place de toubibs attachés au serment d’Hippocrate, son chemin croisera celui de ses bourreaux. Violée une première fois après avoir été manifestement droguée, elle le sera une seconde fois après être allée se plaindre auprès de son médecin de son retard de menstrues. Un confrère de ce dernier abusera, lui aussi, de la jeune dame qui s’était rendue à son cabinet pour une échographie. Quand elle réussit enfin à sortir de ce cercle infernal,  son état de santé  s’était grandement détérioré. Entre la vie et la mort, M’mah Sylla, dont le calvaire avait soulevé une vague d’indignations dans l’opinion publique, a été évacuée le 22 octobre dernier à Tunis.

Décédée samedi, elle a été rapatriée le 23 novembre 2021 et inhumée hier.

Ce drame a d’autant plus suscité l’émoi que les viols sont courants dans ce pays, même si pour diverses raisons la plupart des victimes n’en parlent pas.

Pour celles qui osent briser la loi du silence, très peu de cas aboutissent à des procès. Et quand jugement il y a, les peines ne sont pas suffisamment lourdes et dissuasives pour les coupables.

Quand ce ne sont pas des toubibs violeurs comme dans le cas présent, ce sont des militaires à la braguette facile qui se rendent coupables de cette infamie.

On se rappelle encore les viols de masse au stade du 28-Septembre perpétrés par des bidasses en rut qui, après avoir massacré les pauvres manifestants qui protestaient contre le pouvoir du capitaine Dadis, se sont acharnés sur tout ce qui porte une jupe.

Dans leur épreuve, les femmes violées sont souvent même doublement victimes, dans la mesure où elles éprouvent parfois un sentiment de culpabilité. Sans oublier le regard corrosif de la société qui les ostracise même quelquefois. Des pauvresses  qui se sentent souillées à vie, obligées de porter jusqu’à ce que mort s’ensuive les stigmates de cette ignominie.

Les autorités ont en tout cas promis de faire toute la lumière sur le supplice de M’mah Sylla pour que «les coupables répondent de leur forfaiture».

Il faut espérer que ce ne sont pas seulement des propos de circonstance, juste pour calmer une population révoltée  et que cette malheureuse affaire produira l’électrochoc indispensable dans toutes les couches socioprofessionnelles du pays de Sékou Touré pour que les choses changent à jamais.

Cela passe notamment par une justice beaucoup moins accommodante vis-à-vis de ces bêtes immondes, contre lesquelles elle doit se montrer particulièrement impitoyable. C’est à ce prix, et seulement à ce prix, que l’autorité judiciaire découragera à l’avenir tous ces hommes à la lubricité déviante et qui ne maîtrisent pas leurs pulsions  les plus abjectes. De cette façon, M’mah Sylla ne sera pas morte pour rien.

 

Hugues Richard Sama

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