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Regard sur l'actualité

Regard sur l'actualité (651)

Qualification du Maroc en quarts de finale: L’Afrique subsaharienne payée en monnaie de singe ?

24 heures après, l’émotion n’était toujours pas retombée. Mardi 6 décembre 2022, au stade Education city de Doha, les Marocains ont défait les Espagnols à l’issue d’un match épique, pour ne pas dire dantesque, qui s’est terminé par le score de 0-0 à l’issue du temps réglementaire et des prolongations de 30 minutes et dont le dénouement n’est finalement intervenu qu’après les tirs au but.

Une grande prouesse pour l’entraîneur Walid Regragui et ses protégés qui font du Maroc le quatrième pays africain à accéder aux quarts de finale  d’un mondial après le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010).

Les Lions de l’Atlas demeurent les seuls espoirs du continent africain pour le sacre final et c’est peu de dire que mardi soir tout le continent, du Cap au Caire en passant par Praia et Tananarive, a vibré au rythme du capitaine Romain Saïss et de ses coéquipiers Hakim Ziyech, Achraf Akimi, Yassine Bounou, Sofyan Amrabat, etc., qui ont été admirables de courage, écœurant littéralement les Espagnols qui, malgré leur possession de balle de 75% et leurs mille passes réussies ne sont pas parvenus à trouver le défaut de la cuirasse marocaine. Chapeau bas donc aux Lions de l’Atlas, même si le meilleur est peut être à venir !

Hélas, la fausse note dans cette affaire aura été les déclarations d’après-match de Sofiane Boufal. «Merci à tous les Marocains à travers le monde pour leur soutien, à tous les peuples arabes et à tous les peuples musulmans. Cette victoire leur appartient », a en effet déclaré l’attaquant au micro de BeIN Sport. Une sortie qui a été ressentie par nombre d’Africains au sud du Sahara comme une forme d’injustice, comme s’ils avaient été payés en monnaie de singe. Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de faire remarquer que ce n’est pas la première fois que de simples citoyens ou des personnalités des pays maghrébins, que ce soit de la politique, de la culture ou du sport comme c’est le cas ici, parlent de l’Afrique pour désigner l’Afrique subsaharienne, comme si eux ne faisaient pas partie du Berceau de l’humanité. Des propos révélateurs, de l’avis de certains d’une sorte de mépris, voire d’un racisme inconscient.

Boufal a vite fait de faire amende honorable en s’excusant d’avoir «oublié de citer tout le continent africain et en lui dédiant aussi la victoire», mais le mal était déjà fait.

Qu’à cela ne tienne, on sera tous derrière les garçons de Regragui pour les pousser le plus loin possible et on espère que samedi, face au Portugal de Cristiano Ronaldo, ils parviendront à briser le plafond de verre qui a empêché jusque-là un pays africain d’accéder au carré d’as du mondial.

Pour revenir aux propos de Boufal, on ne va pas lui en tenir rigueur outre mesure. C’est sans doute dans le feu de l’action, pour ne pas dire de la qualification, qu’il les a tenus. Il ne faut peut-être pas donc accorder plus d’importance à ses propos qu’ils n’en ont en réalité.

 

Hugues Richard Sama

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Mali : Bicéphalisme à la primature, inquiétudes sur la gestion de la Transition

 

Le retour officiel à la vie publique, après un repos médical de presque 4 mois pour cause d’accident vasculaire cérébral du Premier ministre Choguel Maïga est une bonne nouvelle. Il a retrouvé apparemment ses capacités physiques et intellectuelles. Par contre, son adresse à la nation vendredi dernier après une audience avec le président Goïta, sa visite au Premier ministère alors que son intérimaire est toujours en poste ont pris les allures d’un bicéphalisme à la primature. Une mauvaise nouvelle dont le Mali n’a pas besoin.

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Lutte contre le terrorisme au Sahel : Les funérailles de Barkhane célébrées à Toulon

 

Requiem donc Barkhane. Emmanuel Macron a en effet annoncé officiellement hier, mercredi 9 novembre 2022, la fin de la plus célèbre des OPEX (Opérations extérieures) françaises.

C’est depuis la rade de Toulon, précisément sur le porte-hélicoptères Dixmude, que Jupiter a procédé à l’enterrement de première classe de Barkhane. On pourrait même opposer à celui qui avait dit au sujet de l’OTAN qu’elle était en état de mort cérébrale que Barkhane était en réalité mort depuis un certain temps, depuis notamment que les 5 000 éléments de cette force ont été obligés de quitter le Mali.

Pour mémoire, Barkhane, du nom de ces dunes qui se meuvent sous l’effet du vent dans le désert, avait succédé à l’opération Serval, officiellement déployée le 11 janvier 2013 au Mali. Officiellement seulement car les soldats tricolores étaient déjà présents sur place lorsque François Hollande, à la demande de Bamako, avait fait pleuvoir le feu sur les colonnes de terroristes qui, à partir du Nord Mali où ils s’étaient déjà sanctuarisés, marchaient littéralement sur la capitale malienne.

Et n’eut été effectivement l’intervention hexagonale, le visage du Mali en eût peut-être été changé.

On comprend alors pourquoi le 2 février 2013, le locataire de l’Elysée, tel un général de la Rome antique, avait été accueilli triomphalement par des Maliens reconnaissants.

Depuis, les relations franco-maliennes se sont détériorées au point de devenir exécrables avec l’arrivée au pouvoir du colonel Assimi Goïta qui s’est ostensiblement détourné des ailes protectrices du Coq gaulois pour se jeter à corps perdu entre les grosses pattes de l’Ours russe, particulièrement de la société de mercenaires Wagner. Une idylle qui a précipité le départ du partenaire français dont le bilan est d’ailleurs jugé on ne peut plus mitigé. Nombreux sont en effet ceux qui reprochent à Paris de n’avoir pas pu en 10 ans de présence continue et avec son impressionnante armada venir à bout de la pieuvre terroriste dont les tentacules ont d’ailleurs fini par enserrer d’autres pays de la sous-région à l’image du Niger et surtout du Burkina.

Pire, une certaine opinion accuse même Paris de jouer un double jeu et de soutenir en sous-main les terroristes pour d’obscures raisons. Autant de ressentiments qui, de Bamako à Ouaga en passant par Niamey, alimentent le sentiment anti-français.

C’est tout cela qui a amené l’Elysée à rectifier le tir, car si Barkhane est désormais officiellement enterré, ses éléments ne disparaissent pas pour autant du paysage sahélien puisque 3000 soldats tricolores sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina avec le Niger comme le cœur du nouveau dispositif de réarticulation qui intègre l’extension du péril dans les pays côtiers.

Barkhane part tout en restant bien là, et la nouvelle stratégie française devrait être connue d’ici un semestre.

On sait cependant d’ores et déjà selon même les aveux du «général» Macron que le nouveau plan de bataille prévoit des interventions plus limitées dans le temps dont les délais sont connus dès le départ et un déploiement à la carte selon les besoins que chaque pays aura exprimés.

Cela suffira-t-il à reluire l’image de plus en plus ternie de la France dans nos pays ? Rien n’est moins sûr.

Une chose par contre est certaine, que ce soit Barkhane, Wagner et que savons-nous encore, nos pays, englués dans le bourbier depuis des lustres, ne s’en sortiront que par eux-mêmes et certainement pas en sous-traitant leur sécurité avec une puissance quelle qu’elle soit.

 

Hugues Richard Sama

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