Menu

Premier bilan reconquête du territoire national : Réponse sanglante des terroristes à Sandaogo

Les terroristes auraient voulu, ce lundi 5 septembre 2022, faire la nique au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.

 

24 heures seulement après son « premier bilan d’étape » sur les opérations de sécurisation et de reconquête du territoire, un véhicule faisant partie d’un convoi de ravitaillement escorté en partance pour Ouagadougou a sauté sur un engin explosif improvisé entre Djibo et Bourzanga, dans la région du Sahel.

L’effroyable bilan, forcément provisoire, faisait état de 35 morts et 37 blessés, tous des civils. Une véritable hécatombe qui vient comme une réponse sanglante au président du Faso qui se félicitait, rien que la veille, d’une embellie sur le plan sécuritaire. 

Pour son adresse-bilan à la Nation, il avait d’abord choisi son lieu à dessein, Dori, chef-lieu de la région du Sahel, d’où est parti le cancer qui nous ronge depuis 7 ans.

Il a ensuite choisi de convoquer l’histoire en s’adressant à ses compatriotes, 75 ans, jour pour jour, après la reconstitution de la Haute-Volta qui avait été démembrée au profit de la Côte d’Ivoire, du Soudan français, aujourd’hui Mali, et du Niger.

Un clin d’œil au passé sans doute pour dire que si nos devanciers ont pu faire renaître la terre de nos aïeux des brûlures de l’histoire, il n’y a pas de raison que nous ne marchions pas sur leurs pas.

Sauf que ni les données ni les enjeux ne sont plus les mêmes.

Dans son message émis depuis Dori, Sandaogo, on le sait, a fait dans le « tout le monde est coupable mais personne n’est responsable », en affirmant que les 22 millions de Burkinabè ont chacun une responsabilité individuelle et collective dans le délitement de notre pays.

Morceau choisi : « Un peuple qui n’a plus de repères et qui n’arrive, ni à se mobiliser derrière son armée, ni à se révolter contre l’ennemi. Un peuple qui a troqué ses capacités de résilience contre un assistanat continu. Un peuple en quête permanente de bouc émissaire. Un peuple qui est en train de perdre son âme mais qui ne s’en rend même pas compte. Un peuple qui semble avoir décidé de subir. » 

Les FDS bien sûr, la classe politique, la société civile, les magistrats, les journalistes et peut-être même, qui sait, l’Association des dolotières de Koupéla et les personnes déplacées internes, tous coupables aux yeux du chef de l’Etat.

Il y a peut-être du vrai dans tout cela, on l’aura compris.

Mais reconnaissons que c’est facile de battre sa propre coulpe sur la poitrine des Burkinabè.

 Sans faire dans l’« autocongratulation », comme il s’en est défendu, le chef suprême des armées, dans son adresse dominicale, a fait état d’une situation sécuritaire qui s’améliorerait comparativement, dit-il, à ce qu’il en était avant le coup d’Etat du 24 janvier 2022.

« Les premiers signes du réveil commencent à être perceptibles », se convainc-t-il, en raison notamment de la réorganisation de l’armée qui se poursuit, de l’acquisition de nouveau matériel, du renforcement des capacités techniques ; toutes choses qui auraient permis, si on en croit ce qu’il dit, de tailler des croupières aux terroristes désorganisés qui, en désespoir de cause, feraient des actions d’éclat comme la destruction d’infrastructures, les menaces ou les attaques contre les populations, pour maintenir l’illusion qu’ils gagnent du terrain.

Faut-il donc considérer le drame de lundi dernier comme le chant du cygne de l’ennemi, c’est-à-dire comme une simple opération d’éclat ? Une chose est sûre, alors que les coups de l’hydre, parce que spectaculaires, sont toujours visibles, les signes de la montée en puissance de nos FDS le sont moins.

C’est d’ailleurs sans doute pour cela que le locataire de Kosyam n’a pas fait cas de chiffres concrets en termes de villages reconquis, de personnes déplacées internes retournées en toute sécurité dans leurs villages, d’écoles, de CSPS, de palais de justice, de commissariats, de mairies rouverts et de routes libérées.

C’est tout cela qui nourrit le scepticisme des uns et des autres.

Ce premier bilan d’étape tombe au moment où non seulement des parties du territoire ne sont pas encore reconquises, mais pire, des pans entiers de nos 274 000 km2 continuent d’être mis sous coupe réglée par la vermine.

En effet, au moment où 35 personnes périrent, soufflées par une mine, le même jour, à Solenzo, dans la province des Banwa, des groupes armés ont saccagé et incendié la préfecture et la résidence du préfet, vandalisé les locaux de la direction provinciale de l'Education préscolaire, primaire et non formelle des Banwa, pillé du matériel et brûlé deux motos.

Selon certaines sources, une personne, présentée comme le chef des terroristes, aurait paradé dans la ville avant d’occuper le haut-commissariat. 

Hier mardi, ce fut le tour du commissariat et de la gendarmerie de Ouarkoye, puis du commissariat de Bondokuy, de subir les assauts incendiaires d’hommes armés. Allongeant ainsi la liste des localités martyres qui se vident de leurs habitants.

Voilà le problème, monsieur le président. On veut bien partager l’optimisme que vous avez distillé dimanche passé, mais  force est de reconnaître que chaque coup asséné par l’ennemi vient nous plonger dans la sinistrose.

Espérons seulement que d’ici votre prochain bilan, puisque vous nous avez donné rendez-vous début 2023, vous n’aurez même plus besoin d’un plaidoyer pro domo sur le tube cathodique, parce que vos actions parleront d’elles-mêmes.  

 

D. Evariste Ouédraogo

Dernière modification lemercredi, 07 septembre 2022 20:49

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut