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Centrafrique: De l’urgence de traiter le cas Bozizé

Ce mercredi 13 janvier 2021, les habitants ont été réveillés au son de la canonnière. Dès 6h, la coalition des groupes rebelles formée il y a environ un mois a attaqué la capitale centrafricaine à ses entrées nord et ouest. Une évolution considérable de la situation, puisque c’est la première fois que des combats ont lieu dans les faubourgs de Bangui à grand renfort d’armes lourdes. Bilan naturellement invérifiable donné par le Premier ministre, Firmin Ngrebada : 30 assaillants tués et 5 éléments capturés. Mais le décompte reste muet pour ce qui est des pertes du côté des forces armées centrafricaines et de leurs alliés.

Après une accalmie, les affrontements ont repris en début d’après-midi. Pour le moment, Bangui plie mais ne rompt pas, les assauts ayant été repoussés par l’armée soutenue par la Minusca et leurs alliés russes. Mais jusqu’à quand vont-ils tenir ? D’autant plus que le conflit est en train de prendre une dimension asymétrique avec des rebelles qui infiltrent la ville par petits groupes avant de se regrouper pour mieux agir…

Faustin Archange Touadéra, réélu dans des circonstances on ne peut plus troubles le 27 décembre 2020, n’aura même pas eu le temps de prêter serment que le voici contraint de défendre la petite portion du territoire centrafricain encore sous sa juridiction, l’essentiel du territoire étant depuis belle lurette sous la coupe des groupes rebelles qui y règnent en véritables seigneurs de guerre.

Mais la vraie question que l’on doit se poser, c’est : jusqu’à quand la Centrafrique et ses alliés français, russes, rwandais et onusiens vont-ils laisser François Bozizé semer le chaos dans ce pays martyre ? Car le vrai problème de la Centrafrique aujourd’hui, c’est l’ex-président, leader de la « Convergence nationale Kwa na kwa » dont le soutien à la coalition rebelle ne fait plus aucun doute. Il a suffi, en effet, que sa candidature à la présidentielle soit invalidée le 3 décembre 2020 par la juridiction compétente pour que des hordes de bandits qui semblaient assoupies dans une situation de ni guerre ni paix se réveillent brusquement pour le plus grand malheur des Centrafricains.

C’est à se demander si l’Archange Touadéra n’a pas fait preuve de faiblesse dans le traitement du cas Bozizé en le laissant d’abord revenir au bercail sans jamais activer la machine judiciaire, puisqu’il était sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis sa fuite en 2013. Au lieu de quoi, on a laissé le renégat semer de nouveau la mauvaise graine de la discorde et de l’instabilité. Le septuagénaire, nourri par une volonté malsaine de revanche, est, depuis sa première tentative de putsch en 1982, l’une des principales causes des tourments des Centrafricains, multipliant coups d’Etat et actes de sédition entre deux exils, tantôt au Togo, au Tchad ou au Cameroun. Et tant que son cas ne sera pas traité à la hauteur du danger qu’il représente, le pays ne connaîtra jamais la paix.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 14 janvier 2021 21:31

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