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Transition malienne: Marchandages diplomatiques pour un chronogramme à problèmes

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les autorités de la transition malienne parviendront-elles  à trouver un terrain d’entente? C’est la principale question qu’on se pose après la visite que Goodluck Jonathan a effectuée hier mercredi 5 janvier 2022 à Bamako.

L’émissaire de l’organisation régionale était porteur d’un message relatif au projet de chronogramme de la transition transmis par Assimi Goïta.

Ledit programme concocté au cours des assisses nationales tenues du 27 au 30 décembre 2021 propose un calendrier trop élastique, allant de six mois à cinq ans pour la tenue de la prochaine élection présidentielle.

Avant de transmettre le message de l’organisation au locataire du palais de Koulouba, l’ancien président nigérian a notamment rencontré le corps diplomatique qui  a rejeté  dans sa grande majorité l’agenda proposé par la junte qui avait, elle aussi, envoyé des émissaires dans plusieurs capitales de la sous-région.

Pendant que se déroulait ce chassé-croisé diplomatique, une bonne partie de la classe politique et de la société civile hurlait également au cours d’une conférence de presse  son désaccord au sujet du calendrier à problèmes.

Le cas malien doit d’ailleurs faire l’objet d’un énième sommet extraordinaire de la CEDEAO le dimanche 9 janvier 2022 à Accra.

En s’abritant derrière les assises nationales de la refondation pour renvoyer aux calendes...maliennes le terme de la transition, le colonel Assimi Goïta et les autres membres de la transition ne laissent véritablement pas d’autre choix à la CEDEAO que d’user du langage de la fermeté.

Voici en effet un président qui est arrivé au pouvoir suite à deux coups d’Etat et qui veut maintenant se maintenir aux affaires plus que de raison en s’offrant un quinquennat. Certes, les chantiers ne manquent pas en matière de réformes structurelles, mais rien ne dit que, en cinq ans, il pourra baliser le terrain, notamment mettre fin à l’insécurité, pour aller aux élections.Ceux qui estiment donc qu’Assimi Goïta est arrivé au pouvoir par la ruse et veut y rester par la ruse n’ont pas totalement tort. A moins que tout cela ne relève d’une stratégie consistant pour l’homme fort de Bamako à faire monter les enchères pour ensuite obtenir après marchandages ce qu’il veut.

Mais lors du sommet de dimanche, on peut raisonnablement penser que la CEDEAO, qui s’est gardée jusque-là de sortir l’artillerie lourde des sanctions, ne pourra que laisser s’abattre l’épée de Damoclès qui pend sur la tête d’Assimi Goïta. Il faut rappeler qu’après le premier putsch, une première batterie de sanctions avait été prise pour geler les avoirs et interdire les déplacements à l’étranger de nombreuses personnalités de la transition, à l’exception notable du locataire du palais de Koulouba et de son chef de la diplomatie, Abdoulaye Diop, sans doute pour ne pas rompre le fil du dialogue.

Mais la CEDEAO est aujourd’hui dos au mur. Elle n’a d’autant plus le choix qu’en plus du cas malien, elle doit gérer une autre situation, celle de la Guinée voisine où le colonel Mamady Doumbouya a, lui, proposé un chronogramme  sans date précise.

Il s’agit donc pour Nana Akufo-Addo et ses pairs de prendre une décision ferme  pour décourager les putschistes de Conakry qui pourraient être tentés, eux aussi, de jouer les prolongations. Il y va de la crédibilité de l’organisation régionale, qui doit manier le bâton tout en veillant à ce que les sanctions ne frappent pas plus durement les populations, déjà asphyxiées par les conséquences économiques de l’insécurité et de la Covid-19.

 

Hugues Richard Sama

 

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