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Investiture Alassane Ouattara : L’appel à la réconciliation sera-t-il entendu ?

 

Grand collier de l’Ordre autour du cou, main gauche sur la constitution, Alassane Ouattara a prêté serment hier lundi 14 décembre au palais présidentiel à Abidjan.

 

C’était devant un parterre de près de 300 invités dont une dizaine de chefs d’Etat africains, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et l’ancien président Nicolas Sarkozy. C’est donc parti pour un troisième mandat de cinq ans, ou du moins pour un premier mandat de la Troisième République, pour le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) à la présidentielle du 31 octobre 2020.

 

Comme l’impose le cérémonial républicain, le président nouvellement investi a prononcé son tout premier discours. Une allocution au cours de laquelle il a déroulé les grandes lignes de son ambition pour la Côte d’Ivoire les cinq années à venir.

 

Et s’il y a une annonce qui a retenu l’attention au regard du contexte dans lequel intervenait cette investiture, c’est bien la création dans les jours à venir d’un ministère en charge de la Réconciliation nationale.

 

Dans notre éditorial d’hier, nous écrivions déjà qu’ADO, « une fois réinvesti premier magistrat, doit retrousser ses manches sur le chantier de la réconciliation nationale afin que l’on retrouve un pays pacifique, uni dans la diversité…»

 

Pouvait-il au fond en être autrement quand on sait que le pays d’Houphouët-Boigny est sorti de la dernière élection plus que jamais divisé ? Les violences qui ont émaillé ce scrutin ont fauché 87 vies humaines, fait une centaine de blessés et entraîné l’arrestation de plusieurs opposants.

 

Certes, nous sommes loin de la grave crise postélectorale de 2010-2011 avec ses 3000 décès, mais la crispation politique dans laquelle Alassane Ouattara entame son mandat nécessite bien qu’une attention particulière soit accordée à la question de la réconciliation entre les Ivoiriens. Il semble l’avoir compris, lui qui a exhorté le Premier ministre, Hamed Bakayoko, à reprendre les discussions avec les partis politiques dans la perspective de l’organisation des législatives de 2021 et invité l’ensemble des partis politiques à saisir cette opportunité.

 

Reste à savoir si cette illustre main tendue sera acceptée par les ténors de l’opposition, qui ont brillé par leur absence à la cérémonie, surtout que ces derniers réclament la libération des prisonniers alors que, pour le président, les violences qui ont eu lieu pendant le scrutin constituent des «actes graves qui ne doivent pas rester impunis».

 

On sait également qu’Henry Konan Bedié, le président du PDCI, propose un dialogue sous l’égide de l’ONU et exige, entre autres, le retour des exilés et l’élaboration d’une nouvelle constitution. Le RHDP ne l’entend bien évidemment pas de cette oreille.

 

Mais tout porte à croire que, dans le principe, l’appel d’ADO sera entendu vu que, la semaine dernière, le Sphinx de Daoukro a lui aussi tendu la main au pouvoir en mettant fin à l’éphémère Conseil national de transition, qui était déjà une coquille vide.

 

Si de part et d’autre pouvoir et opposition embouchent la même trompette de la réconciliation, reste à savoir quel en seront le contenu et mêmes les préalables.

 

Les divergences sur la forme ne doivent pas constituer un obstacle à ce dialogue tant qu’il y a la volonté et si chacun s’y met afin de conjurer à jamais les vieux démons des crises politiques qui, depuis une dizaine d’années, voire plus, troublent les eaux jadis paisibles de la lagune Ebrié.

 

C’est dans la capacité des acteurs du landerneau politique ivoirien à surmonter les obstacles à la concorde nationale et à s’élever au-dessus des intérêts personnels et égoïstes que l’on mesurera l’attachement de chacun à la mère patrie.

 

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 15 décembre 2020 21:28

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