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Cameroun 2021 : L’injouable CAN

 

Se tiendra, se tiendra pas ?A quelque trois semaines du lancement de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) édition 2021, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022, rien n’est encore joué, c’est le cas de le dire.

 

 

C’est à croire que les dieux du football n’en finissent pas de bouder le pays des Lions indomptables, hôte de la compétition continentale depuis 1972.

 

En effet, désigné en 2014 pour abriter la fête du ballon rond africain en 2019, la patrie de Roger Milla s’est vu retirer l’organisation de la CAN, officiellement pour retard dans l’exécution des infrastructures sportives. 

 

Mais pour certains, la situation sécuritaire, avec les exactions du groupe terroriste Boko Haram dans le nord et l’insurrection armée des séparatistes dans les régions anglophones, n’est pas non plus étrangère à ce rendez-vous manqué.

 

Le Cameroun blackboulé à seulement sept mois de l’ouverture des jeux, c’est finalement en Egypte que la 32e édition s’est tenue du 21 juin au 19 juillet 2019. 

 

Privés donc de l’organisation de la rencontre, le capitaine Eric Maxim Choupo-Moting et ses coéquipiers ont pu se rendre au pays des Pharaons grâce à une décision du Tribunal arbitral du sport  déboutant les Comores de leur plainte.

 

Pour l’archipel de l’océan Indien, en effet, une fois dessaisi de l’organisation, le pays devrait aussi voir sa participation annulée.

 

Commis pour abriter la CAN 2021, le Cameroun n’a pour autant pas fini avec la poisse qui semble être à ses trousses. C’est que ce 33e championnat des nations, initialement prévu en été de cette année, est reporté à 2022, précisément  du 9 janvier au 6 février pour cause de propagation du Covid-19.  

 

Alors qu’on croyait que cette fois-ci la troisième serait la bonne, voilà que les nouvelles sont de moins en moins rassurantes ; au risque de contrarier le président de la Confédération africaine de  football (CAF), le Sud-Africain Patrice Motsepe, qui s’était réjoui (peut-être trop tôt) d’une promesse tenue : « Nous sommes très clairs en matière d'engagement de faire de la CAN au Cameroun un succès. Je suis convaincu qu'après nos rencontres d'aujourd'hui et de demain, nous pourrons venir vers vous et donner à l'Afrique et au monde la confiance que nous avons à travers l'engagement envers notre peuple, au Cameroun, et l'engagement pour le développement du football en Afrique », a soutenu le patron du football africain hier alors que la compétition est menacée de report, voire d’annulation pure et simple.

 

A l’origine de cette sombre éventualité pour les mordus du rectangle vert, encore et toujours cet insaisissable virus à couronne, dont le variant Omicron, très contagieux, pousse les Etats européens à ériger de nouveau des barricades terrestres, aériennes et maritimes.  

 

Et ce mail de l’association européenne des clubs (ECA), adressé à Mattias Grafström, secrétaire général adjoint de la FIFA, viendra faire l’effet d’un tacle méchant contre tout le continent noir : « A notre connaissance, la Confédération africaine de football (CAF) n'a pas encore rendu public un protocole médical et opérationnel adapté au tournoi. En l'absence de celui-ci, les clubs ne seront pas en mesure de libérer leurs joueurs ».

 

En un mot comme en mille, les patrons des équipes de football occidentales craignent que les restrictions de voyage à venir ne les privent de leurs précieuses jambes, pour ne pas dire de leurs  employés nègres, acquises aux coûts de millions d’euros.

 

Des considérations bassement financières, foncièrement égoïstes et qui trahissent une sorte de condescendance envers le berceau de l’humanité.

 

Vous voyez la même ECA brandir pareille menace contre la  Confédération sud-américaine de football ou chercher à empêcher Messi, Neymar, Vinicius ou Di Maria, pour ne citer que ceux-là, de participer à la COPA ?

 

Faut-il s’étonner de cette attitude de mépris à l’égard du football africain, de ses dirigeants et, pour tout dire, de tous les Africains ?

 

Que serait la CAN sans les virtuoses africains du ballon rond qui illuminent les stades européens de leurs talents ?  

 

Que serait la CAN 2021 sans l’Egyptien Mohamed Salah, le Sénégalais Sadio Mané, le Burkinabè Lassina Traoré, le Marocain Youssen En-Nesyri ?

 

Au capitaine-courage de la CAF, Patrice Motsepe, de ne pas se laisser intimider par cette attitude de l’ECA qui bafoue l’esprit sportif.

 

Pour cela, il lui faudra du soutien, notamment celui des professionnels africains des clubs européens qui, jusque-là, ne se sont pas prononcés, sans que l’on sache trop pourquoi.

 

 

 

Alain Saint Robespierre

 

Dernière modification lemardi, 21 décembre 2021 21:58

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