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Transition tchadienne: Tractations au son de la canonnière

La trêve n’aura duré qu’une petite dizaine de jours. Une semaine après le décès d’Idriss Déby Itno, officiellement tué au combat le 20 avril 2021 par les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), les combats ont repris hier à l’ouest du pays dans la province du Kanem, où le drame présidentiel s’était noué. Après avoir décapité le régime, les insurgés venus de la Libye voisine avaient pourtant tendu la main aux nouvelles autorités. Offre de dialogue aussitôt rejetée par le Conseil militaire de transition (CMT) manifestement sûr du rapport de force en sa faveur. Il est vrai que le général de corps d’armée Mahamat Idriss Déby qui a hérité du trône de papa sait compter sur le précieux soutien de la France, notamment en terme de renseignement, pour venir à bout des croquants.

Au nom de la stabilité et de la sécurité dans la sous-région où le Tchad reste un maillon important de la chaîne anti terroriste, Paris a en effet apporté son soutien au CMT. Mais pas à n’importe quel prix, a tenu à rappeler ce mardi le locataire de l’Elysée. Pas au prix de la répression violente de manifestants aux mains nues. Pas non plus au prix de la caution d’un « plan de succession » dixit Macron, même s’il s’est bien gardé d’ajouter le qualificatif « dynastique ». Petit Déby doit donc savoir que le soutien du Coq gaulois condamné, il est vrai, à veiller au grain dans sa basse-cour tchadienne, n’est pas définitivement acquis et qu’il lui faudra donc donner des gages d’ouverture et de bonne gouvernance pour une transition apaisée et consensuelle.

Alors pendant que le concert de la canonnière reprend de plus belle aux confins du pays, les tractations pour la formation des instances de la transition se sont quant à elles, poursuivies hier avec le chassé-croisé de dirigeants de partis politiques reçus aussi bien par le président du CMT que par le Premier ministre qu’il s’est choisi, Albert Pahimi Padacké. L’administrateur civil a tout au plus trois semaines pour former le gouvernement « de réconciliation nationale représentatif du Tchad pluriel » promis par petit Déby lors de sa première adresse à la nation.

Romadoumngar Félix Nialbé, chef de file de l’opposition dans l’Assemblée dissoute a d’ailleurs remis au nouveau chef de l’exécutif un document dans lequel les signataires demandent que les premiers dirigeants de la transition ne soient pas candidats à la prochaine présidentielle. Il reste à en convaincre le légataire universel du Maréchal, lui qui a sans doute commencé, n’en déplaise à Jupiter, à concocter son « plan de succession ».

Alors la France pourra-t-elle à terme empêcher cette dévolution monarchique du pouvoir ? Là est la grande question qui mérite d’être posée au peuple tchadien ; c’est d’abord à lui de se lever pour dire « non » car ce ne sont certainement pas les Français qui, comme on le sait, n’ont pas d’amis mais des intérêts, qui viendront faire leur bonheur à leur place.

 

H. Marie Ouédraogo

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L’OMS et la gestion de la covid 19 : Quand Nkurunziza apporte de l’eau au moulin de Trump

 

Ils avaient 72 heures, à compter du 12 mai dernier, pour quitter le Burundi : le docteur Walter Kazadi Mulumbo et trois autres experts de l’OMS dont celui chargé de la riposte à la covid 19 au Burundi. Ils sont accusés par le gouvernement de Pierre Nkurunziza « d’ingérence inacceptable dans sa gestion du coronavirus ».

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