Menu

Législatives au Sénégal : Répétition général avant la présidentielle

 

Hier dimanche 31 juillet 2022, sept millions de Sénégalais se sont rendus aux urnes pour les législatives.

 

C’est en soi un petit miracle que ce scrutin puisse se tenir, et à bonne date, avec cet avis de tempête qui régnait depuis de longs mois provoqué par l’invalidation de la liste nationale de l’opposition qui a mis sur la touche certains ténors comme Ousmane Sonko, la bête noire du régime, poursuivi par la justice après son inculpation en mars 2021 pour « viols et menaces de mort. Il faut rappeler qu’elle a été invalidée par le ministère de l’Intérieur et confirmée par le Conseil constitutionnel auprès duquel les plaignants s’étaient pourvus.

 

 

Malgré tout, on y voyait une cabale politico-judiciaire  pour mettre hors-jeu ceux qui troublaient le sommeil de Maky Sall et de sa coalition Benno Bokk Yakaar (« Unis pour le même espoir »). Aux yeux de l’opposition, c’était une forfaiture assez grave, qui avait fait au moins 3 morts. Si bien que certains leaders avaient appelé à la révolte populaire pour empêcher la tenue de l’élection. Finalement, le navire électoral aura tangué, mais il est arrivé à bon port.

 

 

En réalité, si le scrutin est législatif, l’enjeu, lui, était national puisqu’il se tient à moins de deux ans de la prochaine présidentielle et c’est une occasion pour toutes les formations politiques de jauger leurs forces à quelques 19 mois de l’échéance. Le président Sall, fort déjà d’une majorité de 125 députés à l’Assemblée (sur 165), tient à conserver cet avantage, voire à le renforcer et mettre en avant son bilan (croissance à plus de 6 % alors qu’elle était inférieure à 2 % à son arrivée au pouvoir ; inauguration d’importantes infrastructures…), quand l’autre camp peint le même bilan en noir et compte bien renverser la majorité parlementaire et imposer une cohabitation, ce qui sera une première dans les annales politiques du pays de la Teranga.

 

 

En lame de fond de cette bagarre législative se trouve l’intention prêtée au chef de l’Etat sénégalais de s’offrir en fait un 3e mandat, ce qui passe notamment par une maîtrise de l’Assemblée nationale. Mais sauf à être fou, comme Jupiter rend tel celui qu’il veut perdre ; Maky Sall serait-il suffisamment déraisonnable pour s’embarquer dans pareille aventure qui a emporté son prédécesseur Abdoulaye Wade qui, soit dit en passant, est le doyen d’âge des candidats du haut de ses 96 ans ?

 

 

Quoi qu’il en soit, il faut espérer que le verdict des urnes sera respecté par tous et que la démocratie sénégalaise, ce phare dont la lumière est de plus en plus blafarde depuis quelques années, ne tomberait pas dans ces conflits postélectoraux dont l’Afrique est hélas si coutumière.

 

Issa K. Barry

 

 

 

Dernière modification lemardi, 02 août 2022 22:21

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut