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Situation sécuritaire : Namsiguia, asphyxié, lance un cri de détresse

 

L’Association pour le développement de Namsiguia et villages environnants (ADNVE) a organisé une rencontre avec les hommes de médias le lundi 10 janvier 2022 à Ouagadougou. La conférence de presse avait pour objet de prendre à témoin l’opinion nationale et internationale sur la situation alarmante de Namsiguia (province du Bam), cible de récurrentes attaques terroristes.

 

 

 

 

C’est à Abdou Karim Sawadogo, journaliste au quotidien L’Observateur Paalga et président d’honneur de l’Association pour le développement de Namsiguia et des villages environnants (ADNVE), qu’est revenu l’honneur de porter à la connaissance du public la déclaration liminaire. Avant de lancer un appel à sauver Namsiguia, il a succinctement présenté la citadelle sous blocus.

 

Namsiguia est situé dans la commune de Bourzanga et est la 2e plus grande localité de ladite commune. Traversée de part en part par la route nationale 22 reliant Ouagadougou à Djibo, elle est la dernière localité du Bam avant le Soum, située à 20 km de Bourzanga et à 36 km de Djibo. Depuis 2019, la citadelle accueille des milliers de déplacés internes venus des villages environnants et d’autres provinces. Pour M. Sawadogo, Namsiguia, qui a «fait preuve de résilience, est dans le viseur des terroristes, lesquels la considèrent comme le verrou à sauter pour mieux s’implanter dans la zone et étendre leur emprise aussi bien sur le Bam que sur le Soum». Selon le président d’honneur de l’ADNVE, depuis décembre 2021, les attaques dans cette localité sont quasi quotidiennes avec leur lot de victimes, de vols de bétail et d’enlèvements. «Namsiguia a connu le plus grand nombre d’attaques dans la province dont il relève, car à la date du 5 janvier 2022, il a enregistré sa 30e attaque», a-t-il souligné. M. Sawadogo a aussi relaté le calvaire vécu au quotidien par les habitants de cette bourgade. «Encerclées par les terroristes qui déroulent sans entrave leur stratégie d’étouffement en occupant des points névralgiques comme le barrage de Kourao et  les points d’eau de Basnéré, les populations sont affamées et assoiffées. Elles vivent recluses dans une prison à ciel ouvert. Impossible de se rendre au chef-lieu, Bourzanga, du fait du blocus imposé par les terroristes à Kaifaye, situé à 2 km, où ils contrôlent les autobus et les camions, enlèvent sélectivement des ressortissants de Namsiguia», a dit le tenant du crachoir. Des milliers de têtes de bétail ont été emportées et revendues pour la plupart au marché de Djibo. Des charrettes à traction asinienne, des tricycles et d’autres moyens de locomotion ou de transport ont été retirés lors des incursions des forces du Mal. Les femmes à la recherche du bois de chauffe ou de l’eau potable aux alentours sont fréquemment victimes de traitements dégradants. L’accès aux champs et à la retenue d’eau de Kourao pour le maraîchage est impossible. Et la liste des malheurs des habitants est loin d’être exhaustive.   

 

Excédées par cette intenable situation, les populations interpellent les autorités par des actions. Du lundi 6 au mercredi 8 décembre 2021, les déplacés internes et les populations hôtes de Namsiguia ont, par exemple, bloqué la RN 22, obstruant le passage à destination de Djibo à des dizaines de véhicules. Les manifestants ont exigé vainement d’être entendus, la situation n’a connu son dénouement qu’après la médiation des sages du village et des ressortissants de la localité à Ouaga. Comme par ironie, les attaques ont repris dès la nuit du 9 décembre après la levée du blocus, plongeant de nouveau la population dans le désarroi.

 

Le représentant de l’ADNVE se veut rassurant malgré une situation explosive, reconnaît le travail des FDS, mais souhaite plus d’actions de leur part. «Nous ne disons pas que les FDS ne font pas leur travail, mais nous avons constaté que ces derniers temps l’étau s’est resserré, rendant la vie impossible. Certes, Namsiguia existe, la population reste sur place grâce à l’action des FDS et des VDP, mais ils doivent redoubler d’efforts», a relevé M. Sawadogo.  En vue de rompre l’isolement et de rétablir un trafic normal du transport des marchandises et des passagers, l’animateur de la rencontre déclare qu’il faut installer un poste de contrôle à Namsiguia pour y imposer l’arrêt obligatoire comme c’est le cas en amont et en aval de la localité. Face à ces nombreuses difficultés, un mémorandum signé par les personnes-ressources de la localité a été adressé aux autorités communales, provinciales, régionales et nationales le 12 décembre 2021. Elles y ont soumis 6 doléances, parmi lesquelles la libération du tronçon Namsiguia-Bourzanga (20 km) où les terroristes contrôlent l’identité des passagers ; le renforcement des capacités des FDS et des VDP de Namsiguia en augmentant leur nombre et leur dotation en matériel ; la possibilité d’accès aux points d’eau de Bassnéré et au barrage de Kourao, situé à 4 km, ainsi que la décentralisation de l’aide humanitaire à Namsiguia, qui abrite le plus grand nombre de déplacés internes dans la commune. M. Sawadogo a terminé sa déclaration en réitérant un appel lancé à l’entame de son plaidoyer : « Il faut sauver maintenant et sans tarder les milliers de populations de Namsiguia pour que leur résistance au terrorisme, depuis maintenant 4 longues années, ne soit pas vaine ».

 

 

 

Dieudonné Ouédraogo

 

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