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Transition au malienne: L’UEMOA et la CEDEAO sortent l’artillerie lourde

Ce sont 2 sommets marathon de l’UEMOA et de la CEDEAO qui se sont tenus hier à Accra sur la situation politique au Mali. Et pour sûr, à Bamako, Sikasso, Tombouctou, Gao, les regards étaient tournés vers la capitale ghanéenne et non vers le Cameroun où la coupe d’Afrique des nations a pris ses quartiers ; et pour cause ! Les Maliens, particulièrement leur classe dirigeante, n’ont pas le cœur à la fête. Le pays est à la croisée des chemins, à la recherche d’une introuvable stabilité institutionnelle qui le fuit depuis 10 ans maintenant.

 


 Rébellion touarègue, attaques terroristes, coups d’Etat militaires ont contraint la communauté internationale, particulièrement la CEDEAO, à être au chevet d’un Mali qui souffre d’un déficit démocratique et d’une insécurité chronique.  Depuis août 2020 et le putsch qui a déposé Ibrahim Boubakar Keïta, une junte militaire détient l’essentiel du pouvoir d’Etat et traîne les pieds pour un retour à une vie constitutionnelle normale. De quoi hérisser les poils des chefs d’Etat de la CEDEAO qui ne supportent pas qu’Assimi Goïta et son Conseil national de transition rusent avec son Protocol additionnel sur la promotion de la démocratie et la bonne gouvernance.
Mais malgré une première batterie de sanctions par des restrictions commerciales avec les pays de la CEDEAO, le gel des avoirs à l’étranger des principaux tenants du pouvoir et l’interdiction de voyager, pour eux et leurs proches, la junte persiste et signe, refusant d’organiser des élections d’ici le 28 février prochain comme exigé par la CEDEAO. Voilà qui explique la deuxième salve de restrictions punitives, qui, outre la première, impose des sanctions financières, notamment le gel des avoirs maliens à la BCEAO, un embargo commercial ou presque, avec la fermeture des frontières des pays membres de la CEDEAO avec le Mali. Les organisations régionales ont donc sortie l’artillerie lourde pour contraindre la junte à lâcher du lest dans sa boulimie du pouvoir.
Selon plusieurs analystes, le gel des avoirs du Mali à la BCEAO va rapidement affecter l’économie du pays qui pourrait manquer de liquidité pour financer des projets de développement, la vie de l’Etat, ou payer les salaires. Bref, ce durcissement des sanctions constitue assurément un fort uppercut qui va pousser Assimi Goïta et sa junte dans les cordes. L’homme fort de Bamako est désormais dos au mur avec son projet d’une transition élastique, tirée sur 5 ans. Même la nouvelle proposition d’une transition de 4 ans, faite dimanche matin à Accra, n’a convaincu aucun des chefs d’Etat de la région qui ont collégialement décidé aussi du retrait de leurs ambassadeurs de Bamako. A l’embargo économique s’ajoute donc un isolement diplomatique du Mali. Pourquoi ?
La sévérité et l’intransigeance de l’UEMOA et de la CEDEAO vis-à-vis du Mali s’expliquent aussi par le besoin de donner un signal fort aux putschistes guinéens, eux qui ont adopté un chronogramme de la transition sans en préciser les délais de mise en œuvre.
 Au-delà des juntes maliennes et guinéennes, la CEDEAO, qui joue dans ces dossiers sa crédibilité, voudrait décourager le retour des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest avec la propension des putschistes à se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam.
A bon entendeur, salut !
Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 10 janvier 2022 22:24

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