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Mort tragique de 11 bébés au Sénégal : Série noire pour un système sanitaire malade

 

C’est une véritable poisse que vit le système sanitaire sénégalais depuis 2 mois. Dernière illustration en date, l’incendie dramatique de l’hôpital de Tivouane, à l’ouest du pays, qui a vu périr 11 bébés qui étaient hospitalisés dans le service de néonatalogie.

 

 

Plus qu’un choc, c’est un véritable traumatisme qui affecte tout le pays avec des autorités plus que groggys dans leur communication. Comme on les comprend ! Que peuvent-elles dire aux Sénégalais qu’elles n’aient déjà dit ? L’incurie du personnel soignant ayant conduit à des décès évitables ? L’apathie des malades ? La trop grande exigence des populations envers un Etat aux moyens limités ? etc., etc.

 

Quoi qu’il en soit, ce ne sont ni les 3 jours de deuil national, ni les lamentations des mères éplorées, ni l’indignation des populations et de l’opposition sénégalaise suite au drame de Tivouane qui guériront un système de santé malade au point d’inquiéter le plus optimiste des Sénégalais.

 

La première alerte sur cette maladie chronique du système sanitaire sénégalais est venue de Louga, une ville à 200 km au nord-ouest de Dakar, où Astou Sokhna, une jeune femme enceinte de 9 mois, est décédée à l’hôpital régional à cause de « négligences » des sages-femmes, selon sa famille. Ce drame avait ému au-delà des frontières du Sénégal, interrogeant à la fois sur la conscience professionnelle des praticiens africains et sur leurs conditions de travail. On n’avait pas fini d’épiloguer sur cette triste affaire qu’un autre drame survint, encore dans un service de néonatologie d’un autre hôpital sénégalais, le 27 avril 2022. En effet, 4 bébés ont péri, brûlés à l’hôpital de Linguere au nord du pays. Le maire de la ville avait alors parlé d’une défaillance dans le système de climatisation. Voilà que, presque un mois, jour pour jour, après le deuxième drame, un troisième vient enfoncer la porte ouverte des carences du système de santé sénégalais. Des bébés périssent de nouveau dans un incendie d’hôpital attribué à un court-circuit électrique.

 

Pour un hôpital qui a été inauguré récemment, c’est la consternation totale, voire le traumatisme national. A quel hôpital le tour dans cette série noire des décès maternels et infantiles évitables ? Vite, il faut un puissant exorcisme pour conjurer le mauvais sort qui transforme les maternités sénégalaises en chambres mortuaires pour nourrissons. Avec tout ce que le pays compte de grands marabouts, les compétences de métaphysiciens ne devraient pas manquer.

 

Plus sérieusement, au-delà des 3 jours de deuil national, des condoléances des autorités, de l’assistance psychologique aux familles éplorées, il faut rapidement un diagnostic pointu du système sanitaire sénégalais afin qu’une thérapie de choc, à court et moyen terme, lui soit administrée.

 

En attendant, les Sénégalais crient : « Plus jamais ça » ! Le président Macky Sall et son ministre de la Santé, qui a dû écourter un séjour officiel en Suisse, sont sur la brèche. Gare à ce que la braise de ces incendies à répétition n’allume un brasier d’explosion sociale. 2024 et l’élection présidentielle ne sont pas si loin que cela !

 

 

Zéphirin Kpoda

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