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RDC : Félix Tshisekedi au pied d’un grand mur

Etait-ce l’émotion, le tract ou un problème de santé ? Félix Tshisekedi a eu un malaise hier pendant qu’il lisait le discours inaugural de son mandat de président de la République. Malaise vite passé et banalisé par l’intéressé en « moment de faiblesse passagère ».

 

Pourvu qu’il ait raison, le nouveau locataire du Palais de la nation de Kinshasa ! Car de l’énergie, il en aura beaucoup besoin pour porter sa charge de premier magistrat d’un pays confronté à des problèmes cruciaux de développement : épidémie récurrente d’Ebola, fréquentes incursions rebelles à l’est du pays, affrontements communautaires périodiques, chômage endémique des jeunes, corruption systémique et on en oublie, les défis qui attendent d’être relevés par le nouveau président.

Comme dit l’adage, « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon », et Félix Tshisekedi est attendu dans ses premières décisions par la population congolaise et la communauté internationale qui veulent se convaincre qu’il mettra le cap sur le changement, comme le suggère le nom de la coalition qui l’a porté au pouvoir.

En effet, une chose est de revendiquer «une alternance historique », une autre de s’en montrer un digne bâtisseur. Et parlant de dignité, c’est à se demander si le regretté Etienne Tshisekedi, l’intrépide opposant à Mobutu, aux Kabila père et fils, aurait été fier de son rejeton Félix et aurait apprécié la manière dont cette alternance est advenue en RDC.

De fait, tout indique qu’il y a quelque chose de pourri dans cette élection présidentielle : Félix Tshisekedi s’est compromis dans une  alliance malsaine avec Joseph Kabila qui a eu plus d’un tour dans son sac de politicien machiavélique pour en faire un président d’opérette dans un scénario à la Poutine. Condamné ainsi à une cohabitation à la russe, Félix Tshisekedi aura toutes les peines du monde à impulser une dynamique de changement dans une RDC qui en a pourtant bien besoin.

Car, si au nom de la realpolitik, l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis, la France, etc., ont mis sous le boisseau leurs récriminations contre les irrégularités qui ont entaché cette élection présidentielle, ce n’est pas pour voir le nouveau président inaugurer des chrysanthèmes et la RDC poursuivre sa descente dans les abîmes de la mal gouvernance.

La recherche de la stabilité, de la paix, de la cohésion sociale et de la bonne gouvernance dans ce géant aux pieds d’argile a pesé lourdement dans ce rétropédalage de la communauté internationale qui a reconnu la victoire du porte-flambeau de la coalition CACH du bout des lèvres.

Désormais ceint du diadème de président de la République, Félix Tshisekedi pourra-t-il entrer véritablement dans la peau d’un rassembleur des populations congolaises, comme il l’a fait transparaître de son discours d’investiture ? On attend de voir, non sans faire remarquer qu’il lui faudra une dextérité d’orfèvre pour ne pas être qu’un pantin aux mains du système Kabila mais un véritable homme d’Etat qui fera de cette cohabitation le creuset d’une collaboration des principales forces politiques du pays pour construire un Congo fort, tourné vers le progrès et le développement. En tout cas, c’est tout le mal qu’on lui souhaite pour qu’à l’heure des bilans il n’y ait pas de regret concernant cette première alternance pacifique à la tête de la RDC.

 

Zéphirin Kpoda 

Dernière modification ledimanche, 27 janvier 2019 16:32

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