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Résultats provisoires: RDC Le cas malgache fera-t-il école ?

A Madagascar, la messe a été dite et bien dite. La Haute Cour constitutionnelle a confirmé mardi la victoire d’Andry Rajoelina sur son adversaire Marc Ravalomanana, qui en bon démocrate s’est incliné, reconnaissant la victoire de son adversaire et le félicitant. Hier du côté de Kinshasa, on était encore très loin du happy end d’Antananarivo et les Congolais attendaient toujours jusque tard dans la nuit les premiers résultats de leur présidentielle. Alors, à supposer qu’ils aient pu fermer l’œil, vont-ils se réveiller avec un nouveau président ? C’est en effet l’une des nuits les plus longues qu’ils viennent de passer. Initialement prévus le dimanche 6 janvier dernier, c’est finalement au milieu de la nuit d’hier à aujourd’hui que les résultats provisoires de la présidentielle devaient être proclamés. « Devaient » seulement parce que cette élection, c’est d’abord l’histoire de moult rendez-vous manqués. Tant et si bien qu’un nouveau faux bond n’aurait surpris personne, même si déjà dans l’après-midi de ce mercredi 9 janvier de nombreux indices laissaient entrevoir l’imminence de la cérémonie. La veille, l’institution avait entamé son ultime conclave. Des journalistes invités, pour ne pas dire convoqués, au siège de la CENI sous haute protection sécuritaire ; le car de retransmission en direct de la RTNC déployé…

Sauf prolongation ou  contretemps de dernière minute, le président Corneille Nangaa devrait mettre fin à la longue et angoissante attente de ses compatriotes.  Et en attendant que, d’un moment à l’autre, la fumée blanche s’échappe des locaux de la CENI, les trois principaux candidats revendiquaient chacun la victoire par K.-O. Alors qui d’Emmanuel  Ramazani Shadari (58 ans), dauphin désigné de Joseph Kabila, de Martin Fayulu (62 ans), porte-drapeau de la coalition Lamuka, ou de Félix Tshisekedi (55 ans), fils d’Etienne, aura la faveur des urnes, pour ne pas dire la préférence de la CENI ?

Difficile d’imaginer qu’à des lieues de la Grande Ile et de ses élections réussies, dans ce Congo des Kabila père et fils, cette affaire puisse échapper au camp présidentiel, qui ne peut pas avoir fait tout ce qu’il a fait pour ensuite perdre. Même si ces derniers jours certains propos émanant notamment de la Conférence épiscopale et de certaines chancelleries occidentales laissaient entendre que le jackpot aurait pu être remporté par l’un des prétendants de l’opposition ; si tel était le cas ce serait, à n’en pas douter, un séisme d’une grande magnitude sur l’échelle politique de la RDC.

Mais la grande question est surtout de savoir comment les perdants et leurs troupes respectives vont réagir, les opposants ne pouvant que se sentir floués d’une victoire qu’ils pensaient enfin dénicher dans la mémoire de la machine à voter.

Quoi qu’il en soit, ce scrutin a été entaché de tant de bizarreries que la légitimité du vainqueur ne pourra qu’être sujette à caution. Fraudes et irrégularités de toutes sortes, vote forcé, problèmes d’acheminement du matériel ; des régions entières exclues du processus et, pour couronner le tout, une publication de résultats faite avant que ne soient acheminées les données des quelque 170 centres de compilation disséminés à travers l’immense territoire congolais.

Au vu de tout cela, peut-on raisonnablement demander à des candidats et à leurs électeurs de respecter le verdict des urnes quand ce dernier a été proclamé à l’issue d’un grand bazar électoral tel que celui-là ? Et au vu de tout cela, comment la RDC pourrait-elle échapper à des lendemains électoraux qui s’annoncent tumultueux ?

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification levendredi, 11 janvier 2019 00:01

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