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3e mandat d’ADO : Et on tremble encore pour la Côte d’Ivoire

 

Le gnanga (1) a donc commencé. On devrait même dire recommencé dans cette Côte d’Ivoire abonnée depuis une trentaine d’années aux conflits postélectoraux houleux, la plupart du temps pour les mêmes raisons : la mise à l’écart de certains candidats par des artifices politico-judiciaires, comme ce fut encore le cas cette année.

 

 

Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, surtout en politique, l’organisation non inclusive et non consensuelle de la présidentielle d’octobre passé a ainsi de nouveau ouvert la voie à une crise dont on se demande bien vers où elle va mener au regard des derniers développements.

 

Suite à la victoire sans surprise d’Alassane Dramane Ouattara, réélu pour un troisième mandat  avec un score à la Ben Ali, 94,27% des voix, l’opposition, qui avait déjà lancé un mot d’ordre de désobéissance civile et de boycott actif, est passée, pour ainsi dire, à la vitesse supérieure :  après avoir déclaré ne pas reconnaître l’élection du président sortant, Henri Konan Bédié, Pascal Affi N’Guessan et leurs camarades de l’opposition ont annoncé dès lundi la mise en place d’un Conseil national de transition (CNT) présidé par Henri Konan Bédié.

 

Il ne reste plus guère à celui qui rêve de revanche depuis qu’il a été débarqué en 99  qu’à nommer un Premier ministre, former un gouvernement et constituer un Parlement de transition.

 

En réalité, il y a peu de chance que ce CNT puisse être véritablement mis en route :

 

dès la soirée de lundi dernier, en effet, des détonations ont été entendues aux alentours des domiciles de certains leaders de l’opposition.  Et hier mardi dans la soirée, le président sortant et ses partisans, qui montraient de plus en plus des signes d’agacement, voire de colère, à peine contenus ces derniers temps, ont fait encercler  les résidences du Sphinx de Daoukro, de Pascal Affi N’Guessan, d’Assoa Adou et d'Albert Toikeusse Mabri.

 

A l’évidence, le président sortant, qui n’entend pas sortir, veut tuer dans l’œuf ce qui ressemble à une rébellion non encore armée certes, mais une rébellion quand même.

 

Pouvait-il véritablement faire preuve de faiblesse dans pareille situation au risque de voir la chienlit s’installer ?

 

Mais en choisissant la manière forte, il n’est pas non plus à l’abri d’une situation qu’il ne pourra plus contrôler. 

 

 La réponse musclée du pouvoir pouvant en effet avoir pour conséquence de braquer ses adversaires et de déboucher sur un conflit ouvert dans ce pays où sous la cendre de la déflagration de 2010-2011 couve toujours le feu.

 

Et si c’était finalement ce que Bédié et compagnie recherchaient, c’est-à-dire pousser le régime à la faute, sachant pertinemment que, face à la création du CNT, le locataire du palais de Cocody ne resterait pas les bras croisés ?

 

On tremble de nouveau pour la Côte d’Ivoire où s’annoncent des lendemains incertains.

 

Tout cela parce que celui qui a été jadis victime d’ostracisme s’est mis à son tour à exclure et à briguer un troisième et problématique mandat auquel il aurait dû avoir la sagesse de renoncer.

 

Alain Saint Robespierre   

 

 

 

(1) Echauffourée en nouchi, argot ivoirien

 

Dernière modification lemercredi, 04 novembre 2020 21:41

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