Lutte contre le terrorisme : Toéni, cas d’école pour travaux pratiques
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S’ils voulaient un cas d’école pour des travaux pratiques, ça aurait pu être celui-là, entre mille et une possibilités. Hier matin s’est tenue en effet au ministère des Affaires étrangères une rencontre entre les départements de la Défense et de la Sécurité et les partenaires techniques et financiers (PTF) sur la lancinante question de la lutte contre le terrorisme. Et pendant que les bailleurs de fonds d’un côté, le politique et la crème de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) de l’autre discutaient de la meilleure réponse à apporter à ce fléau, à quelque trois cents kilomètres de là, l’ennemi invisible s’apprêtait de nouveau à frapper.
A Toéni, à environ quarante-cinq kilomètres de Tougan dans le Sourou, un convoi de gendarmerie qui partait faire le constat d’une école incendiée est tombée dans une embuscade. Et un autre convoi, militaire celui-là, qui partait à la rescousse des pandores, a été victime à son tour du même impitoyable traquenard. Bilan : six morts ? dix, voire plus ? On n’en savait toujours pas grand-chose en début de soirée le jeudi 27 décembre 2018, mais si l’on en croyait certaines sources, il devait être particulièrement lourd. Si ce chiffre devait être confirmé , cette attaque serait sans doute l’une des plus meurtrières contre nos FDS , invariablement victimes du même scénario macabre depuis un certain temps.
Quand les soldats, les gendarmes ou les policiers ne sautent pas sur les horribles engins explosifs improvisés, ces sales mines du pauvre qui essaiment maintenant un peu partout sur le territoire, ce sont deux équipes qui tombent l’une à la suite de l’autre dans des guet-apens quand la seconde fonce pour secourir la première. Comme si les terroristes, après leur premier forfait, savaient pertinemment qu’on se mettrait à leurs trousses et quel chemin leurs poursuivants emprunteraient.
Allez savoir d’ailleurs si ce ne sont pas les mêmes, anticipant la réaction de nos FDS, qui ont mis le feu à l’école pour attirer leurs proies dans le guêpier ! On se rappelle du reste qu’il y a un an déjà, la brigade de gendarmerie de la même localité de Toéni avait été attaquée par ces fameux « individus armés non identifiés » pour reprendre l’expression désormais consacrée qui sonne chaque fois, hélas, comme un aveu d’impuissance face à l’hydre tentaculaire qui nous étouffe voilà maintenant trois maudites années et est d’autant plus dangereuse aujourd’hui que, partie du Sahel, elle s’est démultipliée sur d’autres fronts, à l’est, à l’ouest, au centre bien sûr, dans la boucle du Mouhoun et, qui sait , bientôt au sud même si on s’en voudrait de jouer aux Cassandre ?
Et on a beau se dire que cette guerre qui nous est imposée par des obscurantistes sans visage est d’autant plus difficile à mener qu’elle est asymétrique , on finit néanmoins par se demander si nous avons un véritable plan de riposte coordonné à cette peste avec les hommes qu’il faut et les moyens qu’il faut.
Car, si tel n’est pas le cas, quels que soient les soutiens dont nous pourrions bénéficier de la part des généreux PTF, notamment de la France avec laquelle le Burkina a actualisé il n’y a pas longtemps le cadre juridique de sa coopération militaire, on a bien peur qu’ils ne produisent pas les effets escomptés.
OUSSENI ILBOUDO
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